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Georges Leekens : « Cette CAN était un retour dans les années 1960 »

Propos recueillis par Martin Grimberghs
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Samedi soir, la Tunisie était éliminée par la Guinée-Équatoriale en quart de finale de la CAN. Une défaite dans des circonstances un peu glauques qui devrait rester comme le gros point noir de la compétition. À écouter Georges Leekens, le sélectionneur national tunisien, ce ne serait pourtant pas le seul.

Trois jours après l’élimination de la Tunisie, quelles impressions gardez-vous de cette CAN, votre première ?

Trop de choses se sont passées. D’ailleurs, le ministre des Sports tunisien ne va pas tarder à réagir. Parce qu’il doit y avoir justice et qu’à partir du moment où il y a des règles, c’est important de les respecter. À titre personnel, je dois bien reconnaître que c’était une expérience inoubliable. À tous les sens du terme. Compte tenu de tout ce qu’il s’est passé, je préfère me dire que la Guinée-Équatoriale n’a eu que deux mois pour organiser la compétition suite à la défection de dernière minute du Maroc. Ça peut les excuser pour certaines choses, mais cela ne peut quand même pas expliquer l’absence d’eau, d’électricité et d’internet à Ebebiyín où nous avons résidé pendant 10 jours. Cette CAN, c’était un retour dans les années 1960. Il faut quand même se rendre compte que pour aller aux toilettes et prendre nos douches, il fallait se rendre au centre sportif. Et ce n’est pas tout, nous mangions à la lumière des bougies et de nos I-Phone. Franchement, au vu de tout ça et de notre élimination honteuse, je pense que je peux être fier de notre parcours.

Honnêtement, vous préférez vous faire éliminer par un arbitrage partisan ou vous faire sortir comme le Mali au tirage au sort ?

C’est horrible à dire, mais je pense que je préfère encore me faire sortir au tirage au sort. C’est vrai que c’est sans doute la manière la plus dure de sortir d’une compétition, mais au moins tu as une chance sur deux d’y rester dans ce cas-là. Nous, on n’avait aucune chance contre la Guinée-Équatoriale. On peut le jouer dix fois ce match, on le perdra dix fois. Honnêtement, on a tout fait pour garder un pressing haut, mais tous les coups de sifflet nous étaient défavorables. Du coup, on a été obligés de reculer, et il a fini par arriver ce qui est arrivé.

Comment s’est passé le retour au pays dans ces circonstances particulières ?

Ici, en Tunisie, on a été reçus comme des grands héros revenus de la guerre. Je n’avais jamais connu ça. Nous sommes arrivés le dimanche soir sous la pluie sur les coups de 23 heures, et l’aéroport était plein à craquer. Les gens chantaient et pleuraient en même temps, c’était très particulier. Si je dois être honnête, je dois vous dire que cela m’a fait chaud au cœur.

Après tout ça, vous n’avez pas le sentiment que la Tunisie est devenue le nouveau martyr du football mondial ?

C’est vrai, il y a un peu de cela. Et c’est logique en même temps si l’on regarde l’ensemble de la compétition. Déjà contre le Cap-Vert, il y a un penalty étrange sifflé contre nous. Personnellement, j’ai reçu énormément de messages de soutien et de félicitations par rapport à la manière dont nous avons réagi après notre élimination scandaleuse contre la Guinée-Équatoriale. Ceux-ci sont venus de tout le Maghreb, mais aussi d’Arabie, d’Angleterre, de Belgique, de France, de partout franchement. Malgré ça, j’aurais préféré recevoir des messages de félicitations. Toujours est-il que le président de la Fédération tunisienne de football (Wadii Jari, ndlr) m’a d’ores et déjà averti qu’il se retirerait de la CAF (Confédération africaine de football). Et moi, personnellement, je ne me rendrai pas à la prochaine réunion organisée par la CAF. J’enverrai mon DTN.

Qu’avez-vous dit à vos joueurs dans le vestiaire ?

Qu’est-ce que vous voulez que je leur dise ? Si vous connaissez un peu le foot, vous savez qu’il n’y a rien à dire dans ces cas-là. Mes joueurs étaient fâchés, beaucoup ont même pleuré. Ils étaient touchés au cœur de leur amour propre, parce que c’est leur fierté qui a été atteinte samedi soir. À partir de là, je pense que vous comprenez très vite que vous n’avez rien à leur dire. Malgré leur immense déception, j’ai été surpris par leur professionnalisme. Vous allez trouver ça normal, mais ils n’ont jamais voulu taper sur l’adversaire. Ce sont des hommes qui savent contrôler leurs nerfs et c’est de bon augure pour les objectifs qui nous attendent, à commencer par la qualification pour la Coupe du monde 2018. Au niveau de la discipline, c’est un des meilleurs groupes que j’aie jamais connus dans ma carrière. À titre personnel, je me suis rendu à la conférence de presse par pure obligation. Moi-même, j’étais ému, j’avais le sentiment de m’être fait voler et je n’avais pas franchement envie de m’exprimer devant les journalistes.

Dès avant le match, vous aviez tenté de mettre une certaine pression sur l’arbitrage ? Cela veut dire que vous le sentiez, le mauvais coup ?

Cela faisait trois jours que j’insistais auprès de mes joueurs sur le fait qu’il allait s’agir d’un match très particulier. Tous les jours, je leur en ai parlé. Mais vous savez, cela fait plus de 40 ans que je suis dans le milieu du foot et je sais qu’en Afrique, il y a parfois d’autres intérêts que le sportif. On avait déjà accepté de jouer ce quart de finale à Bata plutôt qu’à Ebebiyín. Mais ce n’était pas pour faire un cadeau à la Guinée-Équatoriale, c’était parce que nous ne voulions surtout plus remettre les pieds dans l’hôtel invivable d’Ebebiyín. De plus, il nous aurait fallu reprendre deux bus sans air conditionné pour un total de cinq heures de trajet. Je vous assure que cela aurait brisé le mental de mes joueurs.

Au-delà de tout ça, le gros frisson tunisien de cette CAN, c’est quand même Yassine Chikhaoui. Comment cela se fait qu’un tel joueur évolue encore au FC Zurich à 28 ans ?

Yassine, je l’ai repris alors qu’il n’évoluait plus avec la sélection. J’en ai fait mon capitaine, parce que c’est un leader naturel. Il a mon entière confiance et a l’esprit adéquat pour mener cette sélection. Ce n’est pas pour autant qu’il risque de quitter bientôt le FC Zurich. Il est bien là-bas et s’entend très bien avec son président (Ancillo Canepa, ndlr) qui est l’un de ses amis proches.

Un des joueurs tunisiens dont on a le plus parlé au cours de cette CAN, cela reste Mohamed Ali Moncer…

L’entraîneur Leekens ne l’a jamais fait jouer, et puis il a suffi que je le mette titulaire au premier match pour que la presse en fasse toute une histoire. En qualification, il ne jouait jamais et cela ne dérangeait personne. Si je l’ai titularisé contre le Cap-Vert, c’est parce qu’il était sur un petit nuage depuis quelques jours. Mais cela reste un gamin (23 ans, ndlr) qui se donne tout le temps à 300%, et moi, je ne voulais pas le brûler. J’ai donc décidé de l’utiliser avec parcimonie. Mais pour comprendre ça, il faut connaître le foot professionnel…
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