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Garande: « Il vaut mieux établir des responsabilités collectives »

Propos recueillis par Julien Mahieu
Garande: «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Il vaut mieux établir des responsabilités collectives<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

La relégation de Caen en Ligue 2 la saison dernière a sonné la fin de Franck Dumas sur le banc normand. Dans la foulée, c'est son adjoint, Patrice Garande, qui a repris le job. Interview avant la reprise du championnat...

Patrice Garande, êtes-vous anxieux, à la veille (interview réalisée jeudi, ndlr) de vous asseoir sur le banc du Stade Malherbe pour la première fois en match officiel (face au Gazélec, vendredi à 20h30) ?Non, je ne suis pas vraiment inquiet. Je suis seulement impatient, et préparé. Depuis la reprise de l’entraînement, toute mon énergie et tous mes efforts étaient dirigés vers cela et vers la reprise du championnat. On a bien travaillé, je pense qu’on a fait ce qu’il fallait, et surtout, on a la certitude d’avoir fait le maximum pour être prêts. J’ai toute confiance en mon groupe, en l’équipe que je vais aligner… Donc je n’ai pas de raison d’être inquiet.

Êtes-vous satisfait des matches amicaux disputés par le Stade Malherbe (ndlr : 0-0 contre Cherbourg, 1-1 contre Laval, défaite 1-0 contre Rouen, et défaite 2-0 contre Le Havre) ?Ça reste des matches de préparation, et c’est d’ailleurs ce que j’ai dit aux joueurs. Je leur ai dit que c’était normal. Nous avons une nouvelle équipe, et une volonté de régénérer le groupe. Entre les nouveaux joueurs et ceux qui peuvent prétendre aujourd’hui à une place de titulaire, le visage de l’équipe a changé. J’ai un gamin qui jouait en CFA l’an dernier et qui est aujourd’hui titulaire en Ligue 2. Il n’y a rien d’inquiétant dans les résultats de ces matches amicaux. Nous sommes en train de dessiner les contours de la nouvelle équipe, et on essaie d’être prêts le plus rapidement possible. Et puis, la situation est pour tous les clubs la même : entre les transferts tardifs, les difficultés à mettre en place une équipe… Je savais dès ma prise de fonction que ce serait compliqué de tout mettre en place tout de suite, d’autant plus que je ne pouvais pas éluder la réalité économique du club.

L’an dernier, on avait l’impression que le staff caennais était le premier surpris de la spirale négative qui a emmené le club jusque dans la zone rouge…Surpris ? Je ne sais pas si on a le droit d’être surpris. Mais bon… On n’a jamais été relégables, de toute la saison, seulement après la dernière journée (ndlr : et au soir de la 30e journée, également). En fait, on a tout joué sur les deux derniers matches. Et ce qu’on a proposé n’a pas suffi à nous sauver. Il y a toujours des raisons à cela, on a fait une longue analyse avec le reste du staff, pour établir ce qui n’avait pas fonctionné. Une relégation, c’est un tel traumatisme, pour un club, pour ses supporteurs, pour les joueurs, pour tous les gens qui s’investissent…

Justement, est-ce que le Stade Malherbe méritait vraiment de rester en Ligue 1 ?Disons que sur ce qu’on a su proposer à plusieurs reprises, je pense que oui. Après, tout le monde peut produire le même discours. Par exemple, les Sochaliens ont connu une période très difficile également, et ont été tout près de la relégation. Mais on connaît les qualités techniques de cette équipe, et il est légitime pour eux de déclarer qu’ils méritaient de rester en Ligue 1 également. Si on analyse froidement la saison passée, il est clair qu’on n’a pas fait tout ce qu’il fallait pour se maintenir. Toutefois, si on se base sur la préparation, sur l’équipe, sur le jeu qu’on a essayé de produire, sans toujours y parvenir, je pense qu’on avait les moyens de rester dans l’élite.

