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Gameiro en a fini avec les bouteilles d’eau
Abonné un an durant au banc de touche parisien, Kevin Gameiro retrouve l'allégresse des terrains sous la liquette du FC Séville. Un nouveau départ réussi qui demande un coup d'éclat. Et quelle meilleure piste aux étoiles que le Santiago Bernabéu pour se rappeler aux Bleus ?
« Mon tempérament est ressorti. Il y a des moments où tu dois le laisser aller, cela m’a fait du bien » . Kevin Gameiro a définitivement tiré un trait sur sa période parisienne. Et ne regrette pas son shoot dans les bouteilles d’eau troyennes. En substance, tel est le message délivré par l’ancien Lorientais, aujourd’hui joueur du FC Séville. Loin de la nébuleuse du Parc des Princes, il s’apprête à fouler pour la première fois la pelouse du Santiago Bernabéu. Dans la peau d’un buteur retrouvé et dans celle d’un joueur apaisé. En trois mois de vie dans la capitale andalouse, Gameiro a ré-apprivoisé les prés et s’est intégré dans une équipe en pleine mutation. Titulaire inamovible du système d’Unai Emery, il a participé à toutes les rencontres des Palanganas. Suffisant pour être le second meilleur buteur du club. Insuffisant pour se rappeler au bon souvenir de Didier Deschamps. Car plus qu’un choix du cœur, son départ vers l’Espagne a été dicté par l’envie de revêtir le maillot des Bleus.
La difficile succession de Negredo
Attiré fin juillet contre 7,5 millions d’euros au Sanchez-Pizjuán, Kevin Gameiro endosse la lourde responsabilité de remplacer numériquement le padre du FC Séville. Avec ses 86 buts en 180 matchs, Álvaro Negredo était le buteur et capitaine du navire Del Nido. Un chèque mancunien de 27 millions d’euros le fera quitter la zone de Schengen. Plus rapide que déménageur, le Français n’a pas choisi la simplicité. D’autant que les pourvoyeurs de ballons (Gary Medel, Geoffrey Kondogbia, et autres Jesús Navas) se sont barrés avec Negredo et que le Français a à peine posé le pied en Espagne qu’il s’est blessé au premier entraînement. Avec Unai Emery en guide, Gameiro trouve néanmoins un appui de choix. Apôtre d’un jeu de mouvement tourné vers l’offensive, l’entraîneur basque est un relais parfait pour l’ancien Parisien. Dès ses premières minutes – l’amical face à Manchester United – Gameiro impressionne. S’il avoue « ne pas encore être à 100% de (s)es capacités » , son acquisition est vite rangée dans la catégorie « bonne pioche » par les fans.
La confirmation vient dès la 3e journée de championnat. Face à Málaga, Kevin Gameiro inscrit ses deux premières banderilles, et permet au FC Séville de ramener le point du nul (2-2). Loin de la pression parisienne qui l’obligeait à marquer lors de ses rares apparitions, il s’amuse. Mieux, il continue à planter. Avec ses quatre buts en Liga et ses deux en Europa League, il n’est qu’à une unité derrière le polyvalent Rakitić. Des débuts arithmétiques prometteurs qui se conjuguent à de bonnes sensations : « Mentalement je me sens bien et physiquement je suis au top. Je n’ai jamais réalisé des entraînements avec tant d’engagement et cela m’aide à aller au contact et à accélérer » . En se fixant un objectif de « 20 buts, ce qui ne serait pas trop mal pour commencer » , Gameiro espère susciter la curiosité de Didier Deschamps. Problème : si la Real Sociedad, qualifiée en C1, est déjà une équipe difficile à voir pour la Dèche, que dire du FC Séville et de sa modique participation à l’Europa League ?
Les Bleus, « pas une obsession »
Pour ce faire, Kevin Gameiro doit se montrer. Ce déplacement au Santiago Bernabéu est une formidable caisse de résonance. Dans un duel à distance pas si déséquilibré qu’il n’y paraît avec Karim Benzema, le Sévillan d’adoption peut marquer plus que les esprits. Face à une défense permissive comme celle du Real Madrid, fort est à parier qu’il disposera d’occasions. Car si comme il l’espère « en marquant des buts et en jouant bien, ça (une convocation avec les Bleus, ndlr) arrivera » , il devra cravacher. Et poursuivre son opération de communication dans des médias de plus en plus éloignés. Symbole de ce nouveau visage plus assagi, Kevin Gameiro explique ne rien regretter : « Je ne me repens absolument pas d’être parti du PSG, je ne pouvais pas revivre une saison comme celle de l’an dernier. (…) Mais je suis très content d’avoir joué pour ce club et ses supporters » . Bref, un numéro médiatique d’équilibriste, histoire de brosser tout le monde dans le sens du poil. Alors, quand il assure que sa quête des Bleus « est quelque chose de naturel, pas une obsession » , laissons-lui le bénéfice du doute. Les bouteilles livreront leur verdict.
Par Robin Delorme, à Madrid