- Supercoupe de Turquie
Galatasaray-Fenerbahçe, le choc des continents
Tout comme la saison passée, la Supercoupe de Turquie nous offre une confrontation entre les « Européens » de Galatasaray et les « Asiatiques » de Fenerbahçe. Ce derby d'Istanbul, le 375e du nom, est attendu depuis un moment par tous les amoureux du football turc. Non seulement parce qu'un jour sans ballon là-bas est aussi long qu'un jour de jeûne, mais surtout parce qu'il s'inscrit dans un contexte bien particulier...
Enfin. Le Ramadan est terminé, l’heure est venue pour les Turcs de confession (ou simplement de culture) musulmane de se gaver de tout et n’importe quoi – surtout de n’importe quoi, merci les pressions familiales – comme le veut la tradition du Şeker Bayramı (littéralement « la Fête du Sucre » , équivalent turc de l’Aïd El Fitr qui marque la fin de la période de l’observation du jeûne). En trois jours, on ingurgite l’équivalent d’un mois de nourriture et de boisson. Après quoi, il sera temps de se caler dans un canapé. La digestion ne sera pas facile, car, en plus de transpirer du sirop, cette année encore, la fin du Ramadan coïncide quasiment avec la reprise du football turc. Avant de passer au plat principal qu’est la Toto Süper Lig, voici une belle mise en bouche nommée TFF Süper Kupa, autrement dit la Supercoupe de Turquie, qui opposera les deux rivaux éternels, les Lions de Galatasaray, champions 2013, face aux Canaris de Fenerbahçe, vainqueurs de la Coupe.
Le Delta du Niger conquiert le Détroit du Bosphore
Ah, le Kıtalar Arası Derbi, le fameux derby « intercontinental » entre les clubs majeurs des rives européenne et asiatique d’Istanbul. Voilà 104 ans que ça dure, et on ne s’en lasse pas. Un derby riche en histoire (et en histoires) qui se jouera pour la 375e fois aujourd’hui. À l’heure actuelle, ce sont les Sarı-Lacivertliler (jaune et bleu marine) qui mènent dans les confrontations: 142 victoires, contre 119 pour les Sarı Kırmızılılar (jaune et rouge), les deux équipes ayant fait 113 fois match nul. En ce qui concerne la Supercoupe de Turquie (et ses ancêtres), Galatasaray a déjà remporté 12 fois le trophée, contre 8 pour Fenerbahçe. En terme de confrontations directes, les deux équipes comptent deux victoires partout. Autant dire que le match de ce soir sera pris au sérieux de part et d’autre.
Pour ce faire, « FB » et « GS » n’ont pas chômé durant l’été, et se sont livrés à une véritable course à l’armement. Il est marrant d’observer que depuis les passages de Rigobert Song, de Jay-Jay Okocha Uche Okechukwu (mais si, le Nigérian trop fort à Football Manager) sur les rives du Bosphore, Constantinople est fan des footballeurs africains. Aurélien Chedjou a rallié l’Ouest de la ville où se trouvaient déjà Dany Nounkeu, Emmanuel Eboué et Didier Drogba. À l’Est, on a assisté au retour d’Emmanuel Emenike, dit l’enfant prodigue – joueur de Karabükspor, il avait été signé par le Fener mais avait dû partir de suite au Spartak Moscou pour son implication dans l’affaire des matchs truqués. Le Nigérian rejoint son compatriote Joseph Yobo, ainsi que Moussa Sow et Pierre-Achille Webo.
Avantage Galatasaray
Deux bons joueurs qui rejoignent donc des écuries qui comptent déjà des joueurs comme Selçuk Inan, Felipe Melo ou encore Wesley Sneijder côté Galata, Bruno Alves, Cristian Baroni ou Dirk Kuyt côté Fener. Deux équipes qui batailleront jusqu’au bout pour arracher cette Supercoupe, prélude à un championnat bicéphale. Avantage toutefois aux Lions pour cette rencontre, les Canaris ayant plusieurs ailes coupées (le gardien Volkan Demirel, Emre Belozoglu pas frais du tout, Gökhan Gönül opéré).
Quoi qu’il en soit, on devrait assister à un joli spectacle sur le terrain du Kayseri Kadir Has Şehir Stadyumu. Il sera également intéressant d’assister à ce qui devrait se passer en tribunes, comment le public réagira pour ce premier match depuis les événements de Gezı. Pour commencer, Kayseri est l’une des rares villes de Turquie où les supporters sont descendus pour apporter leur soutien à Recep Tayyip Erdogan. Ensuite, le Premier ministre turc souhaite faire passer une loi pour réguler les chants des supporters. En gros, ceux-ci n’auraient plus le droit de balancer des chants d’ordre politique – ou contestataire, plutôt. En outre, la sécurité a été renforcée, avec 4000 policiers déployés dans toute la ville, et 5000 agents de sécurité dans le stade. Une enceinte dans laquelle n’auront le droit d’entrer que les gens considérés comme « sobres » . En bref, il sera intéressant de suivre cette rencontre, surtout après l’échec relatif d’Istanbul United.
Par Ali Farhat