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Gabon-Cameroun, le remix
A l'heure de retrouver les Panthères gabonaises pour la troisième fois en moins d'un an, les Lions indomptables affichaient une sérénité de façade. Les mésaventures des Algériens, des Angolais et des nigérians les incitent à se montrer prudents même si Samuel Eto'o et ses frères rêvent tous d'un cinquième sacre.
On rembobine pour s’arrêter sur la conférence de presse très peu courue d’hier, mais où les joueurs camerounais, avec leur entraîneur en tête, affichent une sérénité compréhensible pour le match qui les oppose ce soir aux les Panthères gabonaises.
La question aura beau avoir été retournée dans tous les sens, la réponse aura été inévitablement la même. Paul Le Guen n’a pas fait de mystère du respect que lui inspire le Gabon, tout en rappelant que pour avoir joué deux fois cette équipe lors des éliminatoires couplés Can-Mondial 2010 l’an passé, il sait à quoi s’attendre. L’entraîneur français des Lions Indomptables estime qu’Alain Giresse, toujours aux commandes de cette équipe, ne changera pas grand-chose à son dispositif tactique et à sa stratégie. « Il y aura beaucoup de similitudes avec l’équipe que nous avons rencontré à Libreville et à Yaoundé… » , a t-il affirmé, péremptoire. Le Breton a même éludé à sa façon, le duel franco-français qui l’oppose à son compatriote et présenté par les journalistes présents, comme « la bataille du milieu » . Un affrontement générationnel entre une des pépites du milieu magique de la génération Platini et un des nombreux soutiers de l’ère Jacquet (17 sélections entre 1993 et 95, il frôle l’Euro 96). Avec son calme et sa froideur habituels, Paul Le Guen a doctement répondu à la presse que « c’est la troisième fois qu’on parle de cette fameuse bataille…j’ai un énorme respect pour Alain Giresse, pour le boulot qu’il fait au Gabon et pour l’ensemble de sa carrière » .
Entouré pour la circonstance par son capitaine Samuel Eto’o, le jeune Enoh Eyong (Ajax), le coordonnateur sportif Alexandre Ribeiro, Paul Le Guen est également revenu sur le cas de Joël Matip, le joueur de Schalke 04, sélectionné mais absent pour d’invraisemblables tracas administratifs, en estimant que « c’est un choix d’avenir qui va au-delà de cette CAN » , qu’il ne regrette pas, même s’il le contraint à ne disposer que de…vingt-deux joueurs au lieu des vingt-trois habituels (!!). Samuel Eto’o, le capitaine camerounais, s’est épanché longuement sur les ambitions de ses coéquipiers dans cette compétition. Selon l’Interiste, il ne sert à rien de se projeter au soir du 31 janvier, si on ne peut pas négocier match après match avec efficacité, avant de promettre que « face au Gabon, quelque soit le résultat, soyez sûr que vous allez voir une équipe qui a envie de prouver quelque chose…il faudra qu’on remporte le tournoi pour prouver à tous, quoi qu’en pense certains, que nous restons les meilleurs » . Le Gabon n’a qu’a bien se tenir, face à un Samuel Eto’o qui essaiera de faire prospérer son pécule record de buts en phase finale (16 jusqu’alors (1)). Selon l’ancien Pichichi de la Liga, les exemples du Mali, revenu du diable vauvert après avoir été mené quatre buts à zéro à onze minutes de la fin, du Malawi qui a surclassé les Fennecs algériens (3/0), ou du Faso qui a piégé la Cote d’Ivoire, prouvent qu’aucun adversaire n’est à négliger et que Gabon, Zambie et Tunisie se joueront avec la même hargne.
La question du Togo qui a déclaré forfait après l’attentat dont il a été l’objet a également été évoquée. Eto’o, qui affirme s’être fendu d’un coup de fil auprès d’Emmanuel Adebayor le capitaine des Eperviers, s’est montré très amer vis-à-vis des agresseurs : « Ce sont des individus mal intentionnées, qui veulent présenter une mauvaise image de l’Afrique… » . Lui emboîtant le pas, Paul Le Guen à qui la question a été posée de savoir s’il a pensé lui, abandonner la compétition, a clairement déclaré que « partir n’était pas la solution » même s’il comprend les raisons pour lesquelles le Togo a plié bagages. Pendant une trentaine de minutes, les échanges avec les médias, notamment camerounais, ont été polis et mesurés. Le professeur Achou, un des membres de l’équipe médicale, a affirmé, à son tour, que l’infirmerie s’est vidée et que les rumeurs de forfait concernant Stéphane Mbia, ou celles concernant les bobos supposés de Samuel Eto’o et Alexandre Song, ne sont que des chimères, tous seraient bien portants. L’échange a pris fin avec les propos de Samuel Eto’o invitant la presse camerounaise à plus de responsabilités (lire : à plus d’indulgence et de patriotisme), avant de filer avec ses coéquipiers au Stade Nacional de Lubango pour le traditionnel repérage du terrain. Pour la (re)connaissance de l’adversaire, ils savent déjà.
(1) : contrairement à ce que nous avons écrit dans l’article sur les statistiques de la CAN, ce n’est plus Laurent Pokou (14 buts) le buteur recordman mais Samuel Eto’o (16 buts depuis la dernière édition ghanéenne de 2008).
Martin Camus Mimb (envoyé spécial à Lubango)
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