Gabri Veiga : jeunesse vendue

Naples carbure à la fausse joie cet été. Entre le départ de Kim Min-jae au Bayern Munich et les arrivées avortées de Kevin Danso et Christian Pulisic, les Napolitains ressemblent en effet aux grands perdants de ce mercato estival 2023. Et à ces gros noms est récemment venu s’ajouter celui d’un jeune espoir : Gabri Veiga. Talent affirmé du football espagnol, le meneur de jeu du Celta – artisan majeur du maintien de Vigo en Liga la saison dernière – vient à son tour de refuser les Partenopei, alors qu’un accord avait été conclu en janvier dernier. Le tout pour voir ce gamin de 21 ans accepter l’offre d’Al-Ahli en Arabie saoudite. Où l’art de monnayer sa jeunesse.

Donne de la Veiga

En début d’année, tout semblait donc indiquer que l’histoire de Veiga débuterait au Napoli. Pur produit du Celta, celui qui a enquillé 11 buts en 39 matchs pour sa première saison complète volait la vedette au vétéran Iago Aspas et tombait dans les filets du champion d’Italie. Une transaction estimée à 36 millions d’euros, bonus compris, et un contrat prêt à être signé début août. En deux mois, rien ne va cependant se passer comme prévu, avec un tournant pris en mai.

EXCLUSIVE: Gabri Veiga to Al Ahli, here we go! Bid accepted by Celta, player also said yes 🚨🟢🇸🇦

Coach Jaissle was crucial for Veiga to accept.

Al Ahli sign their secret top target.

Saudi side want to invest on world best talents — and now they also got the gem Gabri Veiga. pic.twitter.com/8xfOMyiUTS

— Fabrizio Romano (@FabrizioRomano) August 23, 2023

Jusque-là gérés par la famille, les intérêts du joueur passent en effet sous la coupe du super-agent Pini Zahavi (agent de Robert Lewandowski, Christopher Nkunku, Yannick Carrasco ou Pierre-Emile Höjbjerg entre autres). Un changement de dimension à tous niveaux, avec un rehaussement de sa clause libératoire, passant de 40 à 50 millions d’euros, et des exigences salariales doublées. Suffisant pour faire fuir Aurelio De Laurentiis et son club en manque de liquidités, ne goûtant que très peu le rôle de pigeon qui leur est proposé. Des émoluments démesurés, que Zahavi parvient finalement à refourguer au glouton saoudien.

Mettre la famille à Gabri

Vainqueur des enchères, Al-Ahli – comptant déjà dans ses rangs Édouard Mendy, Allan Saint-Maximin, Roberto Firmino, Riyad Mahrez, Merih Demiral, Riyad Boudebouz, Franck Kessié ou Roger Ibañez – offre 60 millions d’euros pour racheter les trois années restantes de Veiga au Celta, auxquels s’ajoutent 12 millions de salaire annuel. Pour l’argumentaire sportif, si tant est qu’il y en ait un, Matthias Jaissle, fraîchement nommé entraîneur à Jeddah, est personnellement intervenu pour vendre le projet à son nouveau protégé. De l’épiphénomène en puissance, quand on sait que du côté de Vigo et de son président Carlos Mouriño, le transfert a été validé avant même d’en avertir le joueur. Désireux de combler des dettes traînant depuis plusieurs années, Mouriño s’est ainsi refusé à laisser passer une telle somme, quitte à légèrement en oublier les droits de son employé. Voici donc le bordel dans lequel s’est engagé un bonhomme de 21 ans, ou plutôt son entourage.

Aux allures de camouflet pour les ambitions que l’on souhaiterait voir chez un footballeur prometteur, ce transfert ne cessera donc de faire jaser. L’international espoir espagnol fait-il une croix sur son avenir avec la Roja avec un tel choix ? Toni Kroos, souvent généreux au moment de donner son avis, l’a en tout cas décrit comme « gênant » sur les réseaux sociaux. Des problématiques que ne prendra jamais en compte cette Arabie saoudite désireuse d’intégrer le giron de l’UEFA sous peu, renforcée dans sa politique par la signature d’un si jeune joueur, et pas peu fière d’avoir envoyé un énième pied de nez à l’Europe du football. Car le futur étant toujours incertain, Gabri Veiga jouera peut-être la Ligue des champions avec Al-Ahli dans les prochaines années, puisque visiblement rien n’est impossible.