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- J20
- Dijon-Lille (1-0)
Galtier, les peintres et le nombril
Lille est aussi inconsistant à l’extérieur que performant à domicile. La preuve : dimanche, les Dogues se sont inclinés à Dijon (1-0), après avoir longtemps évolué en supériorité numérique. Un échec qui a provoqué la colère de Christophe Galtier.
Au stade Gaston-Gérard, le vestiaire des visiteurs est accolé à la salle de presse, où les entraîneurs viennent déverser la bonne parole après les matchs. En général, les bruits qui s’en échappent sont des cris de joie après une victoire, ou ceux d’une sono qui crache des décibels. Dimanche, Christophe Galtier a gueulé à lui tout seul plus fort qu’une armée de braillards en short. Le mur séparant le vestiaire de la salle de presse a beau être épais, les premiers journalistes arrivés sur place n’en ont pas perdu une miette. Il suffisait juste de s’asseoir pour entendre « Galette » dire tout le mal qu’il avait pensé de la prestation de ses joueurs, une nouvelle fois battus à l’extérieur par une équipe en lutte pour le maintien.
La troisième plus mauvaise formation de Ligue 1 à l’extérieur
Le LOSC s’était déjà incliné à Amiens (1-0) et Toulouse (2-1) avant ce nouveau raté à l’extérieur, ce qui fait de lui la troisième plus mauvaise formation de Ligue 1 à l’extérieur, avec seulement cinq points. Et cette litanie de contre-performances a poussé Galtier à hurler dans le vestiaire qu’il « en avait marre de perdre contre des équipes de peintres » . Les Amiénois, Toulousains et Dijonnais apprécieront, même si le coach des Dogues, sans chercher à nier ses paroles, s’est excusé : « C’est de la colère. J’ai parlé d’équipes qui luttent pour le maintien, et à chaque fois, on perd de la même façon. » Chaque match a son scénario, et celui de dimanche risque de pourrir les journées à venir de Galtier. Car son équipe s’est retrouvée très rapidement en supériorité numérique, après l’expulsion d’Hamza Mendyl (20e). Un avantage dont elle n’a jamais su profiter, la faute à une certaine suffisance, un manque notoire de détermination, et surtout à l’attitude d’un adversaire capable de bien jouer et d’y associer un état d’esprit irréprochable. « Je crois que l’expulsion de Mendyl a provoqué un déclic dans nos têtes, cela nous a permis de nous surpasser » , a expliqué Romain Amalfitano, le milieu de terrain dijonnais.
Galtier promet du banc et des tribunes
Galtier n’a pas dit le contraire. « La détermination, la solidarité étaient dans le camp d’en face. » La concentration aussi. Lille a perdu pour la septième fois de la saison en déplacement à cause d’un but encaissé deux minutes après le début de la seconde période, consécutif à une longue touche d’Ahmad Ngouyasma, une déviation de Mama Baldé et une frappe puissante de Julio Tavarès. « On avait déjà remarqué que les longues touches dijonnaises pouvaient être un danger. Avant le match, puis à la pause. Mais cela ne nous a pas empêchés de prendre un but sur une touche. C’est un problème de concentration, de détermination, analyse Galtier. On a des objectifs collectifs, mais ce que je vois beaucoup, ce sont surtout des objectifs individuels. Donc ceux qui ont tendance à se regarder le nombril iront le faire sur le banc. Ou en tribunes. Le groupe a des qualités, je peux le voir tous les jours à l’entraînement, mais il manque clairement de caractère. » Dimanche à Dijon, presque toute l’équipe lilloise, hormis Maignan, Gabriel ou Soumahoro, était à côté de ses pompes, et les menaces de l’entraîneur semblent viser d’autres cadres, tels Ikoné, Xeka, Sanches ou Soumaré, stupidement expulsé en seconde période. À condition qu’elles soient suivies d’effet…
Au fait, c’était qui les peintres ?
Cette inconsistance des Dogues à l’extérieur, si elle devait s’étirer dans le temps, pourrait à terme plomber les objectifs fixés par Gérard Lopez. « Nous avons des ambitions pour disputer une compétition européenne la saison prochaine, mais si à chaque fois qu’on affronte une équipe qui joue le maintien, on manque d’envie, on n’y arrivera pas. On ne pourra pas toujours récupérer chez nous les points que nous perdons à l’extérieur, estime le président. J’ai l’impression que les joueurs estiment que ce n’est pas si grave de perdre en déplacement, parce que le prochain match est à domicile. Il faut absolument sortir de cette zone de confort. » Dimanche à Dijon, Lille n’a vraiment été dangereux qu’en première mi-temps, avec quatre véritables occasions d’Araujo, Soumahoro, Xeka et Ikoné (9e, 10e, 36e, 39e), et dans les dernières minutes de la seconde période, par Bamba, Osimhen et Araujo (85e, 86e, 90e+2). Trop peu aux yeux de Galtier, qui a stigmatisé « le manque de détermination dans le secteur offensif » . Samedi (15 heures), les Lillois devront obligatoirement se refaire la cerise au Havre contre Gonfreville (National 3) pour s’épargner une nouvelle gueulante de leur coach. Lequel admettra volontiers que dimanche après-midi, c’est plutôt Dijon qui a tiré une équipe de peintres.
Par Alexis Billebault, à Dijon