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Gare aux princes d’Haïti !
Après un bon match nul arraché contre le Panama (1-1) lors de la première journée de la Gold Cup, les Grenadiers s'apprêtent à se frotter aux favoris de la compétition, les États-Unis. Et pour la bande à Johny Placide et Jean-Jacques Pierre, il s'agit d'aller créer une belle surprise.
À l’image du pays qu’elle représente, l’équipe nationale d’Haïti se relève péniblement du terrible séisme du 12 janvier 2010. Ce jour-là, le bâtiment de la Fédération haïtienne de football s’était effondré, et aucun des officiels présents dans le bâtiment à ce moment-là n’avait survécu. Personnel administratif, entraîneurs et arbitres avaient péri et laissé une équipe orpheline d’une partie de son staff. Sans stade dans lequel évoluer – celui de Port-au-Prince ayant été détruit –, les Grenadiers ont mis du temps à se reconstruire. Aujourd’hui, l’équipe s’est relevée et entend bien faire parler d’elle lors de cette édition de la Gold Cup, la sixième à laquelle elle participe. D’autant qu’elle aborde cette compétition forte de quelques bons résultats. En novembre dernier, la sélection haïtienne avait notamment réussi à décrocher une troisième place encourageante lors de la Coupe caribéenne des nations 2014, lui permettant de se qualifier pour cette nouvelle édition de la Gold Cup. « Grenadiers à l’assaut ! Point de mère, point de fils, tant pis pour ceux qui meurent ! »
Plus de prénoms que de grands noms
Dans leur groupe A, les Grenadiers auront fort à faire s’ils veulent espérer se qualifier pour le tableau final. Mais leur match nul contre le Panama revêt déjà une importance toute particulière pour une équipe composée majoritairement d’inconnus et de quelques prénoms bien connus dans notre petite Ligue 1. Aux cages, on retrouve donc Johny Placide, le Rémois de 27 ans qui n’a pas passé une saison des plus faciles, mais qui porte pourtant le brassard de capitaine en sélection. À ses côtés évoluera Jean-Jacques Pierre, l’ancien joueur du stade Malherbe de Caen prêté au SCO d’Angers en deuxième partie de saison et désormais joueur du Tours FC. Le défenseur central aura sans aucun doute fort à faire face à la Team USA et son Clint Dempsey de gala. Devant, les Rouge et Bleu peuvent compter sur les pieds de Kervens Belfort, meilleur buteur de la dernière Coupe caribéenne des nations et habitué des divisions inférieures françaises, puisqu’ayant évolué au Mans, à Grenoble et à Fréjus Saint-Raphaël.
L’autre atout capable de dynamiter les défenses adverses connaît bien les championnats européens mineurs et compte déjà plus de cinquante sélections avec les Rouge et Bleu. Jean Sony Alcénat, 29 ans, vient de réaliser une bonne saison avec le FC Petrolul Ploiești (Roumanie) et espère bien réitérer ses bonnes performances avec son prochain club, le FC Steaua Bucarest. Au-delà de ses individualités, cette équipe d’Haïti peut compter sur l’expérience d’un homme, son sélectionneur, entraîneur depuis 1982. Marc Collat, natif de la Martinique, a connu onze postes différents, à Reims, à Clermont, au Qatar ou au Paris Saint-Germain, et a même fait partie du staff encadrant l’équipe de France U18 époque Zinedine Zidane. Depuis son arrivée à la tête de la sélection haïtienne, les Grenadiers n’ont perdu que deux rencontres, alors qu’elle restait précédemment sur une série catastrophique de huit défaites, une victoire et un match nul. En bref, les Rouge et Bleu ont quelques armes, certes pas les plus imposantes ni les plus destructrices, mais elles pourraient suffire à faire trembler le bouclier du Captain América. D’autant que le statut d’outsider peut métamorphoser n’importe quelle équipe.
Un peu de Laval à Boston
Ce n’est pas le plus connu, et certainement pas le plus expérimenté, et pourtant, il est celui qui a permis à Haïti de décrocher un point inespéré face au Panama. Duckens Moïse Nazon, 21 ans, joueur du Stade lavallois, en Ligue 2, a délivré son peuple à la 86e minute. Lancé sur la droite du terrain, le jeune Haïtien a fait parler sa vitesse avant de déstabiliser son vis-à-vis avec un double crochet et de crucifier le gardien adverse d’une belle frappe, au Toyota Stadium de Frisco. Étonnamment, celui que l’on surnomme Tango a refusé de célébrer sa perle, créant une mini polémique au pays, l’obligeant à s’excuser publiquement auprès des fans et de ses coéquipiers : « Je tiens à présenter mes excuses à tous mes coéquipiers de la sélection haïtienne de football, en particulier à Jeff Louis et au staff technique. Je n’ai pas de problème personnel avec Jeff, c’est juste que je ne voulais pas trop célébrer ce but. » Aujourd’hui, Duckens Moïse aimerait bien être à nouveau décisif lors du match le plus important de la compétition pour les Grenadiers. Alors, certes, il ne faut pas se le cacher, la prestation face au Panama était loin d’être parfaite, et Haïti a encore de gros progrès à faire, notamment au milieu de terrain, qui peinait à exister lors de la dernière rencontre. Marc Collat a aussi intérêt à faire travailler ses joueurs sur les notions de rigueur défensive, car les errements de Réginal Goreux pourraient coûter bien plus qu’un simple but contre la Team USA. En face, Jozy Altidore, Clint Dempsey et Michael Bradley ne se priveront sans doute pas devant leur public. Mais bon, si les Grenadiers ont eu le temps de bien se reposer à l’hôtel, nul doute qu’ils arriveront déterminés à faire tomber les favoris. Grenadiers à l’assaut !
Grenadye Yo fek ateri Boston! DireKsyon Lotel pou nou repoze! pic.twitter.com/newwKT17ME
— FHF (@fhfhaiti) 9 Juillet 2015
Par Gabriel Cnudde