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Garcia pas loin de perdre son triple A
Pour la première fois depuis son arrivée à la Roma, Rudi Garcia connaît une mini-crise. La rencontre de ce soir face au Bayern est l'occasion d'opérer quelques petits changements pour relancer la machine. Tu parles d'une occasion...
« On est deuxième en championnat et deuxième de notre groupe. » Rudi Garcia a beau se rassurer, on ne nous la fait pas : il vit bien sa première période délicate sur le banc de la Roma, en attestent les deux petites victoires – contre le Chievo et Cesena à la maison – sur les sept dernières rencontres disputées. Ça tombe bien, toute l’Italie du football était curieuse de voir comment il allait réagir aux premières difficultés, d’autant qu’il est pointé du doigt pour cette assurance affichée un peu trop souvent ces derniers temps. Il faut dire qu’il s’est vite adapté à la mentalité du club. En Italie, on connaît le lion ailé symbole de la République de Venise, mais les ailes de la Louve sont tout aussi légendaires tant elle tend à s’enflammer dès qu’elle a le vent en poupe. Une pointe de suffisance qui s’est ressentie sur son effectif et qui a été payée cash contre le Bayern il y a deux semaines. Après un 7-1, on se remet forcément en question, et après une défaite à Naples également. D’autant que si le score a été moins sévère (0-2), la physionomie du match était similaire. À tout ceci s’ajoutent les nombreux blessés et les premières sautes d’humeur. Remplaçant malgré son statut de meilleur buteur, les propos de Mattia Destro ont été limpides la semaine passée : « Garcia fait ses choix, je ferai les miens en fin de saison. » Des signes qui ne trompent pas.
Totti sorti du onze type, mais pour combien de temps ?
Adepte d’un 4-3-3 qui perd en imprévisibilité, Rudi semble vouloir sortir de ce moment délicat au travers de quelques corrections tactiques. Pour l’occasion, il devait donc sortir un inédit 4-3-1-2 qui lui permet d’aligner tous ses milieux de terrain. La ligne de trois composée de De Rossi, Keita et Nainggolan fera parler ses muscles et sera très difficile à franchir. Aligné en 10, Pjanić pourra exploiter sa vista tout en effectuant un travail de couverture et l’important pressing sur Xabi Alonso. Oui, mais alors qui laisse sa place à un quatrième milieu de terrain ? C’est là que les choses se compliquent. Sacrilège ? Oui et non, même les plus fidèles tifosi de la Roma se rendent compte de la mauvaise passe que vit actuellement Francesco Totti.
Légitimement encensé il y a un peu plus d’un mois après être devenu le plus vieux buteur de la Ligue des champions, ses 38 ans l’ont tout d’un coup rattrapé. Le sens du jeu et la facilité technique restent intactes certes, mais cela s’est avéré insuffisant face à des adversaires plus coriaces. La Roma a enchaîné la Juve, le Bayern et le Napoli avec son capitaine titulaire, des rencontres pratiquement disputées à 10. Un luxe que personne ne peut se permettre, surtout pas à Munich. Reste à savoir si cette petite retouche n’est que temporaire ou si elle perdurera. N’oublions pas que Strootman va bientôt faire son retour et qu’il faudra lui trouver aussi une place au milieu de terrain…
Son titre de reine du mercato remis en question
Cet été, tout le monde s’accordait à dire que la Roma était le club italien qui avait réalisé le meilleur mercato. La théorie laissant place à la pratique, le verdict est en train de changer. Un exemple frappant : pour remédier à la longue indisponibilité de Balzaretti, la Roma a décidé de recruter deux arrières gauches. Problème, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre depuis le début de saison. Cole est, comme prévu, sur le déclin et Cholebas est sympathique, mais limité. Ces deux joueurs ont coûté un total d’un million d’euros, ceci explique peut-être cela. À noter que l’heureux élu devra affronter Robben, qui avait humilié Cole à l’aller.
Un bel effort avait été fait en revanche pour s’offrir les services de Juan Iturbe. Troisième transfert le plus cher de l’histoire du club, acheté au Hellas et arraché à la Juve pour plus de 20 millions d’euros (voire presque 30 si tous les bonus sont atteints). Il devait être la nouveauté du onze de la Roma cette saison, pour le moment, on n’a rien vu de tel. Entre petits tracas physiques et concurrence aguerrie, l’Argentino-Paraguayen tarde à rééditer les performances de l’an passé et glisse doucement, mais sûrement vers un rôle de remplaçant de luxe. Chose qui n’était absolument pas prévue au départ. Alors, il est certes trop tôt pour exprimer des verdicts définitifs concernant ce coup de moins bien, mais les supporters historiquement bipolaires de la Roma auront eux beaucoup moins de patience.
Par Valentin Pauluzzi