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Gelson Martins, l’héritier
Malmené à l'aller (2-0), le Sporting Portugal va devoir batailler pour renverser l'Atlético lors de la manche retour ce jeudi soir. Une mission quasi impossible qui ne pourra passer que par un très bon Gelson Martins. Auteur d'une performance moyenne au Wanda Metropolitano, l'ailier portugais de 22 ans compte bien faire taire les critiques de son président et prouver qu'il est bien le digne héritier de Cristiano Ronaldo, Luís Figo et consorts.
« L’Héritier » . Le 16 septembre 2016, le journal A Bola n’avait plus aucun doute, Gelson Martins était l’héritier tant attendu au poste d’ailier si cher au Sporting Portugal. C’est sûr, le successeur de Luís Figo, Cristiano Ronaldo, Ricardo Quaresma et Nani, c’était lui. La raison de cet emballement soudain ? Le match fabuleux livré par Gelson Martins au Santiago Bernabéu en phase de poules de Ligue des champions. Et si les Leões repartent ce soir-là sans le moindre point de Madrid, le jeune ailier portugais est, lui, rentré à Lisbonne avec un nouveau statut et quelques anecdotes à raconter. De Cristiano Ronaldo qui rentre dans le vestiaire du Sporting pour le féliciter à Marcelo qui lui lance un « Tu m’as fait souffrir » , c’est peu dire que Gelson Martins a vécu un bon moment pour son premier match de Ligue des champions. Mieux, cette prestation lui a surtout permis d’être appelé dans la foulée par Fernando Santos et de connaître sa première sélection lors du match qualificatif à la Coupe du monde 2018 contre Andorre.
Tenté par le futsal, vendu 33 000 euros au Sporting
Né à Praia, au Cap-Vert, Gelson Martins est élevé par sa tante avant de rejoindre ses parents à Venda Nova, à quelques encablures de Lisbonne. Le petit Gelson a alors 8 ans et tente de s’adapter à sa nouvelle vie et son nouveau pays comme le raconte son premier entraîneur au Futebol Benfica – à ne pas confondre avec le SLB –, Tiago Correia : « Il s’est très bien adapté parce qu’il vivait dans un quartier où il a pu se faire beaucoup d’amis. Et puis il a aussi bénéficié du soutien de sa famille et surtout de son grand frère. » C’est notamment pour faire comme Vitor Martins, de six ans son aîné, que Gelson s’inscrit au Futebol Benfica, alors que l’idée de jouer au futsal le tente. Tiago Correia : « En début de saison, il voulait aller jouer au futsal avec ses amis et je lui ai dit de rester avec nous et qu’au pire, s’il n’aimait pas, il pourrait partir en décembre. »
Heureusement pour lui, et pour le Portugal, Gelson prend plaisir à évoluer avec des crampons au pied et commence à impressionner son monde au Futebol Benfica. « Il avait une relation avec le ballon incroyable, il était très fort en un contre un où il pouvait utiliser sa technique et sa vitesse impressionnante. Cela ne faisait aucun doute pour moi qu’il allait signer professionnel, car il avait une qualité technique bien au-dessus de la moyenne, mais surtout il avait cette humilité, c’est ce qui fait la marque de fabrique des grands joueurs. » Et c’est finalement le Sporting Portugal qui obtient le jackpot en signant Gelson Martins en 2010 pour 33 000 euros répartis ainsi : 1000 pour la licence, 2000 quand il sera promu avec les juniors et 30 000 euros quand il aura joué cinq matchs avec les pros.
Jorge Jesus ne lui a fait aucun cadeau
Conscient qu’il disposait d’un diamant brut, le Sporting Portugal n’a même pas attendu que Gelson Martins atteigne les cinq rencontres avec l’équipe première pour prolonger son joyau et lui coller une clause libératoire de 45 millions d’euros – clause qui s’élève désormais à 60 millions d’euros. Et si Marco Silva est le premier à avoir fait jouer Gelson Martins avec les pros, lors d’un match de Coupe de la Ligue contre Belenenses en janvier 2015, c’est bien Jorge Jesus qui a décelé le potentiel du jeune homme qu’il a poli avec autorité : « Gelson est un gamin avec de grandes qualités. Il ne sait pas encore jouer avec les autres, il sait très bien jouer, mais tout seul. Il va apprendre à jouer avec ses partenaires, car je suis son entraîneur et c’est pour cela qu’il va beaucoup progresser. »
Et cela fonctionne puisque, petit à petit, Gelson Martins ne se contente plus de ridiculiser les latéraux adverses à coups de sprints et de dribbles, mais ajoute à sa palette offensive des statistiques (7 buts et 8 passes décisives en championnat cette saison). Devenu un cadre du Sporting Portugal et un titulaire régulier en sélection, Gelson Martins n’a pourtant que 22 ans. Et cela se voit encore parfois. Comme le 26 février dernier lorsque l’ailier inscrit le but de la victoire dans les arrêts de jeu face à Moreirense, avant de retirer son maillot pour dédier sa réalisation à son ami Rúben Semedo qui a quelques problèmes avec la justice. Résultat, l’arbitre lui balance un deuxième carton jaune, puis un carton rouge, synonyme de suspension pour le choc face au FC Porto quatre jours plus tard. Une erreur de jeunesse qui lui a valu une bonne gueulante de Jorge Jesus et de son président, Bruno de Carvalho, qui attend patiemment le mois de juillet pour renflouer les caisses du Sporting Portugal avec la vente de Gelson Martins.
Par Steven Oliveira
Propos de Tiago Correia recueillis par SO