- France
- Olympique de Marseille
Gattuso à l’OM, un mariage brûlant
Pour succéder à Marcelino et à l’intérimaire Pancho Abardonado sur le banc de l’OM, Pablo Longoria a jeté son dévolu sur Gennaro Gattuso. Une décision en totale contradiction avec les choix faits depuis le début de l’été, mais qui a le mérite de réinjecter du caractère à une équipe qui en manque terriblement.
« Quand on joue un Classique avec aussi peu d’envie, ça n’est pas possible. Faut plus leur rentrer dedans. Là, on les a trop respectés. […] Je pense qu’on a manqué un peu de couilles ce soir », disait tendrement Samuel Gigot quelques secondes après avoir été au cœur d’un naufrage collectif dimanche soir sur la pelouse du Parc des Princes. Son constat était lucide, c’est déjà ça, et il a sans doute mis la puce à l’oreille de Pablo Longoria sur ce qui manque cruellement à son vestiaire depuis le début de la saison. Le président de l’OM, qui s’était mis quelques jours en retrait pour prendre du recul sur les événements qui se sont déroulés au sein du club récemment, a remis le bleu de chauffe et rapidement choisi Gennaro Gattuso – après avoir essuyé une réponse négative de Christophe Galtier – pour venir secouer les Phocéens, et ce, dès ce mercredi. Marseille, qui a perdu cet été trois grandes gueules avec les départs consécutifs d’Igor Tudor, Dimitri Payet et Mattéo Guendouzi, va au moins retrouver un aboyeur capable d’élever la voix s’il le faut. Et ce n’est pas de trop.
Une piqûre de caractère pour un groupe bien trop lisse
Le fantasme d’un retour de Tudor, dont le nom aurait à nouveau été soufflé à la Commanderie ces derniers jours, ou même de celui de Jorge Sampaoli, dont la séparation avec Flamengo semble imminente, a vite été balayé. Il est clair que le poste laissé vacant par Marcelino la semaine passée est plein d’épines et qu’il peut effrayer bon nombre de candidats. Qui a vraiment envie de débarquer sur le banc d’un club au contexte brûlant, qui va devoir se coltiner notamment Monaco, Brighton, Nice, Lyon, Lille, Lens et l’Ajax lors des deux prochains mois ? Il fallait forcément un profil à qui rien ne peut vraiment faire peur, et sur le papier, qui de mieux pour répondre à ce critère que l’insubmersible Gattuso ? Il est cependant de plus en plus compliqué de lire dans le jeu de Pablo Longoria, qui a donc souhaité avoir l’extrême opposé de Marcelino pour reprendre le flambeau. Après le match nul insipide face à Toulouse (0-0), qui aura été l’allumette d’un feu géant, Longoria avait fini par concéder s’être trompé sur le choix de l’entraîneur. Au point donc de changer drastiquement de cap quelques jours plus tard, et de réinjecter une bonne dose de caractère à une équipe très gentille, pour ne pas dire beaucoup trop lisse.
Si le match nul face à l’Ajax n’a finalement été qu’une illusion, la gifle reçue à Paris (4-0) a au moins eu le mérite de remettre Marseille à sa place. En se séparant cet été de Payet et de Guendouzi – et même de Steve Mandanda et de Boubacar Kamara encore avant –, l’OM a perdu une bonne partie de son identité. Le capitaine actuel s’appelle Valentin Rongier, et il a été terriblement exposé à ses limites sur les deux dernières sorties de son équipe. Surtout, il n’a jamais vraiment élevé la voix pour remobiliser les troupes quand le bateau a coulé. Chancel Mbemba ne pouvait pas dire grand-chose, lui qui est aussi dans une crise de confiance assez profonde, et seul le timide Pau López a osé sortir un tout petit peu de sa boîte. Le reste de l’effectif correspond à une troupe de joueurs arrivés récemment au club et qui, par conséquent, n’estime peut-être pas avoir à endosser autant de responsabilités. En somme, il manque assez clairement un chef de meute, que la direction de l’OM espère avoir trouvé en Gattuso.
Le mariage de l’instabilité
Que Marseille ne s’y trompe pas, tous les maux du club ne vont pas disparaître en un claquement de doigts avec l’arrivée du pompier Gattuso. Celui-ci est passé par des grands clubs, que ce soit dans son costume de joueur ou dans celui d’entraîneur, mais sa réputation de technicien reste encore totalement à établir. Depuis 2013, Rino a déjà connu huit clubs (et donc neuf avec l’OM), pour un seul petit titre, une Coupe d’Italie glanée à Naples en 2020. L’ancien champion du monde 2006, qui avait été évoqué du côté de Lyon il y a quelques semaines, n’est pas vraiment gage de stabilité puisqu’il n’a jamais dirigé plus de 83 matchs avec un club, et son expérience la plus longue était à Milan où il n’est même pas resté deux saisons pleines. Pire encore : il possède déjà deux licenciements et trois démissions à son actif, dont l’une à la Fiorentina au cœur de l’été 2021, où il n’avait posé ses bagages que pour… 23 jours, faute d’entente avec ses dirigeants sur le mercato. L’OM décide donc, une fois de plus, de sauter dans l’inconnu, et le mariage s’annonce pour sûr explosif. Reste à savoir si la lune de miel arrivera avant le divorce.
Par Alexandre Lejeune