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  • Euro 2012- Quarts de finale
  • République tchèque/Portugal

Gebre Selassie, le sourire plutôt que les larmes

Par Swann Borsellino
Gebre Selassie, le sourire plutôt que les larmes

C’est la belle histoire de ce début de tournoi. Encore méconnu en début de compétition, Theodor Gebre Selassie est l’une des révélations de cet Euro 2012. Premier « black » à porter les couleurs de la République tchèque, il a slalomé entre les insultes racistes pour arriver là où il en est aujourd’hui.

La vie est pleine de mystères. On peut avoir Jankulovski comme patronyme, un daron qui s’appelle Pando, être un immigré macédonien en République tchèque, porter le maillot de l’équipe nationale et n’emmerder personne. En revanche, quand on s’appelle Gebre Selassie, qu’on a la mélanine un peu plus agitée, qu’on est né en République tchèque et qu’on est bon au football, là, il y a un souci. Né dans un petit nid d’amour, loin des cris de singe et où les seules bananes sont flambées dans l’assiette ou dans les mains de Donkey Kong, Theodor Gebre Selassie est l’ambassadeur du doigt d’honneur de qualité au racisme. Gandhi en puissance, le Tchèque, optimiste de nature et amoureux de la vie, est hermétique aux injures. Ses règles d’or ? Ne pas alimenter la triste machine et se concentrer sur ses qualités premières. Pas celle d’un ingénieur du génie civil – une carrière qu’il a vite abandonnée – mais celle d’un footballeur extrêmement prometteur. Révélation tchèque de cet Euro 2012, en compagnie de Václav Pilař, Gebre Selassie bluffe son monde. Ce soir, face au Portugal, il tentera d’écrire une page supplémentaire de son histoire. Avec le sourire aux lèvres.

Frère sourire

« Théo avait tellement d’amis quand il était petit… Il était populaire, c’était un garçon rayonnant. Une de ses professeurs résumait parfaitement cela en disant que Theo a passé sa scolarité à rire. » Elle-même prof’, Jana, mère de Theodor, admire son fiston. Certes, comme toute maman qui se respecte, elle aurait aimé qu’il concilie le football et les études. Mais bon… Malgré une tentative à l’Université Palacký de Moravie, où il s’est lancé dans le génie civil, Theodor Gebre Selassie sait que son truc, c’est le football. Fils de Jana, donc, et de Chamola, docteur éthiopien arrivé en Tchécoslovaquie sous le régime communiste, le latéral droit de la sélection tchèque a appris à vivre avec le racisme, à défaut de le comprendre. « C’est étrange, confiait-il au Guardian. C’est triste même. Je suis né en République tchèque, j’ai passé toute ma vie ici. Je n’ai été qu’une seule fois en Éthiopie, et je devais avoir 2 ans… Il y a un homme noir à la tête du pays le plus puissant du monde, mais les gens continuent à parler de moi, le latéral droit de la sélection tchèque » , balance-t-il, résigné, mais pas défaitiste. « C’est quelqu’un d’optimiste, rétorque Jana. Il va toujours de l’avant. C’est grâce à cela qu’il passe outre les mauvaises choses. »
Les mauvaises choses, comme les cris de singe dont il a été la cible lors de la rencontre face à la Russie en phase de poules. Là encore, rien de bien alarmant pour lui. « Oui, j’ai remarqué. Mais ce n’était rien de fou. J’ai déjà subi bien pire. Personnellement, je suis prêt à laisser cela derrière moi. Je ne vois aucune raison de parler de cela avec les médias. » Et il a raison. Au final, c’est sa République tchèque qui dispute les quarts de finale et la seule réponse que Theodor a donnée a été celle du terrain. Excellent depuis le début de la compétition, il ne cesse d’impressionner des observateurs qui, pour la plupart, ne le connaissaient que de loin, comme « le black de la sélection tchèque » ou « le type qui a le même nom que l’un des meilleurs coureurs de fond de tous les temps » .
Tel frère, telle sœur
Pourtant, « Theo » n’est pas arrivé là par hasard. Il a trimé, d’abord, en errant dans des petits clubs, avant de rejoindre le Slavia Prague en 2007. Il y passe une saison avant de s’engager avec le Slovan Liberec, où il explose véritablement. En juin 2011, il devient le premier joueur d’origine africaine à porter le maillot de la sélection tchèque depuis sa cape face au Pérou. Cette année, il a été le véritable taulier du champion de République tchèque, en étant titularisé lors des trente matchs du Slovan Liberec, sans sortir une seule fois. Malins, les dirigeants du Werder Brême ont déjà mis le grappin sur le joueur, dont la cote a bien grimpé depuis le début de l’Euro. « Theo » devra donc partir loin d’Anna, sa petite sœur, membre prometteuse de l’équipe tchèque de handball. Et évidemment, la réponse à votre question est « oui » . Oui, elle est la première joueuse d’origine africaine dans l’équipe.

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