- Championship
- Finale
- Brentford-Fulham (1-2)
Fulham marche sur le rêve de Brentford et retrouve la Premier League
Face à un Brentford trop timide et bloqué par l'événement, Fulham a arraché son ticket retour pour la Premier League grâce à un doublé planté par son arrière gauche, Joe Bryan, lors de la prolongation (1-2).
Brentford 1-2 Fulham
Buts : Dalsgaard (120e) pour Brentford // Bryan (105e, 117e) pour Fulham.
Ils ne leur restaient qu’un match à tirer, un seul. Mais ce match, le plus cher du monde, est un mix entre la beauté et la cruauté de ce championnat qu’est le Championship. Quarante-six matchs de saison régulière, puis deux demi-finales à avaler et une finale peuvent venir tout foutre en l’air. Une finale pour séparer les rires des larmes. Une finale pour les héros, surtout : celui de cette finale d’accession entre Brentford et Fulham s’appellera Joe Bryan, d’abord auteur d’un coup franc malin en prolongation avant d’aller conclure un subtil mouvement collectif au bout de la nuit. Avant ça, Bryan n’avait inscrit que deux buts en 60 matchs disputés avec Fulham. Un héros qui laisse Brentford sur le trottoir alors que les Cottagers sont de retour en Premier League.
Un tacle de boucher et des abeilles contrôlées
Thomas Frank, lui, n’est pas un héros mais est une catégorie de bipèdes entraîneurs à lui tout seul. Dans un championnat où le coach champion a passé sa saison les fesses scotchées à un tabouret en plastique et où Scott Parker a débarqué à cette finale comme on se pointe à une communion, le technicien danois de Brentford, lui, est un type qui se balade avec un pull de libraire, qui convoque Al Pacino et son discours dans L’Enfer du dimanche à l’heure de vivre le rendez-vous le plus important de sa carrière, puis qui s’hydrate à l’aide d’une gourde écolo. Frank est peut-être simplement un mec de son époque et c’est aussi ce que raconte l’histoire de son club, qui a monté ses succès en pariant sur les stats, des calculs de probabilités et des bonnes pioches. Suffisant pour remporter un match à 180 millions d’euros et plonger dans la bouillante Premier League ? Insuffisant, en tout cas, pour éviter de claquer des mollets. Alors que l’apiculteur Thomas Frank avait demandé à ses abeilles de piquer et de rentrer dans le lard de sa proie du soir, c’est finalement Fulham que l’on a vu se marrer lors du premier acte et emmerder un Brentford emprunté. La BMW – Benhrama, Mbeumo, Watkins – des Bees a notamment peiné à démarrer là où Josh Onomah a assuré l’ouverture du show et a poussé Raya à se salir les gants à deux reprises. La suite ? Une gestion des affaires par des Cottagers qui n’ont jamais été inquiétés par la meilleure attaque de la saison régulière, qui ont tenu le ballon – 59% du temps – mais qui n’en ont finalement pas fait grand chose. Seule alerte : auteur d’un tacle de boucher sur Norgaard, Harrison Reed aurait pu être poussé à la douche à la demi-heure de jeu. Et seul constat : après quarante-cinq minutes, impossible de distribuer le moindre ticket pour l’élite.
Un héros nommé Bryan
Même sans son fusil Aleksandar Mitrovic, touché à la cuisse et d’abord condamné à regarder ses potes se débattre sans lui, Fulham est resté le gang le plus dangereux sur la pelouse et moins de 180 secondes après le retour de l’entracte, Neeskens Kebano est allé toucher le petit filet extérieur de Raya sur coup franc. Puis, dix minutes plus tard, au bout d’une belle sortie de balle, Bobby Reid a récupéré une balle d’ouverture du score royale au point de penalty, qu’il a balancé dans les sièges vides de Wembley. Que faire ? Pour Brentford, réagir, alors que Said Benrahma a passé une bonne partie de sa nuit à combattre en solitaire et que son pote Bryan Mbeumo a été invisible, si bien que Thomas Frank l’a planqué à l’heure de jeu. Ce que les Bees ont fait à vingt minutes de la fin lorsque Mathias Jansen est sorti de son silence pour trouver Watkins, qui a alors bombardé de l’entrée de la surface un Rodak autoritaire. C’est à cet instant que le bal des substitutes a débuté et que Scott Parker a abattu ses deux cartes brillantes : Anthony Knockaert, puis Mitrovic, entré juste avant la prolongation.
Une prolongation qui a d’abord vu Hector retirer un ballon d’or à Ollie Watkins mais surtout Brentford continuer à globalement contrôler le rythme des débats. Puis, la folie et la tension ont ramené leur fraise, sans oublier l’audace : celle qui permet à un mec qui a vécu la relégation avec son club au printemps précédent de changer le cours d’une saison en troublant la vue d’un Raya à la ramasse à l’aide d’un coup franc posé aux trente mètres. Ce mec, c’est évidemment Joe Bryan, 26 ans : un homme qui est ce soir le héros de Fulham et qui s’est offert douze minutes après son tour de magie un doublé, permettant à son club de retrouver la Premier League un après l’avoir quittée. Malgré la réduction du score de Dalsgaard, Thomas Frank, lui, peut se repasser L’Enfer du dimanche et les mots d’Al Pacino : « Nous sommes en enfer messieurs. Croyez-moi. Nous pouvons y rester, nous faire massacrer… Ou nous pouvons nous battre et revenir dans la lumière. » Mardi soir, Brentford se contentera du noir.
Brentford (4-3-3) : Raya – Dalsgaard, Jansson, Pinnock, Henry (Fosu, 106e) – Jensen (Dervisoglu, 105e), Norgaard, Da Silva (Canos, 84e) – Mbeumo (Marcondes, 61e), Watkins, Benhrama. Entraîneur : Thomas Frank. Fulham (4-2-3-1) : Rodak – Odoi (Christie, 110e), Hector, Ream, Bryan – Reed, Cairney – Kamara (Cavaleiro, 105e), Onomah (Le Marchand, 110e), Kebano (Knockaert, 81e) – Reid (Mitrovic, 90e). Entraîneur : Scott Parker.
Par Maxime Brigand