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- 28e journée
- Atlético Madrid/Espanyol Barcelone
Gabi oh Gabi !
Arda, Diego Costa, Koke, David Villa… Lorsqu’il s’agit de ressortir un nom du collectif de l’Atlético de Madrid, celui de Gabi n’est jamais le premier cité. Pourtant, le capitaine des Colchoneros est au sommet de son art. Entre grinta, sens du devoir et explosion tardive, portrait d’un Madrilène qui pourrait emmener son Atléti tout en haut.
Il y a quelques semaines de cela, début janvier, le très sérieux Centre international d’étude du sport rendait public son équipe type du football européen. Après avoir pris en compte une montagne de statistiques (ballons récupérés, passes réussies…), l’institut a révélé un binôme surprenant au milieu de terrain : Gabi-Verratti. Pas de Xavi, Iniesta, Kroos, Xabi Alonso ou Pirlo. Non, les heureux élus ne sont pas même titulaires dans leurs sélections respectives. Concernant Gabi Fernandez, il n’a jamais connu le plaisir d’une sélection internationale. À bientôt 31 ans, ce statut ne devrait plus changer. Qu’importe. Capitaine de son Atlético de Madrid, club où il a tout connu, Gabi rêve les yeux ouverts. Irremplaçable dans sa terre du milieu, il est la pierre angulaire du système du Cholo. « Simeone a été mon coéquipier, se souvient-il. Quand j’ai débuté ma carrière à l’Atlético de Madrid, lui la finissait. Il est toujours le même compétiteur, toujours à transmettre sa soif de victoire. » Des traits qui lui sont communs.
Koke : « Gabi est l’âme de l’équipe »
Pour faire bref, Gabi a intégré l’Atlético de Madrid dès que son âge le lui a permis. Après avoir évolué dans toutes les équipes de jeunes, il connaît dès débuts compliqués. Un intermède à Getafe (2004-05), un grave accident de voiture et un passage de quatre saisons à Saragosse (2007-11) plus tard, il revient au Vicente-Calderón. À l’arrivée de Diego Simeone, en décembre de la même année, il est promu capitaine. Pour Koke, son comparse et studieux élève du milieu de terrain, « Gabi, c’est l’âme de l’équipe. Tu n’as qu’à le voir sur le terrain, il donne toujours tout. Il court, il se bat… Sincèrement, il fait toujours tout son possible. Et plus encore. C’est le capitaine, notre guide. Il nous donne cet équilibre. Il partage avec nous son envie d’entrer sur le terrain. De nous battre jusqu’à la dernière seconde. » Avec le brassard autour du bras, les Colchoneros retrouvent les sommets. En point d’orgue de sa première saison post-départ, il soulève l’Europa League. Les prémices d’un retour au premier plan, pour lui et « son » Atlético de Madrid.
Car l’amour du maillot n’est pas un vain mot pour Gabi. Plus qu’un simple béguin, il en envoie des preuves répétées. L’an dernier, alors que l’Atlético cavale toute la saison durant derrière le FC Barcelone, il se fait chiper la deuxième place par le Real Madrid dans la dernière ligne droite. Un coup de massue à quelques encablures de la finale de la Copa del Rey prévue au Santiago Bernabéu. Raté. Au terme d’une finale somptueuse et shakespearienne, il devient le premier capitaine de l’Atlético de Madrid né dans la capitale à soulever le trophée. Préalablement, il avait réussi à faire sortir de ses gonds Cristiano Ronaldo (rouge, 115e). Avant de lui-même se faire sortir pour un sacrifice de dernier recours (rouge, 119e). En deux saisons, le caporal Simeone et son lieutenant Gabi redonnent vie aux soldats de l’Atlético. La furie rojiblanca redonne par là même un autre visage du football espagnol. Entre combativité et sens de la passe, Gabi est le parfait compromis de cette Espagne qui peut également gagner « moche » .
L’homme qui court le plus en C1
Plus attendu, scruté de près, l’Atlético de Madrid a réussi à se réinventer cette saison. Comme d’habitude, son capitaine est à remettre au premier plan. Habitués à bien défendre pour ensuite se projeter rapidement vers l’avant, les Colchoneros ont appris à contrôler un match, ses temps faibles et ses temps forts. Gabi en est la pièce centrale. Joueur le plus utilisé par Diego Simeone, il est de toutes les batailles. Surtout, c’est sa vision et ses choix qui font de lui un indéboulonnable. Comme le souligne Adelardo, ancien capitaine du club, au País, « quand il va faire le pressing, toute l’équipe le suit. Il stimule tous ses coéquipiers par l’exemple, sur le terrain comme en dehors. » Justement, sur les pelouses européennes, il est le joueur qui a le plus couru lors de cette campagne de Champions (un peu plus de 93 km). En Espagne, il est l’un des joueurs qui volent le plus de ballons (pas moins de neuf par rencontre). Dans le vestiaire, il est un padre respecté. Jamais dans l’énervement, il bichonne ses jeune partenaires. Ainsi, Thibaut Courtois, à qui l’on prête de nombreuses rumeurs, s’est confié à Gabi histoire d’écarter tous les doutes. Avec un tel capitaine à la manœuvre, cet Atlético ne devrait pas perdre le nord.
Par Robin Delorme, à Madrid