Gelson Martins, la bonne pioche

Parmi les phrases que l’on entend le plus dans la bouche d’un footballeur et d’un entraîneur, « tirer du positif malgré la défaite » se place très haut, juste derrière le fameux « l’important c’est les trois points » et le sempiternel « on avait à cœur de… » Sauf qu’il faut avouer que cette phrase n’est pas totalement fausse : même dans une défaite – ou une élimination aux tirs au but – il peut y avoir du positif. Du positif qui se nomme, dans le cas de Monaco et sa demi-finale de Coupe de la Ligue perdue à Guingamp, Rony Lopes, Aleksandr Golovin, mais surtout Gelson Martins. Car si l’ASM a pu accrocher les tirs au but malgré le carton rouge de William Vainqueur en début de rencontre, c’est en grande partie grâce à lui.

Arrivé à Monaco ce dimanche en provenance de l’Atlético, qui l’a gentiment cédé durant six mois, l’international portugais n’a pas mis longtemps à s’intégrer. Positionné en pointe de l’attaque monégasque face à Guingamp – alors qu’il est habituellement plus un joueur de couloir –, Gelson Martins a tout autant écœuré la bande à Jocelyn Gourvennec qu’il a enthousiasmé les amateurs de ballon rond assis devant leur poste de télévision. À l’exception peut-être de Thierry Laurey qui n’a pas dû apprécier de voir le Portugais s’amuser des défenseurs adverses à coups de crochets et d’accélérations boltesques. Sauf que Gelson Martins n’est pas du genre à claquer des dribbles dans le vide, et Rony Lopes et Aleksandr Golovin ont su profiter de ses prises de vitesse et de ses passes pour faire trembler les filets adverses. Deux passes décisives et des défenseurs humiliés à la pelle, pas mal pour une première.

Le facteur X de cette fin de saison ?

Il faut dire que sur le papier – et encore plus après sa première sortie –, Gelson Martins a tout de la bonne pioche. Car si la défense de Monaco laisse souvent à désirer depuis le début de saison, l’attaque est loin d’être enthousiasmante. Les 19 buts inscrits en 22 journées de Ligue 1, ce qui fait de Monaco la dix-septième attaque du championnat de France, peuvent en témoigner. Face à Guingamp, celui que son ancien entraîneur au Sporting Jorge Jesus avait annoncé comme « un futur Luís Figo » a prouvé qu’il allait être un danger permanent pour les défenseurs qui se présenteront face à lui. Que ça soit par sa vitesse qui ferait passer Kylian Mbappé pour Mathieu Bodmer. Ou par sa technique qui va obliger les adversaires à se focaliser sur lui et ainsi laisser plus d’espaces à Radamel Falcao ou Rony Lopes dont la connexion avec Gelson Martins semble déjà au rendez-vous.

Outre ses capacités techniques, Gelson Martins apporte aussi avec lui son expérience au sein d’un groupe qui en manque parfois cruellement. Alors oui, ce n’est pas Cesc Fàbregas non plus, oui il n’a que 23 ans, mais on parle tout de même d’un homme qui compte déjà 21 sélections avec le Portugal, qui a déjà disputé une Coupe du monde et qui a joué 28 rencontres de Coupes d’Europe. Dont un match de Ligue des champions au Santiago-Bernabéu face au Real Madrid (2-1, 24 septembre 2016) où il a fait vivre un cauchemar à Marcelo. Recruté par l’Atlético lors du dernier mercato estival après une saison de haute volée avec le Sporting Portugal, Gelson Martins n’a pas forcément réussi son intégration à Madrid (un but en douze rencontres). La faute à quelques pépins physiques et à la difficulté pour une recrue d’entrer dans le moule de Diego Simeone, qui n’a titularisé le Portugais qu’à une seule reprise en Liga. Mais il n’y a qu’à regarder le repli défensif de Gelson Martins face à Guingamp pour s’apercevoir qu’il a profité de son semestre en Espagne pour apprendre quelques trucs du Cholo. Ce prêt sonne donc comme un deal gagnant-gagnant pour Monaco et l’Atlético. Le but étant de redonner le moral et du temps de jeu à Gelson Martins, qui a démontré qu’il avait du feu dans les jambes. Les défenseurs de Ligue 1 sont prévenus.