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- Pays de Galles-Autriche (2-1)
Gareth Bale ne meurt jamais
Auteur d’un doublé face à l’Autriche ce jeudi soir (2-1), Gareth Bale a été le principal artisan de la qualification galloise pour la finale des barrages au Mondial 2022. Une prestation complète et la preuve, s’il en fallait une, que l’attaquant est peut-être fini pour le Real Madrid, mais pas pour le football.
Il aura suffi de 90 minutes et de deux actions, qualifiées de « vintage individual performance » par la BBC, pour voir Gareth Bale se remettre en selle. Devant l’Autriche et les 33 000 spectateurs du Cardiff City Stadium, le capitaine gallois a en effet, une nouvelle fois, endossé son costume de sauveur et de leader afin d’amener les siens à la victoire. Un doublé probant et une qualification à la clé, que l’enfant de Glamorgan a siglé de sa patte caractéristique.
Deux coups de patte du gauche
Le début de son récital, Bale l’a décoré d’un coup franc. Exercice préféré de l’un des meilleurs artificiers de sa génération, ce coup franc a été suffisamment bien fouetté pour atterrir sous la barre de Heinz Lindner (1-0, 25e). La suite, c’est une autre figure de style, cette fois venue d’une récupération dans la surface de réparation adverse et d’un missile croisé dans la lucarne gauche du portier autrichien (2-0, 51e). Du classique. Aux statistiques, Gareth a dès lors ajouté le fond, fort d’une activité intense sur le front de l’attaque des Dragons, brassard de capitaine au bras et 101e cape dans la besace.
Car c’est justement là que se situe la force du joueur de 32 ans. Dans sa capacité à se transcender sous la tunique rouge, malgré les tumultes causés par sa situation en club. Mis au ban du Real Madrid depuis la seconde ère Zidane, Gareth Bale n’a effectivement jamais semblé aussi épanoui que lorsqu’il se trouvait loin de la Maison-Blanche. Affuté, là où de nombreux indésirables se laissent aller, l’intéressé déçoit rarement lorsqu’il dispose d’un temps de jeu adéquat. En témoigne son prêt réussi à Tottenham la saison dernière (16 buts en 34 apparitions). Affaibli par 270 pauvres minutes disputées en cette campagne 2021-2022 (réparties sur cinq matchs, dont aucun n’a été disputé dans son intégralité), difficile donc pour lui de rappeler sa valeur. Cette même valeur oubliée depuis près de deux ans.
La revanche du golfeur nonchalant
En sélection, ce rendement n’en est alors que plus remarqué. Décisif sur les cinq dernières sorties du pays de Galles (cinq réalisations, une passe décisive), Bale a su rester sur la dynamique d’un Euro globalement réussi, achevé en huitièmes de finale. Tirs précis et puissants, chevauchées interminables ou crochets redoutables : cette première manche des barrages au Mondial a su remettre tout cela au goût du jour.
Conscient de son impact et des responsabilités qui lui incombent en équipe nationale, le meilleur buteur de l’histoire du Cymru (38 pions) fait ainsi tout pour effacer cette image de golfeur nonchalant, au profit d’un dévouement sans faille aux Welshmen. Et le retour des Gallois au premier plan footballistique n’en est qu’une légitime illustration. « Je peux vous affirmer que je suis en excellente forme pour ces barrages, narrait-il dans les colonnes du Guardian avant de défier l’Autriche. De toute façon, même si j’étais blessé, j’aurais joué, je me serais battu jusqu’au bout et j’aurais tout laissé sur le terrain. Pour mon pays, je mets tout. » Une déclaration qui, derrière ses airs de poncif, dévoile en fait l’état d’esprit d’un vieux briscard, désireux d’amener un effectif émergent vers des sommets bien connus de sa personne : « De beaux moments en sélection, moi j’en ai vécu. Et cette expérience, elle doit désormais servir à ce nouveau groupe. Je ne pense absolument à rien, mis à part à la sélection. Je ne me préoccupe ni de ma situation en club, ni de ce que disent les gens, ni de mon futur. L’objectif, c’est de voir le peuple gallois vivre une Coupe du monde ! »
À une marche du rêve absolu, le pays de Galles peut donc compter sur son Gareth Bale. Capitaine, leader technique et, surtout, joueur loin d’être arrivé à son terme.
Par Adel Bentaha