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Charbonnier : « Je m'en cogne qu'on me prenne pour un joueur de Ligue 2 »

Propos recueillis par Thomas Morlec et Mathieu Rollinger
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Avec deux buts en quatre matchs, Gaëtan Charbonnier, l'ancien Auxerrois de 34 ans recruté par Saint-Étienne, a une mission : maintenir les Verts en Ligue 2. Entretien.

L’AS Saint-Étienne a remporté ses deux derniers matchs, chose qui ne lui était plus arrivée depuis février 2022, est-ce que ces rencontres peuvent servir à remonter la pente ? Complètement. On est sur une série positive qui peut servir de déclic. Maintenant, il faut continuer de faire les efforts, comme ça a été fait depuis la trêve. C’est comme ça que l’on va s’en sortir. (L’ASSE est 18e, à trois point du premier non-relégable, NDLR.)

Ton arrivée n’est pas étrangère à ces bons résultats, puisque tes deux buts ont déjà apporté quatre points à ta nouvelle équipe. Oui, c’est toujours bien de marquer dès les premiers matchs, surtout si cela permet d’avoir de bons résultats et de prendre des points. Ça me rend confiant pour la suite. Notre match nul face à Caen (1-1) ne nous rapporte qu’un point, mais il stoppe une spirale négative. Comme je l’ai dit aux joueurs, il ne fallait pas le banaliser. On sait d’où on vient et il ne faut pas que l’on retombe dans nos travers.

Tu as déjà une position de cadre ou de référent au sein du vestiaire ? On est plusieurs à prendre la parole. J’ai rejoint un groupe assez jeune (24,7 ans de moyenne d’âge, NDLR), il y a des générations qui se croisent et, nous les recrues (Gautier Larsonneur, Dennis Appiah et Kader Bamba ont débarqué cet hiver, avec lui, NDLR), on ramène du sang neuf et de l’expérience. Il faut trouver un juste milieu pour que tout se coordonne correctement. Moi, je connais très bien ce championnat, j’essaye d’être le plus positif possible, de mettre tout le monde bien dans ses pompes pour qu’on aille de l’avant. Mon ambition en arrivant, c’était d’apporter mon tempérament, mon envie de gagner des matchs. C’est ce que j’essaye de faire passer au quotidien.

Quelles ont été tes impressions en posant tes bagages dans le club, qui traverse une saison galère ? Déjà, j’ai été très bien accueilli. J’ai senti une grande volonté des dirigeants et du staff de me faire venir. C’est important pour moi d’être dans un endroit où je me sens considéré. Ensuite, pour moi, Saint-Étienne est un grand club, il ne faut pas le voir descendre. Je savais qu’avec le groupe en présence, c’était une anomalie qu’il se retrouve dernier. Je m’attendais à un vestiaire touché psychologiquement, il l’était, mais il y avait tout de même une bonne ambiance. Je crois que la trêve a fait du bien, tout le monde a pu se reposer, se retrouver en famille pour couper du foot et revenir avec de meilleures intentions. Je trouve que depuis que je suis arrivé, on est dans la continuité de cet esprit-là.

J’ai grandi avec des images d’Aloísio et avec le maillot noir, un peu bleu marine, avec les sponsors Dreamcast et Géant dessus.

Gaëtan Charbonnier

Tu as dis que Saint-Étienne était le « choix du cœur ». D’où te vient cette passion et à quoi ça fait écho dans ton histoire personnelle ? J’ai toujours regardé les matchs de Saint-Étienne. C’est un club qui m’a donné envie de jouer au foot, un club qui a marqué l’histoire. Quand on est amoureux du foot, on aime les clubs historiques avec un public comme celui-là. Mon frère est supporter de Marseille et, petits, on se cachait derrière le canapé des parents pour regarder OM-ASSE. J’ai grandi avec des images d’Aloísio et avec le maillot noir, un peu bleu marine, avec les sponsors Dreamcast et Géant écrits dessus. Je l’ai encore à la maison. C’est un tout. Avant de signer mon premier contrat en 2007-2008 (avec Châtellerault, NDLR), je m’étais entraîné pendant une semaine au centre d’entraînement de l’ASSE, à l’époque de Laurent Roussey. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais même fait un spécifique attaquant avec Bafé Gomis.

