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Gaël Kakuta : « Ici, tout le monde aime le ballon »

Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid
7 minutes
Gaël Kakuta : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Ici, tout le monde aime le ballon<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Pour le sixième prêt de sa carrière, Gaël Kakuta a atterri au Rayo Vallecano. Atypique, le club de Vallecas est une destination qui sied déjà au jeune Français de 23 ans. Un club où il a retrouvé goût aux terrains. Avant la réception de Barcelone, il fait le point.

L’Espagne découvre un Gaël Kakuta avec le sourire. Il est enfin épanoui ce Gaël ?

On peut dire que oui. Depuis le début, tout se passe super bien. Tous les gens du club m’ont très bien accueilli. Tout le monde m’a mis à l’aise. En plus de ça, j’ai eu la chance d’avoir la confiance du coach directement. La langue n’a pas été une grosse barrière. Enfin, c’est une barrière franchissable. Je parle italien, et les racines des deux langues sont assez proches. Et il y a beaucoup de mots qui ressemblent au français. Je ne vais pas dire que je parle déjà très bien espagnol, mais pour comprendre et me faire comprendre, je n’ai pas de souci. Et si vraiment il y a quelque chose que je ne comprends pas, les coachs parlent anglais et il y a deux joueurs qui parlent français.

Tu sens un grand changement par rapport aux années précédentes où tu as enchaîné les prêts ?

Ma première année au Vitesse Arnhem s’est très bien passée. Si je me rappelle, j’ai fait 25 matchs et j’ai pris beaucoup de plaisir sur le terrain. Les saisons suivantes ont été plus difficiles. Je n’ai pas beaucoup joué. Là, je recommence à avoir le sourire, je retrouve mon football, j’arrive à m’exprimer sur le terrain…

Comment se sont passés tes six derniers mois à la Lazio ?

Même si je n’ai pas joué, j’ai beaucoup appris. Surtout sur moi-même d’ailleurs. Malgré les seules 24 minutes que j’ai passées sur le terrain, j’ai progressé mentalement. Je n’ai jamais baissé les bras. Sur le dernier match amical, je leur montrais que j’étais capable de faire de belles choses. J’ai mis un but et j’ai donné une passe décisive. C’est à la toute fin de saison qu’ils ont pensé à lever mon option d’achat. Mais j’avais déjà accepté de rejoindre le Rayo, c’était trop tard.

Plus précisément, qu’as-tu vraiment appris ?

J’avais tendance à rapidement baisser les bras avant. Là-bas, même sans temps de jeu, je n’ai jamais renoncé. Après, niveau football, j’ai appris énormément sur le travail musculaire. Les entraînements étaient énormément basés sur le physique. On travaillait beaucoup sur la fatigue et la récupération. Je me suis rendu compte que ce travail était primordial. Dans les clubs précédents, on ne travaillait pas beaucoup cet aspect. J’ai gagné en performance. Désormais, je fatigue moins, je suis plus lucide. Tout le travail que j’ai fait à la Lazio est payant aujourd’hui, je comprends mieux mon corps.

Comment s’est produite ton arrivée au Rayo ?

Cela faisait déjà quelques saisons que le club me suivait et me voulait en prêt. Cet été, j’en ai donc profité pour découvrir la Liga. Et puis Mohamed Diamé, qui était à Lens avant, et qui est maintenant à Hull City, est passé une saison par le Rayo. Il m’a dit que ça s’était super bien passé pour lui ici, ça lui a ouvert beaucoup de portes par la suite. Donc je me suis dit « pourquoi pas ? »

Après six journées de Liga, tu sens que tu es tombé dans le championnat idoine ?

Sans aucun doute. J’aime beaucoup la façon dont le coach nous demande de jouer, les joueurs avec qui j’évolue. Tous mes coéquipiers aiment toucher le ballon. Sur le terrain, ça bouge énormément, personne n’est à l’arrêt. J’ai besoin de ça. La grande différence par rapport aux autres championnats est qu’ici, tout le monde aime le ballon. Dans certaines équipes où j’ai joué, ce n’était pas vraiment le cas. On me demandait de rester bien en place, de jouer la contre-attaque… Je préfère largement le jeu espagnol.

Que te demande explicitement ton entraîneur, Paco Jémez ?

