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Galette, le choix du roi
Christophe Galtier va tenter cette après-midi de gagner pour la première fois au Vélodrome en tant qu'entraîneur. Avant de revenir la saison prochaine sur le banc d'en face ? Beaucoup en rêvent à Marseille.
Il y a deux saisons, après la victoire de l’OM contre Saint-Étienne (2-1), un dirigeant de l’OM dans la garde rapprochée de Labrune ne cachait pas son plaisir. Ce succès de la bande de Baup, avec des buts des prometteurs Benjamin Mendy et Giannelli Imbula, c’était aussi à ses yeux la victoire d’une stratégie ambitieuse pour le club face à une équipe stéphanoise qui se contente de regarder ce qui est disponible en Ligue 1 (Baysse, Corgnet, Tabanou, Erding étaient arrivés à l’intersaison). Christophe Galtier, l’entraîneur de l’ASSE, aurait pu mal le prendre. Mais au final, les résultats parlent pour lui. Il finit cette saison-là à la 4e place, deux rangs devant l’OM. Et cette année, il semble bien parti pour boucler une quatrième saison de suite dans le top 5 français, une performance dont s’accommoderait plus d’un supporter marseillais. Dans un club où le ressort est manifestement cassé entre le public et l’institution, puisque le stade était plus qu’à moitié vide pour la réception de l’Athletic Bilbao jeudi dernier, Galtier a aujourd’hui la tête de l’élu pour être l’homme du renouveau, celui qui relance la machine. Une petite revanche quelque part.
Un nouveau Didier Deschamps
Au moment de rédiger sa lettre de motivation, Christophe Galtier a en effet plus d’un argument à faire valoir. Il a, pour commencer, réussi à raviver la flamme dans un Saint-Étienne qui se cherchait sérieusement à la fin des années 2000. Sa longévité chez les Verts, où il en est quand même à sa septième saison, lui donne une vraie légitimité. Dans un club où l’on n’aime rien tant que lorsque l’entraîneur va au bout de ses idées, Galtier semble donc être un des rares à avoir les épaules pour enfiler le costume bleu et blanc. Petit plus, il a dans sa poche un fameux passeport marseillais. Formé à l’OM, dégagé par Tapie et ses stars à la fin des années 80, il y revient en 1995 pour vivre de l’intérieur la première année de Robert Louis-Dreyfus au club. À la fin de sa carrière, après des passages en Italie et en Chine, c’est lui que Bernard Casoni choisit comme adjoint quand il faut prendre la succession de Courbis. Il se fait remarquer quelques mois plus tard, lors de la fameuse altercation qui l’oppose à Marcelo Gallardo dans les couloirs du Vélodrome pour une victoire 4-2 décisive dans le maintien face au futur champion. Galtier passe alors pour un voyou, dans le plus pur style de ce que l’on peut trouver à Marseille. Il en souffre énormement, même si aujourd’hui cela pourrait lui servir, les jeunes supporters marseillais se racontant cette légende comme une garantie d’avoir enfin quelqu’un qui a du caractère et le sang chaud sur le banc. Adjoint d’Alain Perrin pendant six ans, Christophe Galtier est plus vu désormais comme le petit frère d’un autre ancien entraîneur de l’OM : Didier Deschamps. À ses débuts chez les Verts, DD l’aurait appelé pour lui filer quelques conseils. « C’est juste qu’on avait le même calendrier avec quelques journées de décalage, c’était pratique pour échanger nos impressions sur les adversaires » , coupa net l’actuel sélectionneur de l’équipe de France sur le moment. Qu’importe, s’il a ne serait-ce qu’un dixième de la culture de la gagne de l’entraîneur champion de France en 2010, les supporters phocéens signent des deux mains, eux qui sont lassés du manque d’ambition actuel. Proche de Deschamps donc, mais aussi loin d’Anigo, avec qui il a eu un échange tendu pour un OM-ASSE au Vél fin 2012, Galtier fait un sans-faute en ce qui concerne la popularité. Il aurait même pris ses distances avec son agent historique, Jean-Pierre Bernès, dont le nom fait toujours grincer des dents à Marseille.
Départ programmé ?
Ce qui est surtout vrai avec Vincent Labrune. Bernès ou pas, à plusieurs reprises, le président a eu l’opportunité ces dernières saisons de choisir l’entraîneur de Saint-Étienne. Il n’a jamais trop pris cette option au sérieux. Aujourd’hui, l’état-major olympien s’active surtout pour entretenir le flou sur l’avenir du club et une éventuelle revente. Du coup, aucune question ne se pose sur le volet sportif. Michel a bien été questionné sur son avenir en conférence de presse, et il s’est fait un plaisir de rappeler qu’il était sous contrat jusqu’en 2017. Remarque, Galtier a aussi un contrat qui court sur plusieurs saisons à Saint-Étienne, après avoir prolongé l’été dernier. Mais il pourrait faire ses bagages en cas d’offre intéressante. Certains joueurs qui n’entraient plus dans ses plans sont d’ailleurs partis en prêt intégrant cette donnée, imaginant faire leur tour dans le Chaudron la saison prochaine avec un nouveau technicien sur le banc. Dans ce même stade, certains vivront peut-être mal ce départ « pour un meilleur challenge » . Attention, nous en sommes encore très loin. Mais rien que le fait que ce soit un scénario crédible aujourd’hui, au vu du parcours de Galtier, c’est déjà une belle victoire. Reste à faire le doublé en gagnant enfin sur la pelouse du Vél ce dimanche pour effacer le dernier point noir (5 défaites et un nul jusque-là).
Par Romain Canuti