Au-delà de vos divisions, vous supportez l’Angleterre. Ce qui peut être fatigant à la longue… Que pensez-vous de la nouvelle génération ?
Je suis supporter d’Arsenal, donc je vais défendre les joueurs d’Arsenal : Oxlade-Chamberlain et Wilshere. S’ils jouent bien tous les deux, je serai probablement intéressé. Si Walcott n’avait pas été blessé, il serait allé au Mondial. Et je pense qu’Oxlade-Chamberlain aurait quand même été pris, ce n’est pas exactement le même registre en définitive. Kieran Gibbs aurait presque pu aussi. Mais supporter l’Angleterre n’a jamais été une partie de rigolade.
Pour continuer à parler d’Arsenal : Wenger est-il toujours l’homme de la situation ?
Oui, totalement. Tu sais, quand j’étais gamin, j’ai été abonné avec mon père pendant cinq ans. Je devais avoir entre 13 et 18 ans. C’était quand George Graham était manager. On gagnait beaucoup mais on n’avait pas vraiment le jeu le plus séduisant du monde. Quand Arsène Wenger est arrivé, il a tout changé. On avait des joueurs incroyables : Dennis Bergkamp, et Vieira, et Thierry Henry ! Ces incroyables joueurs qui faisaient que ça m’intéressait même moins de gagner, c’était une joie de juste regarder. Donc Wenger peut rester autant qu’il le veut.
Tu as cité des grands noms, mais qui serait ton joueur préféré d’Arsenal ? Avant et pendant Wenger.
Avant la venue de Wenger, ce serait entre Charlie Nicholas et David Rocastle. Ils étaient là quand j’ai commencé à aller au stade. Pendant Wenger, c’est sûrement Robert Pirès. Bon ou Bergkamp, quel joueur stupéfiant.
Quel serait ton plus beau souvenir avec Arsenal ?
Je suppose que c’est juste le souvenir d’être un enfant. D’aller à Highbury, avec ces odeurs d’oignon et de merde de cheval. Et ces toilettes dégueulasses. Et de rentrer dans le stade, arriver en haut des escaliers de la tribune, le souffle court et de voir le terrain. Et tu as genre 12 ans, avec ton père. Mais je pourrais aussi dire lorsqu’on marque à la dernière minute contre Liverpool en 89. J’étais allé à tous les matchs à domicile cette saison-là, mais j’avais vu ça à la télé. Quand on a marqué, j’étais extatique. Je restais dans la cuisine en fixant l’évier en demandant « C’est fini ? C’est fini ? » . C’était bon. Je me souviens aussi d’un match de FA Cup perdu contre une équipe de troisième division. J’étais en tribune avec les Junior Gunners et les joueurs sont venus donner des autographes pour s’excuser. J’essayais de sauter pour en attraper un en haut du grillage, je n’y arrivais pas. Puis mon père l’a attrapé pour moi.
Tu es assez nostalgique d’Highbury… Tu n’aimes pas l’Emirates du coup ?
Non j’aime bien, mais je n’y vais pas souvent. Le foot, c’est beaucoup de nostalgie, de souvenirs d’enfant donc bon… Je comprends pourquoi ils ont fait ça mais c’était très beau, Highbury. Cet édifice art-déco, c’était quelque chose de très spécial. Le stade actuel, on dirait un vaisseau spatial. C’est impressionnant, mais ce n’est juste pas Highbury.
Ton bassiste Matt Hainsby est en revanche fan de Tottenham. Comment ça se passe pendant les derbys ? Comment peux-tu être ami avec lui ?
En temps normal, je ne le serais pas ! Mais Matt est quelqu’un de très bien, donc on se tolère. Quand Arsenal joue Tottenham, on n’en parle simplement pas. Et si Tottenham bat Arsenal, même si les chances sont infimes, il n’en parle pas. C’est comme ça qu’on gère. Steve est fan de West Ham par exemple, mais nous sommes amis depuis longtemps. Donc ça ne soulève aucun problème tribal…
Votre groupe s’est formé en 2002, à Brighton. Vous n’avez aucun sentiment pour Brighton & Hove Albion ?