L’échec du Stade Malherbe doit-il être d’abord imputé aux performances sportives individuelles, souvent loin d’être à la hauteur, ou à l’incapacité de l’équipe à se créer un vrai collectif ?Je considère que c’est un ensemble indissociable, et que tout le monde a sa part de responsabilité. Le staff, en premier lieu, mais aussi, les joueurs, sur le terrain, les dirigeants. On peut aller dans le détail, mais je ne crois pas à ça. Si on avait commencé par pointer du doigt untel ou untel, on aurait été loin de la vérité, et ça n’aurait rien arrangé, puisque de toute façon, nous sommes là où nous sommes. Il vaut mieux établir des responsabilités collectives.

Vous avez déclaré être « l’exact opposé » de Franck Dumas, qui était « indéniablement un pote, un chef de bande » …
(il coupe) Je ne tiens pas tellement à répondre à des questions concernant Franck Dumas. Vous pouvez simplement noter : « Franck Dumas, c’est mon ami » . Je viens de me faire avoir en donnant une interview à sports.fr, mes propos ont été repris, et on pouvait lire à travers les lignes que je dénonçais un certain laisser-aller… C’est complètement faux. Quand j’ai dit que Franck Dumas était un chef de bande, ça n’avait rien de péjoratif. Du tout. Franck Dumas, c’est un manager, et comme quand il était joueur, il était proche de chaque joueur de l’effectif, il aimait passer du temps avec eux.

En quoi le Stade Malherbe de Patrice Garande sera différent de celui de Franck Dumas ?Il sera différent, déjà, de par nos personnalités, et la façon que nous avons de faire notre métier. On a chacun notre façon de faire. Et heureusement qu’il y a un changement, c’est la richesse de ce métier et du football, que chacun puisse apporter son expérience et sa personnalité. Regardez, à Marseille… Si on compare Didier Deschamps et Elie Baup, bon ben ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre, au niveau du caractère, des méthodes… Même s’ils peuvent avoir les mêmes conceptions de jeu, sur la forme, ils n’ont pas du tout la même façon de faire passer leur message.

Et comment ferez-vous passer votre message ?Pour commencer, je leur ai parlé du comportement, avant de parler du jeu. C’est quelque chose qui est primordial, pour les joueurs comme pour l’entraîneur. Chacun a des droits et des devoirs. J’estime qu’au Stade Malherbe, tous les joueurs sont respectés, et ça implique que chacun d’entre eux a des devoirs. On ne va pas commencer à remercier les joueurs d’arriver à l’heure à l’entraînement. Je n’ai pas manqué de faire référence à ce qu’il s’est passé en équipe de France, d’ailleurs, même si le travail sur le comportement était déjà au centre de mes préoccupations avant tout cela. Quand on est dans une entreprise, il y a un cadre de vie et de travail à respecter, ce n’est pas propre au foot. Pour résumer tout cela en une phrase : il faut que les gens apprennent à respecter leur entreprise, leur employeur, leur club. Parce que le club est plus important que tout le reste. Chaque club est avant tout un nom, mais aussi une structure, qui englobe un staff, des supporters, un service administratif… En fait, ça me semble irréel de devoir parler de ça, mais aujourd’hui, ça semble nécessaire. On a le droit de perdre, mais il faut qu’on soit convaincus d’avoir fait tout ce qu’il fallait pour gagner. Il faut que les comportements changent au quotidien, qu’ils deviennent une habitude. Les jeunes ont parfois besoin d’entendre ça. Mais il faut avant tout qu’ils soient conscients que dans le football, le plaisir n’existe que dans la victoire, et la victoire implique avant tout un comportement adapté aux exigences du haut niveau.