Il insiste beaucoup sur le pressing. Nous, les joueurs offensifs, on a l’obligation d’exercer un pressing haut et intense dès la perte du ballon. Dès qu’on arrive à le récupérer, il insiste beaucoup sur la conservation. On ne doit jamais être à l’arrêt, toujours en mouvement pour apporter des solutions. Avec lui, on peut changer de côté, permuter. Mais toujours avec l’idée d’être accessible pour le porteur de balle. Pour mon jeu, c’est vraiment important. Si tu as du mouvement, tout est plus facile.
Quand je croise mes voisins à Vallecas, ils ne sont jamais dans le négatif

Depuis le début de saison, on te sent tranchant physiquement…

(Il coupe) Pour me sentir bien physiquement, j’ai besoin de beaucoup courir, de me dépenser. Quand je suis à l’arrêt, je me sens, entre guillemets, plus fatigué. C’est un peu comme si je rouillais sur place. Avec le Rayo, d’être toujours en mouvement, ça me permet de me sentir bien. De toute façon, c’est plus facile, dès que tu perds le ballon, d’aller presser pour le récupérer rapidement. Courir quand tu as le ballon, ça fatigue moins. Aux entraînements, on travaille beaucoup le physique. Ce sont des séances très intenses, où on enchaîne les jeux dans des petits périmètres. C’est très très exigeant et ça t’offre du plaisir lorsque le championnat arrive.

Le Rayo, c’est le seul club de quartier de Liga…

Quand tu arrives au stade, il y a une ambiance magnifique. Ce ne sont presque que des gens du quartier. C’est ce qui m’a marqué en premier. Les supporters sont magnifiques. Qu’on encaisse un but ou pas, qu’il y ait victoire ou défaite, ils sont tout le temps présents, ils chantent toujours, ils nous poussent constamment. Dès les matchs amicaux, j’ai pu m’en rendre compte : ils mettaient déjà le feu. Même à l’extérieur, ils font plus de bruits que les autres supporters.

Ton logement est dans le quartier de Vallecas. Comment vit-on dans ce quartier ?

J’habite pas loin du centre d’entraînement. Cela me permet de voir comment fonctionne le quartier, comment sont les gens qui y habitent. Il y a une ambiance très familiale, tout le monde est super agréable. Quand je croise mes voisins qui sont supporters du Rayo, ils ont toujours des mots sympas. Ils ne sont jamais dans le négatif.

Et ce stade à trois tribunes, ce n’est pas étrange d’y jouer ?

Au début, je n’ai pas trop compris le concept du stade (rires). Le système du grand mur derrière le but, ça m’a paru un peu étrange la première fois. Il y a des appartements derrière en plus. Tu vois des supporters qui regardent les matchs de leurs balcons. Mais maintenant c’est bon, je m’y suis fait.

Justement, vous recevez Barcelone dans ce stade ce samedi. L’an dernier, et pour la première fois depuis quelques saisons, le Rayo avait eu plus la possession que le Barça. Quel a été le discours de Paco Jémez cette semaine ?

Il nous a demandé de ne rien changer. Il faudra que l’on presse haut, qu’on tente de récupérer le ballon le plus tôt possible. C’est plus ou moins le même discours qu’avant chaque match. Ce n’est pas parce que l’on joue le Barça que l’on va changer notre jeu. Eux aussi ne se disent jamais ça.

Personnellement, quels sont tes objectifs pour cette saison ?

Pour l’instant, je suis au jour le jour. J’essaye de tout donner pour pouvoir faire une saison complète. Si possible, de marquer et délivrer quelques passes décisives pour avoir de bonnes statistiques. Mais je n’ai pas envie de me projeter plus loin. Cela m’évite de m’éparpiller, je me concentre sur le travail.

Dernièrement, sur RMC, tu as dit que l’on allait voir le « vrai Gaël Kakuta » . C’est-à-dire ?

C’est un joueur décisif, qui percute offensivement, qui a le sourire tout le temps, sur le terrain comme en dehors, qui fait jouer les autres, qui fait des belles choses balle au pied. Sur les six derniers matchs, c’est bien parti. Marquer m’a fait du bien. J’espère que ça va continuer.

En Angleterre, ton surnom était « The Black Zidane » . Est-ce que ces comparaisons t’ont vraiment porté préjudice ?

Non, car il y a toujours eu ces comparaisons. Il y a eu Ben Arfa, après Nasri, Benzema, Gourcuff… Tous les ans, il y a un « nouveau Zidane » . Cela ne m’atteint pas du tout et ça ne me l’a jamais fait.
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Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid

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