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Galatasaray-PSG : quel accueil après les bagarres de 2001 ?
Entre 700 et 800 supporters parisiens sont attendus dans le secteur visiteurs de la Türk Télécom Arena ce mardi soir. La dernière fois que le PSG a affronté Galatasaray, en 2001, des bagarres avaient éclaté en tribune au Parc des Princes. Quid des retrouvailles entre supporters à Istanbul ?
Il est environ 13h, ce mardi, lorsque l’appel à la prière du muezzin résonne dans les haut-parleurs de la mosquée du Sultanahmet – plus connue sous le nom de « Mosquée bleue » . Une fois le rendez-vous avec leur divinité honoré, une dizaine d’hommes vêtus d’une djellaba s’échappe de l’une des merveilles d’Istanbul. Sous leur tenue de prière, ils sont habillés en ultra. À leur poignet droit, un bracelet blanc avec le logo de la Ligue des champions. Direction le Palatium Cafe, à quelques ruelles de là. C’est le point de rendez-vous des 700 à 800 supporters parisiens attendus dans le secteur visiteurs de la Türk Télécom Arena.
À l’intérieur du café, les tables font office de bureau improvisé pour le service de billetterie. En terrasse, ils sont une cinquantaine installés dans des canapés autour d’une chicha ou d’une bière, sous un soleil de plomb. T-shirt noir et lunettes de soleil, un homme contrôle l’entrée : « Les gars, pour récupérer vos places, il faut votre contremarque et une pièce d’identité. » Car le QG parisien est sous surveillance. Il est même censé avoir été tenu secret.
Rendez-vous au Palatium Cafe
Le PSG, qui a délégué l’organisation aux autorités locales, a envoyé des consignes à tous ceux qui voulaient faire le déplacement avant le départ. « Le retrait des billets s’effectuera à Istanbul dans un lieu qui vous sera communiqué très prochainement de 16h à 19h le lundi 30 septembre et de 10h à 16h le mardi 1er octobre. Il sera obligatoire d’utiliser les navettes mises à votre disposition de 16h à 17h pour vous rendre au stade ainsi que pour le retour. Toute personne se rendant au stade par ses propres moyens se verra refuser l’accès » , expliquait le club dans un email.
Dans un coin d’ombre du Palatium Cafe, Matthieu et Kévin, arrivés dans la nuit de dimanche à lundi en provenance du Luxembourg, se sentent à l’aise dans la mégapole stambouliote : « Depuis notre arrivée, on n’a pas senti d’animosité, explique le premier cité. Un pote du Collectif Ultras Paris nous a conseillé d’éviter de parler français et de ne pas nous afficher avec le maillot du club dans les rues afin d’éviter les problèmes. » Même constat pour Mike, croisé dans un magasin à la virgule non loin du lycée de Galatasaray : « On est arrivés dimanche avec un pote, lundi on a fait une petite croisière sur le Bosphore, un tour au grand bazar pour finir sur une petite chicha place Taksim. Les Turcs sont des gens chaleureux et accueillants, tu sens que c’est une ville de foot. » Rien à voir avec l’ambiance explosive qui animait les deux camps de supporters lors des derniers PSG-Galatasaray.
Match interrompu
La première confrontation PSG-Galatasaray remonte à la saison 1996-1997, en C2. Des bagarres éclatent en dehors du stade entre hooligans de Boulogne et visiteurs. Mais les affrontements les plus marquants ont lieu lors des retrouvailles en Ligue des champions, quelques années plus tard. Ce 13 mars 2001, le PSG reçoit Galatasaray dans un match sans enjeu. Éliminés après la tragique défaite de La Corogne, les Parisiens concluent la deuxième phase de poules de la Ligue des champions face à des Stambouliotes déjà assurés de rallier les quarts de finale.
Alors que Paris mène 2-0 grâce à un doublé du Brésilien Christian, l’arbitre interrompt le match en début de seconde période, car il y a du grabuge en tribune. Les supporters de Galatasaray ont rempli le secteur visiteurs situé à l’époque dans l’ancienne tribune F, mais les affrontements vont surtout avoir lieu entre les ultras parisiens du virage Auteuil et la diaspora turque présente en masse dans la tribune Paris.
Coups de ceinture et soucoupes volantes
Capo historique des Lutece Falco, Alexandre, alias Viola, était l’un d’entre eux : « Des supporters de Galatasaray ont tenté de voler une bâche des Supras Auteuil (l’autre groupe ultra parisien en tribune bleu, à l’époque, N.D.L.R.). On est passé par la coursive pour aller vers la tribune G, à ce moment-là, il n’y avait pas de steward. Il y a eu un déferlement pour repousser les Turcs. C’était un énorme bordel, d’autant que les mecs de Boulogne avaient aussi pété des portes de l’autre côté de la tribune Paris. » Il y a des coups de ceinture et des sièges arrachés qui deviennent des soucoupes volantes. Le match est interrompu 25 minutes. Bilan : 56 blessés et 17 interpellations.
Dix-huit ans plus tard, les bagarres du Parc des Princes semblent très loin. Aucun supporter parisien que nous avons rencontrés avant le match n’a senti de l’animosité de la part des locaux. Même son de cloche du côté de Galatasaray : « On n’a pas oublié, mais on s’en fout des supporters parisiens. Il n’y aura jamais de bagarre, pas dans ce stade en tout cas » , synthétise Firat, un quinqua à la carrure épaisse qui était du fight entre les supporters de Gala et de Leeds en 2000. Autre contexte, autre époque.
Car, aujourd’hui, Galatasaray accueille à la Türk Telekom Arena. Un stade moderne en bord d’autoroute, qui a succédé au stade Ali-Sami Yen, là où le PSG s’était rendu en 2001. Viola, qui figurait parmi la cinquantaine de supporters parisiens en déplacement, se souvient d’un « vrai côté coupe-gorge » dans l’ancienne forteresse de Galatasaray. « Quand le taxi fait plus ou moins exprès de te déposer devant le virage le plus chaud du stade, la bâche est dans le sac à dos, tu fermes ta gueule, remet l’ancien ultra. Les gens qui ont les places les plus chères en latérale sont là à te chauffer… La ferveur était dans tout le stade. » Une ambiance inoubliable, c’est ce que les supporters parisiens espèrent retrouver ce mardi soir. À l’heure de la prière de la fin d’après-midi, c’était l’heure pour eux de monter dans des navettes spécialement affrétées pour rejoindre le stade stambouliote.
Par Andrea Chazy et Florian Lefèvre, à Istanbul