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Génial Gignac
Sujet de raillerie préféré des fans de foot et des Guignols la saison dernière, André-Pierre Gignac est élevé au rang de meilleur attaquant français. Tout ça pour avoir tenu tête à Ibrahimović lors du dernier classique de la Ligue 1.
La magie du football. Il y a encore quelques mois, Gignac était persona non grata auprès des supporters de l’OM. En fin de saison dernière, lorsqu’il sortait du banc pour attendre sagement son entrée en jeu auprès du quatrième arbitre, il pouvait constater que les quatre tribunes du Vélodrome le sifflaient avec la même intensité. L’objet du courroux ? Son attitude. Avant un match de championnat, son insulte en guise de réponse à un supporter qui l’avait pris à partie dans les rues d’Aix-en-provence avait fait l’objet d’un encadré dans un quotidien régional. Et évidemment provoqué l’indignation générale. Et puis c’est que, Gignac, le quatrième choix en attaque, palpe plus de 300 000 euros par mois. C’est peu dire que depuis, la roue a tourné. Aujourd’hui, APG, c’est le mec qui a claqué autant de buts que Zlatan Ibrahimović dans un OM-PSG, une star qui touche plus du triple de son salaire. C’est aussi un homme qui pourrait passer sa nuit à changer la vie de ses fans rien qu’en les retweetant. En fait, si jamais il s’avisait de lâcher un « Mange tes morts » à un badaud devant témoins, désormais, le public marseillais louerait son authenticité. Et la girouette dans tout ça, c’est qui ?
Depuis le début de saison, André-Pierre Gignac a marqué 8 buts. Mais lui ne se contente pas de les mettre au fond. Il participe au jeu, défend parfois, tout en étant capable d’actions internationales, comme l’ouverture du score contre Paris. Le profil type de l’attaquant complet. Élu joueur du mois d’août par le Phocéen, il savourait déjà les effets de ce changement soudain : « C’est le foot, c’est comme ça. On sait que tout peut aller vite dans les deux sens. J’ai connu une grosse descente aux enfers pendant deux ans où j’ai accumulé blessures et contre-performances. Voilà, maintenant, c’est le fruit de mon travail, parce que je suis un acharné, je ne lâche rien. Je n’oublie pas non plus qu’on m’a mis dans de bonnes conditions, le staff et les joueurs. »
Rappelé un jour par Didier Deschamps ?
Si la condition physique retrouvée du joueur est essentielle pour son jeu, qui sent quand même pas mal la sueur, ce n’est pas la seule explication. Le schéma actuel de l’OM lui sied à merveille. Il peut gambader sur toute la largeur du terrain, certain de trouver en renfort un André Ayew ou un Amalfitano. Des mecs à l’abattage XXL, mais qui sont aussi capables de jouer dans les petits périmètres. APG évolue surtout avec Valbuena. P’tit Vélo n’hésite pas à occuper l’axe quand le 9 s’excentre. L’équilibre de l’équipe est ainsi sauf. En guise de remerciement, Gignac abat un pressing d’affamé. Et il est indétrônable. En Ligue Europa, Rémy prend sa place dans le XI de départ. Mais à chaque fois que l’ancien Toulousain entre en jeu, la différence se fait sentir. En revanche, lorsqu’il est sur le côté gauche de la surface, il tente toujours son même crochet sur la droite. Sûrement un clin d’œil. Histoire de montrer qu’après tout, il est resté le même.
Contrairement à ce que certains pourraient penser, cela ne le desservira pas avec Deschamps. Souvent présenté comme l’ennemi public numéro 2 de DD lors de sa dernière saison de coach à l’OM, André-Pierre n’a pas de contentieux avec le nouveau sélectionneur. Ce dernier l’a encore redit lors de sa première prise de parole à Clairefontaine. Sûrement parce qu’il sait reconnaître l’authenticité. Même dans les mauvais moments.
Par Romain Canuti