Donc ça t’a fait un pincement au cœur d’envoyer Sainté en Ligue 2 avec l’AJ Auxerre, lors du dernier barrage ? Un petit peu, forcément. L’année dernière, entre Bordeaux et Saint-Étienne, ce sont deux clubs historiques qui descendent en Ligue 2. Mais pendant le match, j’ai fait abstraction de ça, j’ai surtout pensé à Auxerre, à ce qu’on a pu faire avec le groupe et au peuple auxerrois. C’est triste de voir Saint-Étienne en Ligue 2, on va tout faire pour le maintenir en D2, puis on verra ce qu’il se passera par la suite.

Après avoir réussi à faire monter Brest et Auxerre en Ligue 1, pourquoi avoir décidé de revenir en Ligue 2 cet hiver ? À Auxerre, il y a eu un changement de coach. Je m’entendais très bien avec Jean-Marc Furlan. Il y a un nouveau staff (dirigé par Christophe Pélissier, NDLR) qui est arrivé fin octobre avec un discours sportif qui était différent, même si humainement, il n’y avait pas de problème. J’ai été blessé en début de saison, donc je savais qu’au niveau du temps de jeu, ça allait être plus compliqué. J’ai donc émis le souhait de partir. J’avais d’autres sollicitions, mais quand Saint-Étienne s’est manifesté, je n’ai pas hésité longtemps.

Est-ce que pour toi, entre un club de Ligue 1 et de Ligue 2, il y a une vraie différence de niveau, ou en tout cas d’attente ? C’est différent partout. Quand je suis arrivé à Auxerre, l’objectif, c’était la montée, donc il y a forcément de l’ambition. Ici, à Saint-Étienne, c’est le maintien qui se joue. Il faut faire avec les ambitions des clubs.

Tu n’as pas peur qu’on te colle à vie une étiquette de joueur de Ligue 2 ? Sincèrement, je m’en cogne. Ce qui compte pour moi, c’est l’importance que l’on m’accorde au sein du club, du projet. J’ai l’habitude de dire que quand on donne, on rend. Ici, je sens que l’on me donne, donc je vais tout faire pour rendre.

Gaëtan Charbonnier
Gaëtan CHARBONNIER, lors de son premier match avec les Verts, contre Annecy.

En Ligue 2, tu es habitué à marquer beaucoup ; en Ligue 1, on sent que tu es utilisé différemment (81 buts en 205 matchs de L2, 30 en 179 de L1). Est-ce que dans ton jeu, tu changes quelque chose selon la division ? Bien sûr. En Ligue 1, j’ai toujours été dans des équipes qui ne jouaient pas le haut de tableau, avec des ambitions différentes. Il y a forcément une possession de balle moins conséquente quand tu joues le maintien dans l’élite et ça me laisse moins de ballons, on est moins offensif. Comme j’aime participer au jeu, en Ligue 1, je n’hésite pas à redescendre pour aider à remonter le terrain et j’ai plus un rôle de numéro 10 que de pur attaquant.

Depuis que tu as été recruté par Montpellier pour compenser le départ d’Olivier Giroud en 2012, on t’a comparé à tort à lui. Est-ce que ça a été un poids ? (Il coupe.) On est plus de 7 milliards sur terre, je ne peux pas changer l’opinion de tout le monde. Ce qui compte, c’est l’avis des gens qui font partie du projet dans lequel je travaille.

J’ai eu certains entraîneurs qui parlaient football et d’autres qui ne parlaient que défense.

