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Génésio, le vent dans le dos ?

Par Florian Cadu
5 minutes
Génésio, le vent dans le dos ?

Continuellement tancé par les propres supporters du club depuis plusieurs années, Bruno Génésio a été confirmé à son poste pour la saison prochaine. Une décision certaine et réfléchie. De quoi travailler sereinement à l'avenir, sans entendre les critiques des fans ? Rien n’est moins sûr.

Samedi 19 mai, au coup de sifflet final de la 38e journée de Ligue 1, les Lyonnais n’avaient qu’une envie : faire la fête. Qu’ils soient supporters, joueurs, membres du staff ou salariés du club, tous souhaitaient célébrer la troisième place directement qualificative pour la Ligue des champions (obtenue grâce à la victoire à domicile sur Nice) pendant que l’Olympique de Marseille devait se contenter d’un triste ascenseur émotionnel. Tous… sauf Bruno Génésio. Satisfait de la performance de ses hommes, l’entraîneur avait tout de même du mal à afficher une bonne tête. Ce sont d’ailleurs ses poulains qui sont venus le chercher pour qu’il participe au tour d’honneur.

La fiesta petit bras ?

Pourquoi donc cette gueule de bois alors que l’ivresse commençait à peine à voir le jour ? Tout simplement parce qu’une fois de plus, Génésio s’est fait houspiller en public par les fans de son propre club. « On n’a toujours rien à fêter » , déployait le Virage Sud pendant que celui du Nord brandissait un « Les vrais supporters. Bruno, ton amour pour l’OL t’honore, mais il est temps de tourner la page. » C’est donc un avis quasiment global, et il ne date pas d’hier : malgré l’accès en C1, Bruno ne convainc pas ceux qui vibrent pour son équipe. C’est la même rengaine depuis 2015 et son arrivée sur le banc rhodanien : le technicien, sans doute pas assez glamour aux yeux de certains, jouit d’une cote de popularité étonnamment faible. Car il ne serait ni capable de gérer un vestiaire rempli d’ego (Memphis Depay…), ni de stimuler une teamparfois en manque de détermination, ni de réaliser des prouesses d’un point de vue tactique. Tout n’est peut-être pas vérifié ou vérifiable, mais il s’agit là de la puissante voix subjective du peuple.

Ce 19 mai donc, les nombreuses critiques sous-entendues par deux simples banderoles ont envoyé un enchaînement cross-crochet gauche dans la tronche de Génésio. « Ça m’a fait beaucoup de mal. Je ne l’oublierai pas, a réagi la victime face à la presse, une fois que l’éventualité du KO était passée. Je ne sais pas ce qu’on aurait pu leur apporter de plus. Peut-être une Coupe d’Europe. Mais il n’y a qu’une équipe qui pouvait la gagner et ce fut l’Atlético de Madrid. » L’histoire ne dit pas si la soirée s’est soldée par une consommation d’alcool de fin de saison habituelle, si le breuvage a été dégusté avec excès et si le verre a été vidé pour s’amuser ou pour oublier. Non, l’histoire ne s’embarrasse pas de ce genre de détail et a finalement repris quelques jours plus tard.

Coup de boost

Comment ? Avec un boxeur toujours debout et symboliquement remis sur pied par son supérieur, à savoir Jean-Michel Aulas. Le président des Gones, qui a le mérite d’avoir constamment soutenu son coach – même dans les moments plus compliqués –, avait déjà fait savoir qu’il allait prendre parti pour Génésio en vue de continuer l’aventure main dans la main. Résultat : le conseil d’administration de l’Olympique lyonnais a suivi JMA et a décidé de laisser les clés de la cylindrée dans le gant de Bruno la saison prochaine.

Et le principal intéressé, blessé par les coups verbaux et émotionnels du public ? A-t-il pensé à abandonner de lui-même ? Jamais de la vie. « Il y a une équipe perfectible qui va encore progresser. Bien sûr que ça me donne envie de continuer. Depuis deux ans, je vis plein de choses. Ça m’a renforcé, ça ne m’a pas fragilisé » , assurait-il déjà après le succès contre les Aiglons, dans la lignée de ses sorties précédentes quand il était menacé. En réalité, cette décision de la hiérarchie semble avoir regonflé le moral du Français, avec un cerveau désormais remotivé à bloc et pas pollué par de quelconques ressentiments.

En témoignent ses propos : « Soulagé, ce n’est pas le mot.(…)C’est une grande marque de confiance de la part du président et du conseil d’administration. Ils sont aptes à juger ce que je fais au quotidien avec mon groupe et mon staff. Ce n’est pas une revanche. C’est simplement la fierté d’avoir bien fait notre travail tous ensemble. C’est ça qui m’anime. On sait que le métier d’entraîneur n’est jamais un long fleuve tranquille, qu’un club traverse des turbulences dans une saison… Mais la force d’un club, c’est de justement les traverser et d’en ressortir encore plus grand. » Seul problème : difficile d’avancer rapidement lorsqu’un clan, ou un lien supporter-technicien n’est pas soudé. Si l’OL veut continuer à évoluer en misant sur la stabilité, il faudra donc apprendre à s’épauler. Et à faire avec les défauts de chacun, en se concentrant davantage sur les qualités.

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Franck Haise : « Il valait mieux entraîner il y a vingt ans  »
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