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Frimpong, le remède du Bayer
Opposé à l’Atlético ce mercredi soir, le Bayer Leverkusen joue une partie de sa saison. Pour cela, la bande à Xabi Alonso pourra compter sur son meilleur buteur : Jeremie Frimpong.
Patrik Schick, Moussa Diaby, Sardar Azmoun ou Callum Hudson-Odoi. Autant de noms que de qualités devant le but pour le Bayer Leverkusen. Pourtant, l’artificier numéro un du B04 s’appelle Jeremie Frimpong, latéral de formation. Auteur de cinq buts depuis l’entame de la saison (tous inscrits en championnat), le Néerlandais de 21 ans constitue la seule satisfaction d’une équipe engluée dans les bas-fonds de la Bundesliga (15e et premier non-relégable) et dont l’embellie serait aujourd’hui une place en huitièmes de finale de C1.
Facilité tactique, voyages et PS3
Car ce qui pouvait s’apparenter à une dynamique éphémère de début de campagne tend doucement vers une réalité tenace en cette fin octobre. Le latéral a su faire fructifier la pleine confiance octroyée par Gerardo Seoane, le coach du Werkself licencié en début de mois : « L’avantage avec Jerry (son surnom, NDLR), contrairement à certains, c’est sa facilité de compréhension tactique. Il ne peine jamais à assimiler les différents schémas que je demande de suivre. Il passe d’un système de quatre à cinq défenseurs en plein match sans problème. » En chiffres : des moyennes de match s’élevant à 57 ballons touchés dans la moitié de terrain adverse ou à trois occasions créées lors de chaque sortie. En pratique : des doublés face à Mayence et Schalke 04, ou deux passes décisives venues renverser l’Atlético, justement, à l’aller.
Pour mieux comprendre cette efficacité devant le but, il faut remonter aux origines de l’appétence offensive de « Jerry » . Et à son enfance outre-Manche. Né à Amsterdam de parents ghanéens, Jeremie débarque à Clayton, dans la banlieue de Manchester, à 7 ans. En Angleterre, le frêle bonhomme tape ses premiers ballons et suit les conseils de son grand frère, Jeffrey. « C’est moi qui l’ai incité à jouer en attaque, confiait l’aîné à The Athletic. Physiquement, il était fragile, mais tactiquement, c’était un monstre. Quand la PS3 est sortie, je lui avais promis de l’acheter s’il atteignait un certain nombre de buts. C’était une carotte, jusqu’au jour où il a définitivement pris l’habitude d’inscrire des triplés et de se motiver seul. »
Merci City
Le chemin se trace à l’orée des années 2010, en dépit d’une timidité maladive, lui faisant manquer de nombreuses opportunités. « Il a, par exemple, refusé Blackburn par peur de trop s’éloigner de la famille. Pareil avec Liverpool, à cause de la distance et du voyage qui coûtait trop cher pour qu’on puisse lui rendre régulièrement visite. » Le salut viendra finalement de Manchester City, à bonne distance du cocon familial. Mais si le climat est favorable pour l’ado, il le sera nettement moins pour sa maman, Bernice. Femme de ménage et mère célibataire, elle accompagnait son protégé quatre fois par semaine, dans un trajet de deux heures, en empruntant trois bus différents. Une cadence de feu, que le fiston s’obligeait à rendre au centuple sur le terrain.
Stabilisé sur l’aile droite, en complément d’un trio offensif composé de Phil Foden, Jadon Sancho et Brahim Díaz, il y deviendra le joueur le plus utilisé des catégories U18 et réserve, entre 2016 et 2019, avec 68 apparitions. De quoi le récompenser de ses premières capes avec les jeunes oranje et lui faire décliner les sollicitations de la FA anglaise. Pour celui qui fêtait alors ses 19 ans, cette dernière année sera d’ailleurs un point de bascule. La blessure du latéral titulaire oblige effectivement ses entraîneurs à le faire reculer d’un cran, afin d’occuper une position inédite. La polyvalence naturelle de « Jerry » aidant, le bricolage se transforme en révélation.
Mentalité hollandaise
Fort de cette régularité à City, Frimpong ne s’y voit cependant pas faire de vieux os. « Il arrivait au bout de sa formation et Manchester City lui a proposé un contrat professionnel. Mais il a refusé, précise son frère. Il a vite compris que s’il signait, soit il n’aurait jamais de temps de jeu, soit il serait prêté un peu partout. » Sans filet, le néo-latéral est finalement sauvé sur le gong, par une offre du Celtic dans les dernières heures du mercato, le 2 septembre 2019. En moins d’un an s’achève donc la conquête de l’Écosse (championnat, coupe, Coupe de la Ligue), avant d’accoster, en janvier 2021, sur les bords du Rhin.
« En arrivant en Allemagne, j’ai galéré comme pas possible, raconte l’intéressé à Kicker. Je pensais que ça allait être « aussi facile » qu’en Écosse pour me projeter en attaque. Mais j’ai vite compris… » Ce fameux temps d’adaptation désormais révolu, le wing-back est devenu la réussite individuelle d’un Leverkusen en galère. Lui, le Batave pure jus, embusqué sur la route du Mondial. « Il n’a jamais été question de jouer avec l’Angleterre ! Je suis néerlandais ! La Coupe du monde ? Oui, j’y pense… Mon rêve depuis tout petit, c’est de représenter les Pays-Bas. » Présélectionné dans la liste des 39 de Louis van Gaal, Jeremie Frimpong a donc posé une première jambe dans l’avion direction Doha. Afin d’y conforter son siège, il faudra assurer la convalescence de ce Bayer malade. À commencer par ce mercredi soir.
Par Adel Bentaha