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Gattuso veut ranimer Palerme
Gennaro Gattuso est le nouvel entraîneur de Palerme. Le club, relégué en Serie B, a perdu le soutien de ses supporters. L'ancien joueur du Milan AC va tenter une réconciliation, par des moyens divers et variés.
« Je mettrai une veste, mais pas de cravate : je n’ai pas un long cou, j’aurais l’air d’une caricature. » Voilà l’un des tweets envoyés par Gennaro Gattuso, nouveau coach de Palerme, sur le hashtag #askGattuso. L’idée est venue du club, mais aussi de l’ancien aboyeur du Milan AC. Le concept : créer un fil sur Twitter (la création a eu lieu avec Gattuso dans les tribunes du stadio Renzo Barbera, histoire de rendre l’évènement plus médiatique et solennel), sur lequel Gattuso pourra répondre en direct aux questions des supporters palermitains. Immédiatement, des dizaines et des dizaines de questions sont arrivées, à tel point que #askGattuso est devenu le deuxième fil le plus suivi d’Italie, derrière un plus banal #100cosesudime (100 choses à propos de moi). Gattuso s’est efforcé de répondre au maximum, sur des thèmes variés. Beaucoup de personnes lui ont demandé s’il n’avait pas envie d’être entraîneur-joueur, pour ramener Palerme en Serie A. « Ce statut n’est pas permis en Italie. Et ce sont deux rôles plutôt difficiles à faire coexister » , a répondu Rino. On le sent : Gattuso a envie d’être proche des tifosi. Proches de ceux qui, il y a un an, n’auraient jamais imaginé se retrouver en deuxième division. L’opération reconquête commence dès maintenant.
Joueur, joueur-entraîneur, joueur, entraîneur
Pour Palerme, la saison 2012/13 a été cauchemardesque. Le club a navigué toute la saison dans la zone de relégation, a entretenu un mince espoir en fin de saison, puis a rendu les armes, se résignant à une relégation désormais inévitable. Giuseppe Sannino, qui a tout tenté pour réussir l’impossible, s’en est allé au Chievo (où un chauve en remplace un autre) et Palerme a dû se trouver un nouveau coach. Maurizio Zamparini, le mange-entraîneur le plus célèbre d’Italie, a regardé autour de lui (si on enlève tous les entraîneurs qu’il a déjà utilisés, il ne reste plus grand monde) et a fini par trancher. Ce sera Gennaro Gattuso. Un Gattuso qui, lui aussi, a vécu une drôle de saison 2012/13. Après 13 années passées au Milan AC, le milieu de terrain a salué son petit monde, et est parti tenter une nouvelle aventure en Suisse, au FC Sion. Une expérience qui a plutôt bien débuté, puisqu’en début de saison, Sion faisait la course en tête dans le championnat helvète. Mais par la suite, les choses se corsent.
Son équipe perd du terrain et le 25 février, le président Christian Constantin (lui aussi un sacré phénomène) vire l’entraîneur et nomme Gattuso au poste d’entraîneur-joueur. Mais le règne de Gattuso ne dure pas. Un mois plus tard, seulement, Constantin nomme Arno Rossini, détenteur de la licence FIFA d’entraîneur, qui vient ainsi épauler Gattuso. Sion termine laborieusement la saison, et le 13 mai, après un revers 5-0 contre Saint-Gall, les deux hommes sont définitivement licenciés. Gattuso redevient un simple joueur, mais, à cause d’une blessure, ne rejouera pas le moindre match. Sa carrière de footballeur s’achève ainsi. Un temps, l’idée de rentrer en Italie pour rechausser les crampons lui traverse l’esprit. Mais l’offre de Zamparini le séduit. Il s’agit là d’un véritable défi, et, tout au long de sa carrière, Gattuso a été un homme de défis. Pas le genre de coureur à se défiler au pied d’un col.
Remplir le stade
Pour Gattuso, il va donc s’agir de la première vraie expérience en tant que coach. Un joueur qui, au cours de sa carrière, a côtoyé de grands entraîneurs, d’Ancelotti à Allegri, en passant par Delio Rossi du temps de la Salernitana. Il a assimilé les recettes de chacun et va tenter de les réutiliser à sa sauce. « Mon credo ? De l’implication et des joueurs qui mouillent le maillot. Je n’ai pas encore choisi le schéma tactique, j’hésite encore entre un 4-2-3-1 et un 4-3-1-2 » , a-t-il affirmé sur #askGattuso. Depuis de nombreuses saisons, Palerme fait exploser de très bons joueurs (Cavani et Pastore en tête), mais a souvent du mal à les conserver sur le long terme. Gattuso a les idées claires sur la question : il veut tenter de conserver tout le monde et de valoriser les éléments les plus talentueux, comme le jeune Argentin Dybala, qui a eu du mal à s’imposer la saison dernière. « Dybala est un patrimoine du club. Nous ferons tout pour le valoriser immédiatement. Il s’adaptera à nos exigences, car il est au centre de notre projet » , a-t-il expliqué.
Des joueurs de talent, mais aussi des jeunes. Voilà ce que veut Gattuso le Calabrais pour son Palerme. « Nous allons miser sur des jeunes, comme Sanseverino, Embalo ou Malele. Lafferty est une très bonne recrue, il doit encore s’habituer au football italien » , a-t-il encore écrit sur #askGattuso. Mais avant tout, ce que veut ce bon vieux Rino, c’est du monde au stade. La saison dernière, le stadio Barbera n’a été rempli qu’à 49,8% tout au long de la saison, pour une moyenne de 18 111 spectateurs dans les tribunes. Trop peu, surtout lorsque l’on sait à quel point les Siciliens sont en règle générale fiers de leurs couleurs. « J’ai déjà senti l’affection des gens ici, et je veux ramener cet enthousiasme au stadio Barbera » , a réaffirmé la Gattouse. Un enthousiasme que l’ancien Rossonero ne veut pas seulement ressentir sur Twitter. La Serie B débutera le 23 août prochain. Gattuso a un mois et demi pour accomplir sa campagne de séduction.
Eric Maggiori