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Gabi no gol
Arrivé en août 2016 à l'Inter avec l'alléchant surnom « Gabigol », Gabriel Barbosa (21 ans) n'a finalement fait trembler les filets qu'à deux reprises en quinze mois passés entre l'Inter et le Benfica Lisbonne, avant de rentrer à Santos, là où tout a commencé. Autopsie d'un échec.
« Ganso, Neymar et Lucas réunis en un seul joueur. » Nous sommes en juillet 2011, Gabriel Barbosa s’apprête à souffler sa quinzième bougie, arbore un magnifique mono-sourcil et empile les buts avec les jeunes de Santos. Suffisant pour s’attirer les louanges du site brésilien GloboEsporte qui n’hésite pas à le comparer à ses trois compatriotes qui régalent le championnat brésilien en attendant de séduire les autres pays du globe. Cinq ans, 56 buts avec Santos, un surnom de Gabigol et une victoire aux Jeux olympiques plus tard, voilà que Gabriel Barbosa semble enfin prêt à faire vibrer une Europe qui n’attend que ça. Ce sera finalement l’Inter qui va décrocher ce qui semble être le ticket gagnant en déboursant 30 millions d’euros pour faire venir le Brésilien à l’été 2016.
Le banc douillet de l’Inter
À l’image des vainqueurs du loto qui mettent plusieurs jours avant d’aller récupérer leurs gains, les Nerazzurri ne semblent pas vraiment enclins à faire jouer leur nouvelle star, qui n’a le droit qu’à trois petites apparitions pour 23 minutes de jeu lors de ses six premiers mois en Italie. La raison de cette mise au ban(c) ? Une arrivée en Lombardie dans les derniers jours du mercato, la concurrence un brin envahissante de Mauro Icardi et un certain désamour de la part de son entraîneur Frank de Boer, qui n’a visiblement jamais souhaité son arrivée, comme l’avouera plus tard son frère Ronald à Sports Bureau : « Il y avait sept ou huit joueurs dont il ne voulait pas, et parmi eux Gabriel Barbosa. Frank n’a pas eu son mot à dire sur son transfert, il est arrivé sans qu’il ne s’y attende. »
Malheureusement pour Gabigol, ni le licenciement rapide du coach néerlandais, ni l’arrivée de Stefano Pioli, ni le but de la victoire inscrit sur la pelouse de Bologne (0-1), ni même sa relation avec Rafaella, la sœur de Neymar, n’égayeront son aventure à Milan. Troisième coach de la saison des Nerazzurri, Stefano Vecchi a parfaitement résumé la situation de l’attaquant brésilien après l’avant-dernière journée de championnat à la Lazio lors de laquelle Gabigol est resté une nouvelle fois sur le banc : « Gabigol s’attendait à entrer ? Ça peut arriver… ou non. Il avait sans doute d’autres attentes pour cette saison, mais cela vaut aussi pour le club et les supporters. Ce n’est pas toujours de la faute de l’entraîneur. Gabigol doit apprendre à mettre ses qualités au service de l’équipe. »
Benfica ? Pas mieux
Pas en odeur de sainteté du côté de Milan où il n’a disputé que dix petites rencontres – pour une seule titularisation en Coupe d’Italie et un but –, Gabriel Barbosa s’envole pour Lisbonne et le Benfica, là encore lors du dernier jour du mercato estival 2017. Un prêt qui ressemble à un jackpot pour Gabigol, qui quitte un septième de Serie A pour le champion en titre de Liga Nos qualifié pour la Ligue des champions. C’est d’ailleurs en C1 que l’attaquant brésilien fait ses grands débuts lors de la défaite du Benfica face au CSKA Moscou (1-2). Sauf que l’aventure portugaise va très vite ressembler à celle vécue en Italie : le but de la victoire inscrit en Coupe du Portugal face à Olhanense (0-1) et des rencontres passées sur le banc ou en tribunes à regarder son vieux compatriote Jonas (33 ans) enfiler les buts.
« Je n’ai pas perdu mon football »
Mais alors comment celui qui devait s’emparer du poste de numéro 9 de la Seleção a pu devenir un flop du jour au lendemain ? Le principal intéressé avance un début de réponse dans les colonnes de A Bola en octobre dernier : « Je n’ai pas perdu mon football. C’est une question de circonstances, d’équipe, mais si vous avez des opportunités de jouer, les choses se produiront naturellement, ça ne sera pas forcé. J’aurais pu aller ailleurs, mais j’ai préféré venir à Benfica, qui est une équipe de gagnant, et je suis aussi un gagnant dans la vie. C’est vraiment génial d’entrer dans le stade, de voir les photos des joueurs dans le tunnel et de se dire :« Moi aussi, je veux voir ma photo ici. » C’est ce qui me motive tous les jours. » Raté, après cinq apparitions en six mois, le Benfica Lisbonne libère Gabigol de son prêt.
Retour au bercail
Conscient que son image en Europe est plus proche de celle d’Éverton Santos que de Neymar, Gabigol a décidé de ne pas rentrer en Italie, où son trophée de « Bidone d’Oro 2017 » l’attendait, mais de retourner chez lui à Santos, dernier endroit sur terre où il est encore vu comme le messie. Mais que Gabriel Barbosa se rassure, ce retour au pays n’est pas obligatoirement synonyme de fin de carrière en Europe. Avant lui, d’autres joueurs sud-américains, à l’image de Thiago Silva, Giuliano ou encore Luís Fabiano, sont rentrés d’Europe la tête basse avant d’y retourner quelques années plus tard pour tout casser. D’autant plus que Gabigol n’a que 21 ans. Au même âge, Batigol n’avait marqué que sept petits buts dans le championnat argentin et Trezegol remporté qu’une toute petite Coupe du monde.
Par Steven Oliveira