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Génésio/Robin, le chassé-croisé du retour de vacances
Anciens coéquipiers à l'Olympique lyonnais à la fin des années 1980, Bruno Génésio et Claude Robin se retrouvent ce samedi tous deux face-à-face sur les bancs de Ligue 1. Et bien heureux est celui qui aurait pu prédire que ceci arriverait un jour.
Décidément, la première de l’Olympique lyonnais dans son grand stade ne ressemblera pas vraiment à ce qu’on avait pu imaginer en début de saison. Non pas que personne ne savait alors que will.i.am viendrait fouler la même pelouse que Jessy Pi, mais personne ne pouvait vraiment s’attendre à ce que ni Hubert Fournier ni Jean-Marc Furlan ne s’assoient sur les bancs de touche neufs du stade de Décines. À l’annonce du calendrier de la Ligue 1 2015/2016, difficile d’imaginer Claude Robin, alors directeur du centre de formation de l’ESTAC, à la tête de l’équipe première, et pas évident non plus de voir Bruno Génésio, adjoint d’Hubert Fournier, aujourd’hui persona non grata entre Rhône et Saône, diriger l’équipe dauphine du Paris Saint-Germain l’an passé. Pourtant, c’est bien à ces deux « seconds rôles » que le grand stade lyonnais va ouvrir ses portes, ce samedi. Une confrontation aux allures de retrouvailles entre deux coéquipiers qui ont chacun emprunté des chemins bien différents.
La malédiction des barrages
Au début de la saison 1986-1987, l’Olympique lyonnais est en deuxième division, comme depuis la fin de la saison cataclysmique de 1982-1983. Sur les trois dernières saisons, les Gones ont déjà manqué deux fois l’accession à la première division, développant une véritable phobie des matchs de barrage. Formé à Lyon, Bruno Génésio a découvert le groupe professionnel en 1985, accompagné par Claude Nouzaret, nouvel entraîneur. Pour la saison 1986-1987, ce dernier veut étoffer son effectif, majoritairement composé de jeunes issus du centre. C’est avec l’étiquette de solide défenseur que Claude Robin pose ses bagages à Lyon, après trois saisons au LOSC et quatre à Besançon. Si Bruno Génésio est encore jeune, et ne dispute que quelques matchs dans la saison, Claude Robin, lui, est de toutes les rencontres. Seulement voilà, tout ne se passe pas pour le mieux pour les Gones, qui doivent affronter cette année encore leur plus grand ennemi : l’irrégularité des résultats.
Il faut dire que la politique de recrutement de Nouzaret ne plaît pas à tout le monde, et surtout pas à Slobodan Topalović et André Ferri, deux des meilleurs joueurs de l’époque. Les deux entrent en conflit avec leur entraîneur, l’obligeant même une fois à titulariser un avant-centre dans les buts (face à Gueugnon, en septembre 1986). Loin de ces tumultes, Claude Robin et Bruno Génésio continuent d’apporter ce qu’ils peuvent à l’équipe : le premier assure à la défense un certain équilibre, tandis que le deuxième tente d’insuffler un peu de fraîcheur au milieu de terrain à chacune de ses entrées en jeu. Les Gones s’en sortent et parviennent à accrocher les barrages pour l’accession en première division pour la troisième fois en quatre ans. Et échouent à nouveau face à Cannes. C’est à cet instant que l’arrivée d’un jeune industriel lyonnais dans le comité de direction, puis à la tête du club va tout changer. L’apparition de Jean-Michel Aulas et de son plan « OL-Europe » va modifier le futur de Bruno Génésio jusqu’à son poste actuel d’entraîneur. Claude Robin, lui, quitte l’OL après une bonne saison, et rejoint Grenoble, à quelques kilomètres de là.
Mobylette et Robin
Une fois l’OL de retour en première division, Bruno Génésio, que tout le monde surnomme rapidement « Mobylette » , reste au club une bonne partie de sa carrière. Outre un prêt à Nice en 1993-1994 et une fin de carrière à Martigues en 1995-1996, Bruno reste fidèle à Gerland. Claude Robin, lui, est un peu plus voyageur, et après son aventure grenobloise, il reste à Gueugnon trois ans, avant de terminer sa carrière à Vesoul. Une fois leurs carrières de joueurs professionnels terminées, Mobylette et Robin – qui formeraient forcément un bon duo de comiques – se lancent tous deux dans une carrière d’entraîneurs. Et commencent petit, tous les deux. Mobylette se plante partout où il passe, du moins du côté des résultats : Villefranche, Besançon, la réserve de l’Olympique lyonnais… Pour Claude Robin, le bilan est beaucoup moins alarmant : une montée avec Vesoul, un travail correct à la tête de l’équipe réserve stéphanoise et une excellente gestion du centre de formation de l’ESTAC.
Tous deux arrivés à la tête d’un club de Ligue 1 en cours de saison avec l’étiquette de « roue de secours » , les deux hommes ont finalement connu des profils bien similaires. Avec toutefois des objectifs bien différents. Si l’un doit permettre à une équipe de haut de tableau de retrouver sa confiance perdue pour accrocher une place européenne, l’autre a déjà avoué devoir préparer une saison en deuxième division. Côté public, si la nomination de Claude Robin semble plutôt bien acceptée, celle de Bruno Génésio a du mal à passer, en atteste cette pétition lancée par une partie des supporters lyonnais pour dénoncer le népotisme à l’œuvre dans les travées de Gerland (Bruno Génésio étant un ami de longue date de Bernard Lacombe). Mais que les supporters le veuillent ou non, c’est bien avec Mobylette et Robin que le Grand Stade sera inauguré ce samedi. Et à voir leurs parcours, ce n’est rien d’autre qu’un gros clin d’œil de l’histoire. Clin d’œil qui n’explique toujours pas ce que will.i.am vient foutre ici.
Par Gabriel Cnudde