Gaëtan Charbonnier

Tu parlais de ta relation avec Jean-Marc Furlan, un entraîneur qui a une vraie vision offensive du jeu. Est-ce qu’il t’a transmis ça ? Mon idée du foot colle parfaitement à celle qu’il prône, je ne m’en suis jamais caché. J’ai eu certains entraîneurs qui parlaient football, comme lui, et d’autres qui ne parlaient que défense. Au quotidien, c’était un régal de travailler avec Jean-Marc. J’aime le beau jeu, je suis un amoureux du foot. Après, avec ma position sur le terrain, 9 et demi ou 10, on se base beaucoup sur les statistiques, mais ce n’est pas parce qu’un attaquant ne marque pas qu’il a fait un mauvais match. Il peut être à l’origine de l’action, avoir réalisé la dernière ou l’avant-dernière passe, créé un décalage…

L’omniprésence des stats, c’est le genre de choses qui dénaturent ton football ? C’est clair que ça a pris une autre importance qu’à l’époque de mes débuts. Le danger, c’est que ça peut affecter la génération future, les gamins ne doivent pas oublier que le foot, c’est un jeu collectif. Les joueurs qui peuvent faire la différence tout seul se comptent sur les doigts d’une main, et si dans ta carrière, tu ne penses qu’à toi, ça risque de bloquer.

Tu as toujours été un homme de défi. Est-ce que maintenir les Verts en Ligue 2 pourrait être le dernier de ta carrière ? Tant que mon corps me dira pas non, je continuerai à jouer. C’est mon métier, ma passion et tant que la flamme sera là, je serai encore sur le terrain. Après, oui, je suis un homme de défi, maintenir un club comme Saint-Étienne, ce n’est pas anodin. Pour l’instant, le deal, il est là, on verra dans six mois quand l’objectif sera atteint.

Est-ce que tu as des regrets dans ta carrière ? Non, aucun. On a tous la carrière que l’on doit avoir par les choix qu’on fait. À l’instant T, on pense toujours que ce sont les bons. Montpellier, par exemple, ça n’a pas été la meilleure période de ma carrière, mais j’ai vécu des moments incroyables comme jouer la Ligue des champions, c’est une vraie chance.

Dans ton choix de rejoindre Saint-Étienne, est-ce que l’argument financier a été déterminant (une prime de maintien de 400 000 euros, NDLR) ? Un joueur de ton âge et avec ton parcours doit-il nécessairement se justifier de la considération financière et économique ? Non, pour moi, ce n’est pas une question sur laquelle les journalistes doivent s’attarder. On n’a pas besoin de se justifier.

Tu as souvent retrouvé dans tes nouveaux clubs des ex-coéquipiers ou d’anciens entraîneurs. Est-ce que c’est important dans tes choix de clubs ? Ce n’est pas anecdotique, c’est quelque chose d’important pour moi. Quand on se sent bien quelque part, c’est beaucoup plus facile, quand ça va bien dans la tête, le corps suit. Quand je suis arrivé à Brest, j’ai trouvé une famille incroyable. J’ai rencontré des personnes là-bas qui sont aujourd’hui des amis très proches. Et quand j’ai eu l’occasion de les suivre à Auxerre, je ne me suis pas posé de questions. Je n’allais pas en terre inconnue.

Comment tu te projettes pour l’après ? J’ai plein de choses qui m’intéressent, mais tant que tu joues, c’est toujours compliqué de se projeter sur l’après. On a un quotidien qui nous prend pas mal, j’ai du mal à me dire que je vais faire quelque chose à côté de mon métier pour préparer le futur, passer des diplômes ou autre, mais je sais que j’aimerais que ce soit sur les terrains. Sous quelle forme ? Je ne sais pas. Mon frère (Valentin, joueur de N3 au Pouzauges-Réaumur AC, NDLR) est aussi dans le foot. Pourquoi pas travailler avec lui, mais il y aura forcément une période de réflexion. Aujourd’hui je n’ai pas envie d’arrêter.

Comment voudrais-tu qu’on se souvienne de toi ? Les gens se souviendront de moi comme ils ont envie de se souvenir de moi. Peu m’importe. Je suis droit dans mes baskets, j’ai la tête à l’endroit. Je n’ai jamais dérogé à mes convictions durant ma carrière.

Axel Ngando, sans club et sans reproches

Propos recueillis par Thomas Morlec et Mathieu Rollinger

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