Êtes-vous d’accord pour dire que le SMC repart aujourd’hui complètement de zéro, puisqu’à la relégation s’est ajouté le départ de la quasi-totalité des cadres que comptait l’équipe (ndlr : Frau, Nivet, Proment, Thébaux, Hamouma, Heurtaux, Bulot, sans doute bientôt Niang) ?Non, on ne repart pas de zéro… Nous avons des structures en place, un centre de formation, beaucoup de choses sur lesquelles je vais m’appuyer, d’ailleurs. En revanche, c’est indéniablement un nouveau cycle, et le plus important, c’est de recréer une dynamique. Il nous faut digérer ce qu’il s’est passé, par le travail et par les résultats. Nous avons également un public à reconquérir, et pour cela, encore une fois, il faut évoluer dans notre comportement. On ne repart donc pas de zéro, mais avec l’intention de créer quelque chose de nouveau. Et puis, heureusement, malgré une réalité économique difficile, on a toujours des partenaires qui nous sont fidèles et qui croient en nos valeurs.

Tactiquement, du moins, tout est à reconstruire, au vu du nombre de départs et d’arrivées, quelles sont vos priorités ?Sur le plan du système, on va rester sur ce qu’on avait mis en place l’an dernier. On va se concentrer sur ce qu’on sait faire, en tentant de retrouver au plus vite un collectif, dans lequel seront impliqués les nouveaux joueurs. Notre premier chantier, déjà, c’était de retrouver une bonne assise défensive. Une fois qu’on est parvenus à trouver un équilibre en défense, on peut passer au reste. Ce qui prend davantage de temps et qui implique davantage de travail, c’est ce qu’on veut faire du ballon une fois qu’on l’a dans les pieds. Mais l’important, c’est de croire en ce que l’on fait. Il faut avoir un esprit de compétiteur et croire en ce que l’on fait. Je suis persuadé que ça va fonctionner, et si ce n’est pas tout de suite, ce sera à moyen terme. J’essaie d’impliquer chacun de mes joueurs, et j’attends d’eux un vrai retour sur ce que l’on fait. Parce qu’il faut qu’ils adhèrent au projet, et qu’ils y croient également.

Avez-vous un modèle ou une référence sur le plan tactique, en tant qu’entraîneur ?Je retiens surtout deux personnes, même si tous les entraîneurs que j’ai côtoyés m’ont apporté quelque chose. J’ai commencé avec Guy Roux à l’époque, et j’ai appris énormément à son contact. Même si à l’époque, le football n’était pas le même… D’ailleurs, on pratiquait encore le marquage individuel. Quand je jouais ailier gauche, je devais marquer l’arrière-droit pendant tout le match… Qu’est-ce que je courais ! (rires) Ensuite, j’ai eu la chance de rejoindre Nantes, entraîné par Coco Suaudeau. Bon, je suis arrivé là-bas, et je me suis blessé au bout de cinq matches. Finalement, c’était presque un mal pour un bien, parce que ça m’a donné l’opportunité d’observer, et d’apprendre. Coco, à l’époque, il avait dix ans d’avance sur tout le monde : le jeu à trois, les déplacements, le jeu de passes… Alors évidemment, je n’essaie pas de copier tout cela, mais je tente de m’en inspirer. Bon, le truc, avec Coco Suaudeau, c’est qu’en arrivant d’Auxerre à Nantes (en 1986), il aurait fallu que je « désaprenne » tout ce que j’avais appris. J’avais fini meilleur buteur de D1 (au cours de la saison 83-84, 21 buts en 37 matches) et tout d’un coup, on me disait « Tu ne sais pas courir » , « Il ne fallait pas tirer comme ça » . Je me disais, « C’est qui ce mec-là ? C’est un extra-terrestre, ou quoi ? » .

Vous avez gardé le contact avec Jean-Claude Suaudeau ?Non, malheureusement. Mais c’est marrant que vous parliez de ça, j’ai eu Robert Budzynski au téléphone, il y a trois ou quatre jours, et je lui ai dit : « Tu passes le bonjour à Coco ! »

Le Stade Malherbe de Caen a-t-il réellement une chance de retrouver la Ligue 1 dès la saison prochaine ?Je ne peux pas promettre cela. C’est impossible. Mais je crois que si on réussit à acquérir ces valeurs dont je parlais tout à l’heure, on a un groupe en mesure de jouer les cinq premières places. L’objectif, on ne se le cache pas, c’est de remonter le plus vite possible. Et si on a l’occasion de le faire dès cette année, on ne va pas se priver. Après, une saison de championnat est très longue, et il faut prendre en compte les blessures. Actuellement, nous sommes privés de beaucoup de joueurs (Nangis, Musavu-King, Lazarevic, Leca)… On a pris Jean-Jacques Pierre parce qu’on n’avait plus que deux défenseurs centraux… J’espère encore que d’autres joueurs nous rejoindront. On vient de signer un nouveau garçon, là (ndlr : Cuvillier, prêté par Nancy).

