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Gaspard Gantzer : « Le président respecte profondément les footballeurs »

Propos recueillis par Nicolas Kssis-Martov
Gaspard Gantzer : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le président respecte profondément les footballeurs<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ancien responsable de la com présidentielle de François Hollande, Gaspard Gantzer est sorti de l’ombre après avoir finalement refusé une investiture « en marche » du coté de Rennes pour les législatives 2017. Il faut dire que l’homme connaît aussi bien l’ancien que le nouveau chef de l’État. Il est donc bien placé pour nous détailler quelle place occupe désormais le foot dans les ors de la République.

Avant d’arriver au palais de l’Élysée avec l’élection de François Hollande en 2012, vous étiez au même poste à la mairie de Paris, un vrai bonheur quand on supporte le PSG, non ?Si je suis supporter du PSG, c’est parce que je suis natif de la capitale. Je suis d’une génération qui a commencé par expérimenter les périodes difficiles. Je suis né en 1979, j’étais donc bien trop jeune pour goûter pleinement la joie du titre de 1986. Après, il faut bien le reconnaître, nous avons surtout traversé de longues années de vaches maigres qui ne se sont vraiment arrêtées qu’avec l’arrivée de Canal+, les épopées dans les diverses coupes d’Europe, l’arrivée de grands joueurs, etc. J’allais pourtant régulièrement au Parc des Princes, en Auteuil rouge. Mais, effectivement, une fois que j’ai commencé à travailler auprès de Bertrand Delanoë, je me suis plutôt installé en tribune Paris.

Vous avez vécu un quinquennat de « foot et politique » au plus près du pouvoir. Quels en ont été les souvenirs les plus marquants ?Forcément, cela demeurera ce terrible soir de France-Allemagne le 13 novembre 2015. Nous étions au Stade de France, quand nous avons appris l’horreur des attentats en plein milieu de la rencontre. Personnellement, je ne me souviens même plus d’avoir su le résultat final de la rencontre, ou de m’en rappeler encore aujourd’hui. Tout a été dit sur ce moment dramatique, l’instant reste gravé à jamais.

Et on suppose, sans surprise, pour le versant positif, le parcours des Bleus lors de l’Euro 2016 ?À domicile en plus. Avec toutes les craintes sur son organisation. Cependant, ce fut surtout le plaisir éprouvé au niveau du foot pur, la satisfaction de retrouver les Bleus, qu’ils nous offrent cette aventure. Cette montée en puissance au fil des rencontres. Ce premier tour où ils ont été les maîtres du suspense, jusqu’aux dernières minutes. Avec le summum de la victoire en demi-finale à Marseille contre l’Allemagne. Bon, la fin gâche un peu le tableau avec cette déprimante défaite contre le Portugal… Mais l’impression demeure celle d’un immense plaisir. Juste avant le début de la compétition, François Hollande m’avait confié à son retour de Clairefontaine, où il avait passé pas mal de temps avec l’équipe et le staff, qu’il avait le sentiment que les Bleus pouvaient réaliser quelque chose. Que le groupe lui avait donné l’impression d’avoir un très bon esprit, que les joueurs semblaient soudés, déterminés, confiants. Il n’a pas eu tort, pour le coup.

Il avait beaucoup de mal à quitter le stade après les victoires, comme si l’envie demeurait forte de prolonger l’instant le plus longtemps possible, de savourer cette sensation jusqu’au bout.

Justement, à ce propos, Karim Benzema, dans une interview accordée récemment à L’Équipe, avançait que son éviction des Bleus avait été voulue au plus haut sommet de l’État. Il citait notamment le Premier ministre d’alors, Manuel Valls, et même le président de la République… Je n’ai jamais rien vu ni entendu de tel. Le président s’est toujours refusé d’intervenir de la sorte. Ce n’est pas sa philosophie sur le sujet. Personne n’ignore qu’il s’avère un grand passionné de football, tout le monde est au courant. Il a laissé le sélectionneur libre de ses choix.

Une autre polémique avait suivi les propos qui lui avait été prêtés dans le livre Un président ne devrait pas dire cela concernant le besoin des footballeurs de « muscler » leur cerveau ? Nous avons clairement décidé de ne pas réagir à ce livre page par page, cela nous aurait absorbé trop de temps. La seule chose que je peux répondre aujourd’hui, c’est que le président respecte profondément l’équipe de France et, plus largement, les footballeurs professionnels… Rien à ajouter d’autre.

Et justement cette fameuse passion pour le foot, qu’en retenez-vous exactement pour l’avoir vécue au quotidien auprès de lui ?Il reste très affectif. Il a gardé une tendresse depuis sa petite enfance pour Rouen. Ensuite, ce qui est moins connu, pour l’AS Monaco, du fait qu’il allait en vacances dans le sud, sur la Côte d’azur. Et aussi le Red Star pour le versant « région parisienne » de sa vie. Il peut se montrer très impulsif. Lors d’un match des Bleus durant l’Euro, il s’est levé brusquement après un but et a poussé de la main Noël Le Graët. Je me souviens de la tête qu’a tirée le président de la FFF après s’être retourné, quand il s’est rendu compte de qui venait de le bousculer. Dans le même ordre d’idée, il avait beaucoup de mal à quitter le stade après les victoires, comme si l’envie demeurait forte de prolonger l’instant le plus longtemps possible, de savourer cette sensation jusqu’au bout.


Vous connaissez aussi Emmanuel Macron, le nouveau président de la République qui ne cache pas son penchant pour Marseille. En dehors de toutes considérations politiques, cela ne vous gênait pas ?Ce n’est pas nouveau. On se chambrait souvent quand nous étions ensemble à l’ENA à Strasbourg. J’étais plus à l’aise alors, l’OM ne vivait pas franchement des saisons très flamboyantes, Lyon trustait la L1 et, de mon coté, un supporter parisien savait encaisser les mauvaises nouvelles. Emmanuel Macron a beaucoup souffert alors. Espérons pour lui que le renouveau actuel se confirme. La roue tourne. Cette saison, le PSG a pour le moins été chahuté, et c’était plutôt lui qui me chambrait. Gentiment bien sûr. Après, je n’ai pas eu la chance d’assister a des discussions foot entre l’ancien et le nouveau président, notamment quand il était son ministre de l’Économie. Et j’ignore s’il y en a eu, il faudrait leur demander…

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Propos recueillis par Nicolas Kssis-Martov

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