- Euro 2016
- 8es
- Galles-Irlande du Nord (1-0)
Galles en quarts au bout de l’ennui
Tombeurs d'une vaillante Irlande du Nord (1-0) au terme d'un match ennuyeux à souhait, les Gallois feront les quarts de finale de l'Euro 2016.
Pays de Galles 1-0 Irlande du Nord
But : McAuley (75e CSC) pour le pays de Galles
Ils ont hésité tout le match. Parfois parce que le pressing nord-irlandais était trop fort. Parfois parce que l’axe Allen – Ramsey gobait tous les ballons. Ou encore parce qu’ils attendaient que leur homme providentiel prenne ses responsabilités. Pendant près de 70 minutes, les Gallois, parfaitement organisés tactiquement, ont refusé de passer par les côtés, rendant la partie complètement indigeste. Mais alors que le Parc des Princes s’endort doucement au rythme des comptines des supporters des deux équipes, les hommes de Chris Coleman décident de profiter de leur vitesse et de leur technique sur les côtés. Décalé par Ramsey, Gareth Bale, enfin à gauche, ne se pose pas de question et centre. Puissante, l’offrande du joueur du Real Madrid pour Robson-Kanu oblige McAuley à intervenir. Le genre de CSC inévitable. Rassemblés autour de leur patron, les hommes en rouge exultent. Ce samedi après-midi, ils ont presque autant souffert que les spectateurs pour se défaire d’une équipe d’Irlande du Nord égale à elle-même : vaillante, motivée mais limitée.
Un match de Championship
Au coup d’envoi, il ne manque que la pluie. Celle qui a plombé allègrement le mois de juin parisien est le seul ingrédient manquant pour que ce huitième de finale d’Euro soit un vrai bon match de Championship. Oui, lors des premières minutes de la rencontre, les ballons longs donnent la réplique aux approximations techniques sous les yeux d’un Martin Atkinson habitué à ce genre des débats. Bien organisées tactiquement, les deux équipes savent comment se taquiner, presque suffisamment pour rendre le premier acte monotone. Presque, car en tribunes, Gallois et Nord-Irlandais se moquent que le Parc des Princes soit à moitié rempli de personnes qui ne portent par leurs couleurs. Bercés par les « Will Grigg’s on fire » , les hommes en blanc et vert opèrent en contres et s’offrent une belle opportunité par Dallas, bien servi par Ward, auteur d’un bon contre. Impérial sur sa ligne, Hennessey détourne, mais a étonnement pas mal de boulot. Car malgré leur supériorité technique, visible dès que Bale, Allen et Ramsey touchent le ballon, ceux-ci ne se procurent qu’une véritable occasion. Après avoir eu la bonne idée d’écarter le jeu – moment trop rare en première période – les joueurs de Chris Coleman voient Taylor envoyer un centre parfait sur la tête de Ledley. L’homme à barbe dévie pour Ramsey qui trompe McGovern, mais est logiquement signalé en position de hors-jeu. « Ain’t nobody like Joe Ledley » chantent les supporters en rouge sur un air de Chaka Khan, ce qui n’empêche pas Ward d’inquiéter une nouvelle fois le portier gallois avant la pause. Un homme qui aura réussi plus de passes (12) que Bale (10) lors des 45 premières minutes. Un symbole.
Williams, l’entrée qui change tout
Hyperactif sur son banc, Chris Coleman a le cul entre deux chaises. Tactiquement, dans l’occupation du terrain, il aime ce qu’il voit. C’est lorsque se pose la question de l’utilisation du ballon que le bât blesse. Décidé à aller chercher la qualification avant la prolongation, il opère à deux changements rapides. Vokes, qui n’a eu droit qu’à une tête sur un centre de Ramsey, cède sa place à Robson-Kanu, tandis que Ledley est invité à poser sa barbe sur la touche au profit de Jonathan Williams. Archétype du feu follet, l’attitude du teigneux en plus, le joueur de Crystal Palace change le visage de la partie. Chaînon manquant de la construction galloise, il libère Allen et crée les décalages, comme sur le but de Bale. Inquiétés et inquiétants durant une bonne heure pendant laquelle Ashley Williams et surtout Chester, auteur de deux retours décisifs, ont tenu la baraque. Et s’ils s’offrent quelques ultimes frissons, notamment un choc impressionnant entre Williams et Williams et un baroud d’honneur de cinq minutes de leurs adversaires, les Gallois peuvent se consoler : ils ont inquiété, ils ont ennuyé, mais ils sont qualifiés. Et c’est bien là l’essentiel.
Par Swann Borsellino, au Parc des Princes