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Gare à l’orgueil blue
Ce soir à Stamford Bridge, Chelsea reçoit Manchester United avec quasiment plus aucun espoir de titre. Une affaire pliée d'avance ? Pas sûr car les Blues ont plein de bonnes raisons de battre leur plus grand rival.
C’est une douce revanche pour sir Alex Ferguson. Les années passent, les uns et les autres finissent toujours à un moment ou à un autre par débander… sauf lui ! Ce soir à Stamford Bridge, l’éternel prédateur écossais voudra culbuter à la hussarde ce Chelsea qui aura représenté son plus gros défi national depuis plus de six ans (trois titres de champions pour les Blues contre trois aussi à Manchester United). Sur la route d’un nouveau sacre, le dix-neuvième des Red Devils, son douzième personnel, Fergie se fera donc un malin plaisir d’aller s’essuyer les mocassins sur le paillasson bleu. Car il faut bien le dire, en ce moment, il n’y a guère que des bourrins danois (au hasard, ceux du FC Copenhague) pour ne pas piétiner ces Blues en fin de vie.
La disgrâce de Drogba
Oui, il y a une atmosphère de fin d’époque dans le club de Roman Abramovitch. Une époque dorée à dire vrai, débutée en 2004 avec l’arrivée d’un certain José Mourinho (même si Claudio Ranieri, on l’oublie un peu trop souvent, avait posé des fondations essentielles la saison précédente). Mais voilà, les grognards, les tauliers de six années remplies de trophées, sont à bout de souffle et certains ont commencé à payer les premières esquisses de changement. On pense bien entendu à Didier Drogba, jusque-là inamovible leader de l’attaque et désormais scotché sur le banc à regarder Fernando Torres, recruté une blinde cet hiver (58 millions), et continuer sa propre descente aux enfers, ce qui en dit long sur la disgrâce de DD. Évidemment, il n’y a pas que le capitaine de la Côte d’Ivoire qui pose question. L’autre détonateur historique de l’équipe, Frank Lampard, va à peine mieux. Blessé au dos fin août, le milieu de terrain anglais, qui facture en moyenne minimum vingt pions et une dizaine de passes de décisives (quand ça ne tourne pas plutôt autour de la quinzaine), avance au ralenti depuis son retour avec seulement deux petits buts depuis fin décembre. Et encore, à chaque fois sur penalty hein… Et heureusement pour John Terry, le dernier membre du canal historique, a reçu le renfort de celui qui est sans doute le très grand défenseur central de demain, David Luiz. Il n’empêche, malgré le renfort de l’ancien Brésilien de Benfica, on se demande comment (diable) les Blues vont bien faire pour ne pas se faire dévorer tout crus par les Red Devils.
Quelque chose de Marseille-Lyon 2009
Et là, on serait tenté de ne retenir qu’un mot, un seul : orgueil. Car il ne faut pas se raconter de fable, le titre magistralement conquis par Chelsea l’an dernier (106 buts inscrits, meilleure attaque des championnats majeurs) est quasi définitivement perdu avec quinze points de retard (mais un match en moins). Pour chercher une quelconque surmotivation, il faut peut-être ressusciter un souvenir français, quand un Lyon en fin de règne, avait puisé dans ses ressources pour aller gagner au Stade Vélodrome (3-1) et ainsi priver Marseille d’un couronnement au profit de Bordeaux. Pourquoi les Girondins plutôt que les Phocéens ? Question de standing. Les Gones étaient alors intimement persuadés que l’OM était leur vrai rival sur la durée alors que Bordeaux n’était pas suffisamment armé pour prendre durablement le pouvoir. Bien vu, on peut le constater aujourd’hui. On ne serait pas étonné que Chelsea ait la même perception des choses : mieux vaut encore que ce soit Arsenal qui rafle la mise en tablant sur le fait que structurellement, les Gunners ne seront pas assez puissants pour truster les titres par la suite. Au-delà de ce “tout à l’ego”, il y a aussi l’ambition minimum d’aller gratter une qualif en Ligue des Champions, vitale pour conserver une attractivité et une compétitivité dès la saison à venir. Enfin, il y a ce rêve, dont personne ne parle vraiment au regard de la médiocrité actuelle des Blues, mais que l’on ferait bien de garder à l’esprit : la Ligue des Champions. Le dernier défi des Londoniens. Et dans cette optique qui n’exclut pas des retrouvailles sur cette route avec MU, marquer des points et les esprits mancuniens serait toujours bon à prendre, surtout après la blessure jamais cicatrisée de la finale de Moscou perdue aux penos en 2008. Oui, ce soir à Stamford, ce clash en cachera peut-être un autre…
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