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Garcia et les Romains retournent dans l’arène
Rudi Garcia et son AS Rome fêtent leur retour en Ligue des champions face au CSKA Moscou, ce soir, au Stadio Olimpico. L'occasion de faire le point sur les chances du vice-champion italien et de revenir sur les démons européens d'un entraîneur au grand cœur.
Il n’est pas question d’un film de Gustave Kervern et Benoît Delépine, mais du retour de Rudi Garcia sur la piste aux étoiles. Pour le technicien français, le grand soir, c’est aujourd’hui. Après deux saisons successives (2011/2012 et 2012/2013) où le LOSC a terminé bon dernier de sa poule, Garcia s’apprête à retrouver, avec la Roma, le parfum des grandes soirées européennes. Il faut dire qu’en matière de Ligue des champions, le nouvel homme fort de la Louve n’est pas verni. En deux participations avec Lille, le coach romain n’a jamais passé l’obstacle du premier tour, ni même décollé de cette quatrième et dernière place d’ordinaire réservée aux équipes aux noms imprononçables. Auréolés de leur titre de champion de France 2011, Garcia et ses hommes se présentent tout fringants en Champions League à la rentrée 2012. Trois mois et six rencontres plus tard, les Dogues rentrent à la niche la queue entre les pattes et six petits points dans la gamelle. Un an après, on prend les mêmes et on recommence. Malgré un stade flambant neuf et quelques belles recrues à la clé, Garcia et le LOSC se font laver, balayer, défigurer par le Bayern Munich, Valence et même le BATE Borisov. Avec trois points au compteur et cinq défaites en six matchs, Rudi retourne dans son bastion, sans même passer par la case Ligue Europa.
Le salut romain
Trois petits tours et puis s’en vont. Été 2013, celui qui fut nommé meilleur entraîneur de Ligue 1 en 2011 est appelé par les dirigeants de la Roma pour prendre la succession d’Aurelio Andreazzoli sur le banc giallorosso. La suite, on la connaît. Le Français pète les scores, redonne espoir aux tifosi et achève sa saison à la deuxième place avec un total fou de 85 points. À Rome, c’est la libération. Après quatre années d’abstinence européenne, la Louve retrouve enfin la Ligue des champions.
Alors oui, la maigre expérience de Rudi Garcia en C1 est chaotique. Oui, en étant placée dans le chapeau 4, la Roma a sans doute hérité du groupe le plus difficile qui soit (Bayern Munich, Manchester City, CSKA Moscou). Mais qu’importe. Sur les bords du Tibre, on a envie d’y croire. « À Rome, actuellement, il y a un énorme engouement et l’arrivée du nouveau président Pallotta y est pour beaucoup. Il essaye de reconstruire le club de fond en comble en créant un nouveau stade qui devrait être fait d’ici deux ou trois ans, avec des voies de bus, de métro, etc. Et avec ça, il a injecté de l’argent. On achète des joueurs qui sont quand même très intéressants, notamment pour l’avenir. Donc en plus de savoir bien gérer, c’est un super business-man » , affirme Larry Ouali, président du groupe de supporters Roma Club Lille.
Si le vice-champion italien semble être sorti de la crise, il le doit aussi à son entraîneur français, débarqué il y a un an dans un climat particulièrement délétère. En prenant la colère des tifosi à bras le corps après la défaite en Coupe d’Italie contre l’ennemi juré laziale et en apprenant l’italien en quelques semaines, Rudi Garcia s’est mis la communauté romaine dans la poche, en plus d’avoir regonflé le moral des troupes. « Honnêtement, on en est fiers et c’est limite jamais arrivé, poursuit Larry. Rome, et l’Italie de manière générale, sont réputées pour être assez dures avec les dirigeants et les entraîneurs. Quand vous faites deux défaites d’affilé, c’est presque la crise. C’est très rare d’avoir des entraîneurs étrangers qui travaillent vraiment pour avoir une intégration totale. » Rudi a bossé, et ça commence à payer.
Deux sièges pour quatre
Pour la Louve, les choses sérieuses débutent vraiment ce soir. Après deux victoires en championnat, l’armada romaine se frotte au CSKA Moscou, une équipe pour qui la saison a déjà repris depuis sept journées et qui se présentera certainement plus rodée que son adversaire en terres italiennes. Si, pour Rudi Garcia, « le CSKA n’est pas du tout l’équipe la plus faible du groupe en ce moment » , le technicien sait bien qu’un faux pas à l’Olimpico compromettrait déjà les chances de qualification du club, puisqu’il faudra ensuite aller se frotter aux ogres mancuniens et bavarois.
Du côté italien, même si l’optimisme est de mise, bookmakers et supporters ne sont pas dupes. Face aux ogres sportifs et financiers que sont City et le Bayern, les chances de qualification sont bien moins importantes que celles de la Juventus qui affronte Malmö, l’Olympiakos et l’Atlético Madrid. Entre le titre à jouer et cette Ligue des champions qui promet d’être tout sauf une partie de plaisir, Rudi Garcia devra faire au mieux pour, si ce n’est exceller, au moins confirmer le nouvel élan de l’AS Rome. L’objectif n°1, c’est évidemment de sortir de la poule, éventuellement en allant réaliser des exploits en Angleterre et en Allemagne. Ironie du sort, c’est justement face au CSKA que Rudi Garcia, alors entraîneur de Lille, faisait ses grands débuts en Ligue des champions un soir de septembre 2011. Menés 2 à 0 après une heure de jeu, les Moscovites étaient finalement allés chercher le nul 2-2 à Villeneuve-d’Ascq, au grand dam du coach lillois. Si Rudi est parvenu à apprendre l’italien en trois mois, on peut être sûr qu’il a également retenu quelques leçons de russe en trois ans.
Par Morgan Henry