Non ça m’intéresse. Brighton est ce genre d’endroit autour duquel tu gravites, mais aucun de nous n’y a grandi. Steve va voir des matchs, parce que ce n’est pas loin. Mais je ne veux simplement pas de « seconde équipe » , je dois juste supporter ma première équipe, ma seule équipe. Ce serait bizarre de supporter quelqu’un d’autre, de leur donner de l’argent que je pourrais donner à Arsenal. Mais j’ai vu que Sami Hyppia a été nommé entraîneur, et c’est bien. Il était à Leverkusen, c’est un entraîneur attractif, intéressant. Et puis c’était un bon joueur et il m’a l’air d’être un bon gars. Bonne chance à lui !
Comme tu l’as dit, beaucoup de musiciens gravitent autour de Brighton : Fatboy Slim, Noel Gallagher, Metronomy… Il t’est arrivé de parler foot avec certains d’entre eux ?
On a joué quelques concerts avec Metronomy il y a quelques années. Et on a fait quelques concerts en Amérique latine avec The Go ! Team, qui viennent de Brighton. Je ne suis pas sûr qu’on ait parlé de foot, plutôt de lunettes de soleil. Il y a beaucoup de groupes à Brighton, mais maintenant, on a tous des gosses, on n’a plus l’habitude de beaucoup sortir, socialiser.
Quelle équipe participant à la Coupe du monde serait Fujiya & Miyagi ?
On serait le Costa Rica. J’aimerais pouvoir penser qu’on serait quelque chose comme la République tchèque, même s’ils ne sont pas qualifiés. Mais non, on se ferait sortir au premier tour. Ou alors on créerait la surprise…
Et avec un nom comme ça, vous ne supportez pas un tant soit peu le Japon ?
Non on n’y est même jamais allés ! On a eu l’idée de ce nom, et on ne pensait pas qu’on sortirait quoi que ce soit un jour. On est restés bloqués dessus. On a peut-être pensé à ce nom en espérant un jour jouer au Japon, mais ce n’est jamais arrivé. Du coup, je ne vais pas du tout les regarder.
Tu te souviens de ta première Coupe du monde ?
J’étais trop jeune pour me rappeler de 78, donc celle de 82, en Espagne. Quand Bobby Robson était manager. Avec ce très beau maillot, avec la bande rouge. Ensuite il y a eu 86, avec Maradona. Et sa main… Bon et le but incroyable qu’il a marqué aussi. C’était spécial. Mais en général, j’aime surtout regarder des matchs sans l’Angleterre. C’est un tel plaisir de regarder du foot sans vraiment se soucier de qui va gagner. C’est quelque chose qui m’est totalement étranger. Quand je regarde Arsenal, je suis genre : « Oh God ! Oh Christ ! » Et je pleure quand on perd. Là, j’ai un favori, mais je me fous que l’Espagne perde contre les Pays-Bas ou je ne sais quoi.
Quel serait ton pire souvenir de supporter ?
Je me souviens d’une défaite contre Liverpool en FA Cup. Il y a environ dix ans (En 2001, NDLR). On menait et Michael Owen a marqué deux fois dans les dernières minutes. Je me souviens avoir pleuré. Je devais avoir 30 ans pourtant ! Mais c’était trop pour moi. Par ailleurs, je n’ai jamais aimé les Arsenal-Tottenham. C’est probablement comme ça que je vais mourir. Une crise cardiaque lors d’un Arsenal-Tottenham. C’est aussi très décevant quand des joueurs que tu aimes beaucoup partent. C’est beaucoup arrivé à Arsenal ces dernières années. J’adorais Cesc Fàbregas par exemple, mais le pire de tous, c’est Robin van Persie. Je le déteste vraiment maintenant. C’est probablement le joueur d’Arsenal que j’aime le moins. Ce qu’il a fait était vraiment merdique. Rester là sept saisons et aller se faire foutre à Man United. Ou Ashley Cole ! Qui a grandi en tant que fan d’Arsenal. Tu joues pour l’équipe qui te faisais rêver en grandissant, puis tu vas à Chelsea. C’est vraiment merdique. Ça te montre ce fossé entre les footballers et les fans, il n’y plus de connexion.
Comme Sol Campbell aussi.
(Rires) Oui mais quand ça se passe dans l’autre sens ça va ! Mais j’aurais été furieux si j’avais été pour les Spurs oui.
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