- Italie
- Serie A
- 32e journée
- Genoa/Sampdoria
Gênes O’Lantern
Cet après-midi, la ville de Gênes retient son souffle. C’est le grand derby de la Lanterne entre le Genoa et la Sampdoria. Il y a deux ans, une victoire du Genoa avait poussé la Samp’ vers la Serie B. Aujourd’hui, c’est la situation inverse qui se profile.
Le temps passe vite, et pourtant, le destin semble toujours vouloir s’y raccrocher. C’était il y a deux ans. Un tout petit peu moins. 8 mai 2011, très exactement. Le Genoa et la Sampdoria s’affrontent pour le derby génois, le bien nommé derby de la Lanterne (nom donné au phare portuaire de la ville, second plus haut phare du monde avec ses 76 mètres de hauteur, pour la petite histoire). Il reste trois journées de championnat. La Samp, qui danse avec la zone de relégation, a absolument besoin d’une victoire, ou au minimum d’un nul, pour entretenir l’espoir d’un maintien en Serie A. Menée au score suite à un but de Floro Flores juste avant la pause, la Sampdoria réussit à égaliser à la 66e minute par Pozzi. A ce moment précis, la Samp compte 37 points au classement, soit un de moins que Lecce, premier non-relégable, qui s’est imposé dans l’après-midi face à Naples. Mais à la dernière minute, à la dernière seconde, l’Argentin Boselli sort de nulle part et inscrit le but de la victoire pour le Genoa. Un but qui enfonce l’ennemi juré au classement et le pousse un peu plus vers la relégation. De fait, la semaine suivante, la Samp s’incline à domicile face à Palerme tandis que Lecce s’impose à Bari, 2-0. Les larmes de Palombo n’y changeront rien : la Samp est reléguée. Quelques jours plus tard, 30 000 supporters du Genoa défilent dans les rues de Gênes pour célébrer « l’enterrement de la Sampdoria » . L’une des pires pages de l’histoire du club blucierchiato.
Ding Dong
Deux ans plus tard, et après avoir frôlé une première fois la relégation à son tour, le Genoa se retrouve dans une position toute aussi inconfortable que la Samp il y a deux ans. Les Génois facturent 27 points au classement, et sont donc relégables, même s’ils comptent le même nombre de points que Palerme, 18e. La Sampdoria, de retour parmi l’élite après une année au purgatoire, effectue une saison en demi-teinte, alternant les séries positives et les séries négatives. Avec 36 points au compteur, son maintien est quasiment déjà assuré, même si les plus superstitieux se rappellent que c’est justement avec 36 points qu’elle avait été reléguée il y a deux ans. En attendant, 36, c’est toujours 9 de plus que le cousin rossoblù. A quelques heures du derby entre les deux formations, le public doriano rêve donc d’une vengeance. Une vengeance qu’ils attendent depuis deux ans, eux qui, au cours des deux années qui viennent de s’écouler, ont dû encaisser les railleries et les moqueries, à l’instar du chant « Din don, intervengo qui da Lecce, ha segnato Chevanton » ( « Ding Dong, j’interviens depuis Lecce : Chevanton a marqué » , référence au but vainqueur de Lecce contre Naples, qui avait envoyé la Samp dans la zone de relégation en mai 2011, une semaine avant le derby).
Aujourd’hui, donc, l’heure est à la revanche. Les deux équipes ont chacune pris un point sur les quatre dernières journées, ce qui n’est pas terrible, mais l’une a l’occasion d’envoyer l’autre en enfer. Certes, contrairement à il y a deux ans, il restera ensuite six journées pour tenter d’inverser la tendance. Mais pour l’honneur, pour la fierté, pour l’orgueil, la Sampdoria rêve de laver l’affront. Tous les joueurs se sentent concernés, même ceux qui n’étaient pas là lors de la relégation, comme Lorenzo De Silvestri. « Je m’imagine déjà au match de dimanche. Ce sera un match fondamental, je sais à quel point les gens l’attendent dans la ville car depuis le premier jour où je suis arrivé ici, je n’ai entendu parler que de ça. On se prépare pour cela : nous voulons gagner pour assurer définitivement le maintien et offrir une grande joie à nos tifosi » a-t-il assuré. Et puis, sur le banc, il y a un certain Delio Rossi. Un type qui s’y connaît bien, en matière de derbys…
13 points à prendre en 7 journées
Du côté du Genoa, c’est évidemment la peur qui règne. La saison dernière, alors que la Samp était en deuxième division, l’équipe génoise avait sacrément galéré, n’assurant son maintien mathématique que lors de la toute dernière journée. Visiblement, l’équipe n’a pas retenu la leçon. Le Genoa a mal débuté sa saison, a connu un moment de mieux avec l’arrivée sur le banc de Ballardini (match nul à Turin contre la Juve, victoires contre la Lazio et l’Udinese), mais depuis quelques semaines, c’est à nouveau la catastrophe. Le Genoa n’a pris que deux points sur les 18 derniers possibles, s’est fait rattraper au classement par Palerme, et dépasser par Sienne, alors que les deux étaient pourtant loin derrière à un certain stade de la saison. Certes, le calendrier n’a pas été favorable, avec des rencontres relevées face à la Roma, au Milan AC, à la Fiorentina ou, comme lors de la dernière journée, au Napoli. Les joueurs de Ballardini sont désormais en pleine zone rouge, et n’ont plus vraiment d’autre alternative : il faut gagner des matches pour survivre.
Le tableau prévisionnel ne laisse que peu de marge de manœuvre : les Rouge et Bleu doivent prendre encore 13 points pour atteindre la barre symbolique des 40 points. Or, 13 points en 7 journées, c’est au moins 4 victoires. Avec des adversaires comme l’Atalanta, le Chievo, Pescara, le Torino ou Bologne, c’est loin d’être impossible, mais il va falloir se sortir les tripes. La meilleure façon d’aborder ce sprint final, c’est évidemment un succès face au rival de toujours, qui s’était imposé 3-1 lors du match aller. Les tifosi le savent d’ailleurs mieux que quiconque : rien de mieux qu’une victoire lors du derby pour mettre l’ascendant psychologique de son côté. Dans le cas contraire, les supporters de la Sampdoria vont pouvoir commencer d’ores et déjà à planifier les funérailles du Genoa. Sacré retour de bâton.
Par Eric Maggiori