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Geoff Thomas, de Wembley au Tour de France
Le Tour de France, le vrai, s'élance ce samedi d'Utrecht aux Pays-Bas. Celui de Geoff Thomas a débuté la veille. Comme en 2005, alors qu'il venait tout juste de guérir d'un cancer, l'ancien capitaine de Crystal Palace s'est lancé comme défi de rallier Paris en bouclant toutes les étapes du Tour un jour avant la course, dans l'objectif de lever des fonds. Une initiative qui devrait permettre à Lance Armstrong de faire son retour pendant deux jours sur les routes de ses succès si controversés. Explications.
Avant Geoff Thomas le cycliste amateur spécialiste des courses caritatives, il y a eu Geoff Thomas le footballeur. Pas une star de son époque, mais tout de même une valeur sûre du championnat anglais, juste avant que la Premier League ne soit créée. Né en 1964, Thomas le milieu de terrain connaît ses plus belles années sous les couleurs de Crystal Palace, de 1987 à 1993. Il est le capitaine et le meilleur joueur élu par les fans lors de la meilleure saison de l’histoire du club : en 1990/91, quand les Eagles de Palace se hissent jusqu’à la troisième place du classement en championnat, derrière Arsenal et Liverpool. Cette belle et inattendue saison permet même à Thomas d’intégrer l’équipe nationale et d’être testé sur quelques matchs, sans grand succès néanmoins. Sa neuvième et dernière sélection se déroule en 1992 à Wembley en amical face à la France de Canto et Papin. Les Bleus s’inclinent 2-0, mais Geoff Thomas déçoit, manquant notamment un face-à-face avec le gardien Gilles Rousset en dévissant totalement une tentative de lob. Un fail resté mythique…
Sa carrière de footballeur va durer une décennie encore, mais sans plus jamais connaître le même succès. En 2002, après de multiples blessures et des saisons quasi blanches, il annonce la fin de sa carrière dans un relatif anonymat.
Deux ans à lutter contre une leucémie
Un an plus tard cependant, il refait la Une des journaux anglais en annonçant publiquement avoir été diagnostiqué d’une leucémie. « Au début, on m’a donné trois mois à vivre, témoignait récemment Geoff Thomas dans une interview accordée au magazine Velo News. Le cancer vous fait ressentir les choses totalement différemment par rapport à avant. À ce moment, Lance Armstrong a joué un petit mais important rôle dans ma lutte contre le cancer, car je me suis mis à lire son autobiographie seulement deux jours après avoir été diagnostiqué. Sa manière à lui de lutter contre la maladie a influé sur moi de manière positive, et ça je ne pourrai jamais l’oublier. » Armstrong et Thomas, une histoire qui connaîtra une suite.
En attendant, l’ex-footballeur fait mentir les pronostics et parvient à gagner son combat contre cette saloperie de maladie. Juste après sa rémission en 2005, le miraculé décide, avec une petite bande de potes, de fêter ça en s’enquillant les 21 étapes du Tour, deux jours avant le passage des coureurs. Une édition remportée évidemment par Armstrong, avec probablement, cette année-là, le classement le plus louche de l’histoire de la Grande Boucle : le Texan premier devant Basso, Ullrich, Mancebo, Vinokourov, Leipheimer et Rasmussen… Reste que l’exploit de Thomas et de ses potes leur ont permis de lever plus de 200 000 euros de dons pour la lutte contre le cancer.
Entraînement à Aspen chez Armstrong
Dès lors, Geoff Thomas s’est découvert une passion – le vélo – et une raison de vivre – trouver des fonds pour aider les malades à guérir. S’il n’a jamais cessé de combiner les deux depuis 2005, son grand défi imaginé l’an dernier était de se refaire les 21 étapes du Tour lors de l’édition 2015, pour « fêter » les dix ans de sa rémission. Objectif ce coup-ci : lever 1,4 million d’euros de dons. Pour ça, il a vu les choses en grand et embarqué avec lui une équipe d’une vingtaine de coureurs. Il est aussi parti s’entraîner à Aspen, chez Armstrong, avec qui il s’est lié d’amitié. Entre anciens malades, on se comprend. S’il n’a jamais cautionné les agissements du septuple vainqueur du Tour aujourd’hui déchu, il estime cependant qu’il a aujourd’hui droit au pardon et lui a tendu la main en l’invitant à le rejoindre pendant deux étapes : les 17 et 18 juillet, entre Muret et Rodez, puis entre Rodez et Mende. Le grand projet de Thomas et de l’organisme Cure Leukaemia a débuté à Londres le 18 juin, avec une sorte de prologue disputé pendant quatre jours, jusqu’à rejoindre Paris en peloton, dans lequel figuraient d’anciens coéquipiers tels que Gary Lineker et Ian Wright. Il se poursuit depuis ce week-end et pendant trois semaines, avec une équipe plus réduite. Pour Thomas et sa bande, l’objectif est de rallier Paris en passant par les pavés du Nord, les Pyrénées et les Alpes notamment, en amenant Lance Armstrong sur le porte-bagage pendant deux jours. Un immense défi, mais pas autant que de se trouver en face à face avec Gilles Rousset à Wembley.
Par Régis Delanoë