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Galles over
Après une parenthèse dorée marquée par un bon parcours durant l’Euro 2016 en France, le pays de Galles est redevenu une équipe de niveau modeste. Pas qualifiée pour le Mondial 2018 malgré son groupe faiblard, la sélection redoute de nouveau le vide. Et ne peut pas toujours compter sur Gareth Bale.
Pour beaucoup, la belle surprise de l’Euro 2016 disputé en France répondait au nom d’Islande, quart-de-finaliste pour sa toute première participation à une compétition majeure. Mais le pays aux 337 610 habitants n’a pas eu le choix. Il a dû partager l’affiche de l’héroïque outsider avec une autre nation absolument pas attendue à ce niveau. En se hissant dans le dernier carré de la compétition (ce qui représente la meilleure performance de son histoire), le pays de Galles a en effet impressionné tous ceux qui s’intéressent, de près ou de loin, au ballon rond. Avec, en prime, une élimination des Belges que tout le monde voyait en haut de l’affiche. Oui, mais voilà : le football suit généralement les variations des courbes d’une montagne, et ceux qui sont habitués au bas de l’échelle sont souvent amenés à y retourner.
C’est malheureusement le cas pour les Dragons actuels, qui ne crachent plus grand-chose que des larmes de résignation. Si l’on devait dater le début de leur déclin, le mois d’octobre 2016 s’imposerait. Il y a un peu plus d’un an, les éliminatoires pour la Coupe du monde 2018 ont déjà débuté et les Gallois semblent remis de leur défaite en demi-finale infligée par le Portugal, vainqueur du championnat d’Europe. En témoigne cette victoire convaincante à domicile lors de la première journée contre la Moldavie (4-0). Placés dans le groupe D en compagnie d’adversaires a priori à leur portée (Serbie, Irlande, Autriche, Géorgie, Moldavie) et sans la moindre grosse écurie, les potes d’Aaron Ramsey n’ont pas trop de souci à se faire. C’est en tout cas ce qu’estiment légitimement leurs supporters.
Cinq nuls de suite, cinq nuls de trop
Sauf que sans prévenir, les Britanniques deviennent soudainement une nation qui ne sait plus gagner à partir de ce foutu mois d’octobre. Après un nul en Autriche (2-2), quatre autres scores de parité s’enchaînent. Dès lors, difficile de revendiquer l’une des deux premières positions de la poule. Alors, les maillots rouges se sortent les doigts pour récupérer neuf points sur neuf et s’offrir une finale face à l’Irlande programmée le 9 octobre 2017. À domicile, qui plus est. Le schéma est simple : les deux teamsdoivent s’imposer pour s’assurer une place parmi les huit meilleurs deuxièmes qualifiés pour les barrages. Le résultat ? Un succès 1-0… en faveur des Irlandais. Voilà le demi-finaliste du dernier Euro troisième de son groupe et écarté du Mondial russe. Pour deux malheureux points de retard.
Mais que s’est-il passé pour que la machine se grippe de manière si brusque ? Il se trouve que les Dragons n’ont pas su supporter la pression et l’étiquette tacite de nation favorite. Sans doute supérieure à ses concurrents sur le papier et sur la pelouse, la bande de Chris Coleman n’a jamais réussi à faire honneur à son nouveau statut lors des rencontres serrées. La preuve : durant les cinq matchs nuls consécutifs concédés, elle a mené à… cinq reprises. Et s’est donc toujours fait rattraper. Deux fois contre l’Autriche, d’abord. À l’heure de jeu devant son public contre la Géorgie, ensuite. Puis à cinq minutes du terme contre la Serbie. Et à la 73e minute chez ces mêmes Serbes, enfin.
Bale baille
D’autre part, les partenaires de Gareth Bale ont été privés de leur guide madrilène, dont ils sont ultra dépendants, pendant trois matchs. En Géorgie (où ils ont gagné à l’arrachée sur le plus petit des scores), en Serbie (1-1, donc) et, plus grave, lors du duel fatidique contre l’Irlande. C’est bien là tout le problème : lorsque le deuxième meilleur buteur de son histoire est absent (il le sera de nouveau contre la France ce vendredi soir), le pays de Galles n’a plus personne pour se déguiser en patron technique et ne sait plus qui suivre pour mener à bien ses offensives.
Devant le vieillissant Ashley Williams et le limité Joe Allen, Ramsey fait ce qu’il peut (plutôt bien d’ailleurs), mais il ne dispose pas de l’influence et de la force de frappe de son compatriote de Madrid, capable de créer l’exploit à tout moment. C’est également cela que peuvent craindre les Gallois : après Bale (qui, à 28 ans, a largement le temps d’aller chercher le record de pions de Ian Rush, deux caramels devant lui), quel jeune aura le profil pour prendre la relève ? L’inconnu Ethan Ampadu, qui vient de signer à Chelsea ? Il faudra en tout cas très vite le trouver. Au risque de retourner dans l’anonymat le plus total. Celui qui avait privé la sélection de tournois majeurs entre 1958 et 2016.
Par Florian Cadu