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Galtier, la conquête du Nord
Un an après son arrivée sur le banc lillois, Christophe Galtier a été prolongé jusqu'en 2021. La suite logique d'une première année mouvementée, qui aura débuté par les galères d'une opération maintien pour se terminer sur une première partie de saison remarquable en Ligue 1. L'ancien coach stéphanois peut désormais rêver de Ligue des champions et pourquoi pas faire évoluer son image d'entraîneur défensif.
Essayer Christophe Galtier, c’est l’adopter. Demandez aux Stéphanois ou demandez aux Lillois. Dans le Forez, l’entraîneur de 52 piges s’est fait une place dans le cœur des supporters des Verts. Dans le Nord, il lui aura fallu seulement quelques mois pour séduire son monde, fort d’un maintien inespéré en poche et d’un début de saison fracassant dans sa besace. Résultat : le LOSC a officialisé la semaine dernière la prolongation de son bail pour deux années supplémentaires, soit jusqu’en 2021. Une belle marque de confiance. « Il a rapidement compris le projet du LOSC en s’y intégrant parfaitement, s’est réjoui le président lillois sur le site officiel. Le métier d’entraîneur ne consiste pas seulement à aligner une équipe sur le terrain et à mettre en place une tactique. Il existe aussi tout un travail invisible du grand public lié à la préparation, aux choix, à la gestion humaine et à la relation avec tous les collaborateurs du club. » Et si Galtier était finalement le coach idéal pour mener le fameux projet « LOSC Unlimited » au sommet ?
Le grand redressement
Il faut dire que les nouveaux dirigeants lillois avaient d’abord misé sur un profil bien différent avec Marcelo Bielsa. Mais le mariage n’a pas du tout fonctionné et Galtier a débarqué fin décembre 2017 pour jouer le pompier de service. Galtier et son pragmatisme, sa connaissance de la Ligue 1 et surtout sa réputation d’entraîneur défensif. Tout l’inverse du technicien argentin. Qu’importe : l’ancien défenseur commençait à avoir des fourmis dans les jambes, un peu plus de six mois après avoir quitté l’ASSE. « Je me suis reposé. J’avais besoin de recul. Huit ans pied au plancher, c’est très dur physiquement et mentalement » , affirmait-il lors de sa première prise de parole en décembre. Un repos bienvenu avant de s’embarquer dans la galère lilloise. Pour un premier bilan mitigé, entre la satisfaction d’un maintien inespéré dans l’élite (17e place) et un résultat comptable à peine meilleur que celui de Bielsa (19 points en 19 matchs).
« Quand vous encaissez 67 buts dans une saison, c’est difficile d’être mieux classé, s’était agacé Galtier après l’ultime défaite de la saison à Saint-Étienne (5-0). Il faudra retenir les leçons et bien réfléchir à comment monter la nouvelle équipe. » Avec ou sans lui ? La question pouvait légitimement être posée. « J’ai dit que j’avais envie de rester, confiait-il récemment dans les colonnes de L’Équipe. Cela a pris cinq minutes. Luis(Campos)m’a dit : « Je vais te trouver des gens qui te correspondent dans la manière de travailler. » » Pas le temps de se reposer, Lille n’a pas tardé à passer des paroles aux actes en réalisant un mercato malin et séduisant validé par Galtier. Au point d’être aujourd’hui le solide dauphin de l’intouchable Paris Saint-Germain en Ligue 1, au rythme d’une moyenne de deux points par match.
« La possession de balle, c’est du blabla »
Un redressement express plutôt surprenant, mais finalement pas très étonnant quand on connaît la capacité de Galtier à tirer le meilleur d’un effectif bien fourni. Le technicien a installé un 4-2-3-1 cohérent et parfaitement rodé pour exploiter la vitesse de son secteur offensif, à l’image de l’infernal trio Bamba-Ikoné-Pepe. Alors, quid de cette réputation d’entraîneur défensif que se traîne le natif de Marseille depuis plusieurs années ? Une chose est sûre, il n’a certainement pas oublié ses principes de base, Galette insistant souvent sur la discipline tactique et le travail défensif de son équipe en conférence de presse. Après un mois sur le banc du club nordiste et une défaite à Troyes (1-0), il avait donné le ton : « On a eu cette possession de balle pour les poètes, pour les artistes. Mais la possession de balle, c’est du blabla. Il faudra des qualités de footballeur, mais aussi des qualités d’homme et d’équipier. » Du Galtier dans le texte, loin de l’idéal bielsiste.
Mais il s’agit de ne pas l’enfermer dans une case réductrice. Oui, Galtier sait également faire jouer son équipe au foot. En tout cas, il a pour l’instant su profiter des qualités de ses attaquants pour faire des différences et s’imposer comme une équipe de contre redoutable dans l’Hexagone. Problème : les adversaires ont désormais compris le petit manège lillois et se ramènent au stade Pierre-Mauroy avec un bloc bas, obligeant le LOSC à faire évoluer sa palette. « Il va falloir apprendre à contourner ces blocs. On doit progresser dans ce sens, même si ça ne correspond pas à la nature des joueurs dont je dispose, a admis Galtier sur beIN Sports dimanche. Il faut garder notre humilité, mais le jeu du PSG contre les équipes regroupées doit être une inspiration pour nous. » La preuve qu’il refuse de se reposer sur les acquis d’une phase aller réussie. La preuve, aussi, qu’il aimerait ne plus être considéré comme un simple poseur de bus, afin d’être définitivement adopté en France.
Par Clément Gavard