D’abord joueur à Worthing, tu es désormais président du club de la ville. Quelle est ton histoire avec cette dernière ?
Je suis né dans cette ville qui est au sud de la Grande-Bretagne. Depuis que je suis tout petit, j’ai grandi avec et pour le football. J’ai commencé à jouer à l’âge de quatre ans. Avant mon accident, j’évoluais avec l’équipe de mon lycée, les U18 de Worthing United et évidemment avec les U18 du Worthing FC au poste de latéral droit. J’ai rejoint ce club à mes 15 ans. C’était la meilleure équipe de la ville. C’était donc le meilleur endroit pour que je puisse atteindre mon objectif : devenir footballeur professionnel.
Tu as donc joué en même temps avec deux clubs de la ville. Tu devais bien avoir une petite préférence, non ?
Non, pas de préférence. J’ai la même affection, pour l’un comme pour l’autre. Et j’ai vécu beaucoup de bons moments avec ces deux équipes.
Lesquels ?
Deux sortent du lot. Le premier quand j’avais 14 ans et que je jouais avec les U15 de Worthing United. On disputait une demi-finale de Coupe et on perdait un à zéro. Dans les dernières minutes de jeu, le ballon m’arrive dessus, aux abords de la surface de réparation. J’envoie une reprise de volée qui termine dans la lucarne gauche du gardien adverse. Tout le monde est devenu fou et a célébré le moment. Finalement, on a réussi à l’emporter lors de la prolongation. Le second remonte à l’époque où j’évoluais avec les U18 de Worthing FC. C’était un match où nous étions menés deux à zéro à dix minutes du coup de sifflet final. Je récupère le ballon sur mon côté droit et je remonte tout le terrain en éliminant cinq-six défenseurs. J’arrive dans la surface de réparation adverse et j’obtiens un penalty qu’on a transformé. Score final, deux buts partout. À cette époque, je devais passer des essais avec des équipes de différentes écoles du pays.
Puis est survenu cet accident…
Oui. C’était en 2010. J’avais 17 ans. J’ai été victime d’un accident de la route alors que je me trouvais à la place du passager. Depuis, je suis paralysé du buste jusqu’aux jambes. J’ai dû passer 10 mois en rééducation à l’hôpital avant de pouvoir le quitter. Entre ce moment et l’achat de l’équipe, je n’ai pas fait grand-chose. J’ai pris le temps pour récupérer.
Quand est-ce que t’est venue l’idée de devenir propriétaire du Worthing FC ?
En novembre 2014. J’avais lu un article dans un journal local disant que le club avait des problèmes financiers assez importants. L’équipe était endettée à hauteur de 200 000 livres. Elle avait passé trop d’années à dépenser plus que ce qu’elle n’avait réellement. Je connaissais encore quelques personnes au sein du club. On s’est rencontrés et on a discuté du rachat.
C’était un choix audacieux de ta part. Qu’est-ce qui t’a poussé à le faire ?
Le football, c’est ma passion. En achetant ce club en difficulté, j’ai pensé que je pouvais ainsi l’aider. Pour ce faire, je me suis servi d’une partie de l’argent que j’avais reçu en indemnisation après mon accident. L’autre partie est de côté pour assurer mon avenir. Ça m’a pris du temps pour reprendre confiance en moi-même, d’être en mesure de me réinvestir dans quelque chose. Mais quand j’ai vu cette opportunité, je l’ai saisie des deux mains. Je ne pouvais pas dire adieu au football.
Mais tu ne t’es pas contenté d’acheter le club. Tu t’es lancé dans sa rénovation.
Effectivement. On a d’abord installé une pelouse 3G : un terrain hybride de très bonne qualité. Il devrait être opérationnel d’ici début juillet. L’autre projet en cours est la construction d’un sport-bar. Ce sera un lieu où les membres du club pourront se rassembler et regarder les plus beaux matchs. On veut vraiment faire de ce lieu la plaque tournante du football à Worthing. Je prévois aussi d’améliorer toutes les autres infrastructures du club notamment les vestiaires des joueurs et l’accessibilité des toilettes. Pour finaliser ces projets,
on a lancé une collecte de dons. Pour ce qui est du domaine purement sportif, l’objectif est d’intégrer d’ici les cinq prochaines années la Conférence Sud. C’est ce pourquoi nous luttons aujourd’hui.
Ton ambition a dû faire plaisir aux supporters du club, non ?
Ils m’ont accueilli de manière très chaleureuse et ils sont tous très excités par la prochaine saison. Le manager et les joueurs, quant à eux, ont pris conscience de la chance de pouvoir évoluer sur une pelouse de bonne qualité. On est tous impatients et on espère qu’on aura le droit à du football de qualité.
Aujourd’hui, il existe des équipes de foot-fauteuil qui permettent aux personnes en chaise roulante de continuer à jouer au football. Est-ce que tu serais tenté par ce sport ?
Plusieurs équipes m’ont proposé de venir les voir et d’essayer de jouer avec eux. Je vais y aller et laisser une chance à ce sport. Qui sait, peut-être qu’un jour, la ville de Worthing aura sa propre équipe de foot-fauteuil.
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