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Gareth Bale a-t-il sa place dans l’histoire du Real Madrid ?
S'il a passé ces derniers mois à faire le pitre en dehors du terrain et à taper la balle de golf plutôt que le ballon, Gareth Bale aurait peut-être mérité de quitter le Real Madrid avec davantage de reconnaissance. Car même s'il s'est mal terminé, son passage en Espagne a constitué une réussite. Avec d'innombrables titres à la clé, des exploits personnels de toute beauté et des émotions insensées.
C’est officiel, Gareth Bale est de retour à Tottenham. C’est officiel, Gareth Bale a retrouvé le sourire du footballeur (et non du golfeur). C’est officiel, Gareth Bale ne laissera pas de trace indélébile dans le club qu’il vient de quitter… Vraiment ? Si les deux premières affirmations sont actées depuis l’annonce du prêt du joueur dans son ancienne teamsept ans après lui avoir dit au revoir, beaucoup considèrent également la troisième comme une réalité. Avec, pour argument principal, une fin d’aventure totalement lunaire en Espagne.
Bale. Is. Back. Welcome home, @GarethBale11 ? #BaleIsBack ⚪️ #COYS pic.twitter.com/iOIWC2ZwtC
— Tottenham Hotspur (@SpursOfficial) September 19, 2020
Déclarations provocatrices, irrespect pour l’entité qui l’emploie, manque d’investissement évident sur le plan sportif, multiples blessures, sombre relation avec Zinédine Zidane, conflit avec la direction (au sujet, notamment, de transfert et de salaire), quasiment aucune prestation positive sur le terrain… Depuis deux ans, il paraît clair que ce n’est pas la meilleure personnalité de l’homme, ni le meilleur visage du footballeur qui ont été donnés à voir. Reste que ce passage à vide ne peut, ne doit pas occulter ce qui a précédé et ce que l’histoire retiendra.
Meilleur buteur britannique de l’étranger, quatre C1…
« Je crois que quelqu’un qui a réalisé ce qu’il a réalisé pour le club devrait mériter un meilleur traitement, je pense que ce que les fans ont fait est honteux et que le club n’a pas aidé », a immédiatement dénoncé Jonathan Barnett à la BBC après la signature de son poulain à Tottenham, à propos des huées que ce dernier a pu entendre de la part des supporters madrilènes ces derniers temps. Or, si sa neutralité peut évidemment être remise en cause, l’agent n’a pas complètement tort. Car les lignes d’ores et déjà écrites, elles, se moquent bien des enfantillages créés par le garçon. Spoiler: nombre de ses lignes concernent l’ami Bale.
D’abord, comme l’a rappelé son protecteur médiatique et financier, le Gallois est devenu à titre personnel le « joueur britannique qui a le plus marqué à l’étranger de l’histoire » avec 80 buts en 171 journées de Liga. Ensuite et surtout, le palmarès de l’ex et nouveau Spur a davantage poussé que sa tignasse depuis son départ d’Angleterre. Et vu l’épaisseur de ses tifs, autant dire que le bonhomme a désormais un curriculum vitae long comme ses cheveux. Parce que quoi qu’on en dise, le chignon aux yeux bleus a fait et fera toujours partie de de la période dorée des Merengues en Ligue des champions. Mieux : le garçon a activement participé aux quatre épopées gagnantes, faisant par exemple l’ultime différence en finale de C1 2018 (quelle inspiration, contre Liverpool…) ou donnant l’avantage décisif à la Maison-Blanche au même stade de la compétition en 2014 (quelle sérénité, face à l’Atlético…).
Titres + émotions = Football
Sur le plan national, idem : Bale s’est goinfré de deux Liga (2017, 2020), et d’une Coupe d’Espagne (2014). Une Coupe d’Espagne qu’il a littéralement offerte au Real, par la seule force de son coup de rein. C’était lors de la finale l’opposant à Barcelone (et durant laquelle il a rejoint Ferenc Puskás et Raúl dans le clan très, très fermé des Madrilènes à avoir planté dans les finales de Coupe du Roi et de LDC la même saison), au bout d’une action restée dans les mémoires de chacun. C’est justement dans ces instants-là que le charme de Gareth s’est déclenché, pendant sept années : avec lui, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, il s’est toujours passé quelque chose au moment où on s’y attendait le moins. Dès lors, certains pourront aisément excuser son attitude exécrable et désinvolte des dernières semaines, compensée par une magie éphémère s’allumant au cœur de soirées fatidiques et une capacité à se faire grand sous la pression.
Au moment de commenter le transfert en conférence de presse, Zidane a en quelque sorte confirmé que les pages des bouquins laisseraient une place non négligeable à l’ailier qu’il a utilisé avec parcimonie : « Je n’ai jamais eu de problème avec Gareth, je sais tout ce qu’il a fait pour le club et personne ne lui enlèvera tout ce qu’il a accompli ici. » Le double Z, pas forcément dans la langue de bois, est bien placé pour en parler. Et en bonne position pour savoir que si le gaucher a déçu, c’est surtout parce le monde entier attendait qu’il se transforme en nouveau CR7 au regard de son coût astronomique (plus de 100 millions d’euros, un record à l’époque). « Il est arrivé ici avec un gros handicap, car nous l’avons payé plus cher que Cristiano Ronaldo. Les supporters attendaient de lui qu’il soit capable de marquer plus de buts et de jouer encore mieux, mais jouer comme Cristiano est déjà tout à fait impossible… » défendait d’ailleurs, en mai 2019, l’ancien président Ramón Calderón sur Sky Sport. Sauf que frustration, déception et insolence ne sauraient jamais réécrire les livres d’histoire.
Par Florian Cadu