Il semble que des clubs très prestigieux s’arrachent le jeune Mbaye Niang… A-t-on une chance malgré tout de le voir évoluer en Ligue 2 cette saison ?Lui, il a envie de partir. Mais ce sont Alain (ndlr : Cavéglia) et Jean-François (Fortin) qui s’en occupent. Par contre, quand je lis certains trucs sur Internet, je trouve ça délirant. Il paraît qu’on aurait refusé une offre de 6 ou 7 millions ! (rires) Pour 6 millions, on l’emmène nous-mêmes en Angleterre, Mbaye. C’est n’importe quoi. Enfin bon, le joueur a envie de partir, je pense que ça va se faire. Et s’il reste, il fera bien évidemment partie de mes plans.

N’est-il pas un peu dommage de vendre un joueur annoncé comme extrêmement talentueux si jeune, sans avoir pu profiter du travail effectué par le centre de formation ?Oui, mais ça, on ne peut pas faire autrement. Nous sommes en Ligue 2, aujourd’hui. Si nous étions restés en Ligue 1, on aurait sans doute eu une toute autre réflexion. Mais aujourd’hui, on passe d’un budget de 32 ou 33 millions à 15 ou 16. Avant de faire quoi que ce soit, il faut équilibrer les comptes. Et puis de toute façon, c’est la vocation du club, d’être formateur, même si parfois, comme c’est le cas avec Mbaye, on manque de temps. Mais on a su profiter de Youssef El Arabi, de Yoan Gouffran, de Ronald Zubar…

Vous avez été médaillé d’or aux JO de Los Angeles en 1984, aux côtés de Bijotat, Touré ou Lacombe. Quels souvenirs en gardez-vous ?C’était fabuleux. Pour moi, c’est le plus grand souvenir de toute ma carrière. Les JO, c’est la plus grande compétition au monde. C’est une toute autre dimension que la Coupe du Monde, qui est une compétition propre au football. Ce que j’ai vécu là-bas est exceptionnel. Aujourd’hui, d’ailleurs, les plus grands, ceux qui ont déjà gagné la Coupe du Monde, ils veulent jouer les Jeux Olympiques. D’ailleurs, c’est lors de ces Jeux Olympiques que j’ai pris conscience que nous, les footballeurs, sommes incroyablement assistés. Nous, on arrive, tout est prêt, on rentre sur le terrain. La plupart des athlètes, ils sont seuls. J’ai vu Joseph Mahmoud prendre le bus, tout seul, pour aller courir, et puis rentrer. Et il a décroché une médaille, au 1 500 mètres steeple, je crois (ndlr : médaille d’argent au 3 000 mètres steeple, en fait). Les JO, ce sont des sensations uniques. Il y a tous les sports, tous les pays. D’ailleurs, c’était la première année où les pros avaient le droit de participer aux Jeux, dans le football. En fait, c’était parce que certains pays de l’Est alignaient la même équipe aux JO et à la Coupe du Monde, parce que leurs joueurs n’étaient prétendument pas professionnels. Mais pour les autres sélections, il fallait des joueurs qui n’avaient aucune sélection en équipe A. Et puis, il faut se rappeler que notre médaille d’or est la première collective décrochée par la France. Je n’avais pris conscience de l’impact de tout cela qu’en rentrant, et en regardant une rétrospective, à la télé.

Du coup, vous allez suivre les JO de Londres ?Ah bah là, je suis comme un fou, je vais suivre tout ça avec attention !

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Propos recueillis par Julien Mahieu

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