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Frédéric Bompard : « Je ne me vois plus être l’adjoint de personne »
Historique adjoint de Rudi Garcia, Frédéric Bompard lance pour de bon, à 60 ans, sa carrière d'entraîneur principal à Nîmes, après un intérim à Guingamp. Si le contexte nîmois n'est pas idéal, cela n'effraie pas le bonhomme aux cheveux longs, déterminé à montrer qu'il peut porter la casquette de numéro un.
Vous avez rejoint Nîmes fin novembre. Comment s’est déroulée cette signature ? Le plus simplement du monde. Quand Nîmes a décidé de se séparer de Nicolas Usaï, les dirigeants m’ont appelé. Je ne pense pas qu’ils aient appelé d’autres coachs, car cela s’est fait vite. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour réfléchir. J’ai accepté de relever le défi, de me remonter les manches. On va essayer de se maintenir.
Nîmes flirte avec la zone de relégation (18e). Ce type de mission commando ne vous fait pas peur ? Je savais que j’allais avoir ce genre de challenge à relever. Il faut être lucide : je savais très bien que ce n’était pas une équipe en haut du classement qui allait me téléphoner. Pas parce que c’est ma première expérience. En général, quand on se sépare de son entraîneur, c’est que les choses ne vont pas bien. J’avais étudié le championnat avec cette saison particulière. Je me doutais qu’à cette période-là, à la trêve, des équipes de Ligue 2 mal classées chercheraient un nouvel entraîneur.
Justement, pour reprendre une équipe, était-ce plus simple avec cette trêve hivernale rallongée ? Absolument, ça a été beaucoup plus facile. Je suis resté travailler entre le jour de ma nomination, le 21 novembre, et le jour de la reprise, le 1er décembre. J’ai pu mettre en place des choses avant que les joueurs arrivent. Ensuite, il y a eu les matchs amicaux face à Rodez puis l’OM. C’est plus facile que quand l’on vous dit : « Dans 48 heures, vous allez jouer un match de championnat avec un groupe que vous ne connaissez pas. »
Comment se passent vos premiers pas avec vos joueurs ? J’ai trouvé un groupe qui s’entend bien avec un état d’esprit exceptionnel ! Il vit bien ensemble, ne se plaint pas. Pourtant, vous savez, les conditions d’entraînement dans lesquelles on se trouve ne sont pas faciles. Que ce soit au niveau des structures en dur ou de la qualité des terrains d’entraînement. Mais on bosse avec ce que l’on a. Je tire mon chapeau à ce groupe qui ne se plaint jamais, mais il y a vraiment des choses à faire à ce niveau-là.
Avez-vous eu de mauvaises surprises en arrivant dans le Gard ? Le centre d’entraînement de la Bastide, ce n’est pas une mauvaise surprise, mais voilà… Lundi (26 décembre, face à Guingamp), il y avait le premier match au Stade des Antonins. Je tire mon chapeau au président Rani Assaf pour avoir monté une enceinte en si peu de temps. Mais à un moment donné, il faudra s’attaquer au centre d’entraînement, car il y a un vrai travail à ce niveau-là. Il nous faudrait au moins des terrains de qualité pour pouvoir s’entraîner. Mais ça, tout le monde le sait, ce n’est pas nouveau. Je ne vais pas m’en plaindre, c’est juste un constat.
— Nîmes Olympique (@nimesolympique) December 22, 2022
À Guingamp, lors de votre intérim sur le banc (du 1er février au 30 juin 2021), vous aviez réussi à réveiller une équipe un peu dans la même situation : capable de jouer au moins le milieu de tableau sur le papier, mais qui filait en National. Est-ce une situation similaire à Nîmes ? Je ne sais pas si cette équipe doutait de son football, mais je fais tout pour lui redonner confiance. C’est incomparable avec Guingamp où il y a un centre d’entraînement de niveau Ligue 1. Le Roudourou, c’est la plus belle pelouse en France avec le Parc des Princes. Pourquoi je parle du centre d’entraînement ? Car c’est notre quotidien, là où l’on met les choses en place, où l’on entraîne les joueurs.
Le Nîmes Olympique, c’est une situation difficile entre un stade des Antonins provisoire, des relations tendues entre les supporters et le président et des résultats décevants. Cela ne vous a pas fait réfléchir ? Non, quand je suis arrivé, j’ai demandé où ça en était, car j’en avais entendu parler et on m’a dit que cela s’était aplani. Pour être franc, depuis que je suis arrivé, les supporters, je ne les ai pas vus. Rien ne m’effraie, vous savez. Mais il ne faut pas oublier que le football, cela reste un jeu, il faut relativiser.
Vous avez réussi à faire partir Thibault Giresse de Guingamp, un petit exploit. Pour une première expérience, était-ce primordial pour vous d’avoir votre staff ? C’est toujours important d’arriver avec des hommes à soi. Quand je suis parti de Guingamp, j’avais dit au président, Fred Le Grand, que je solliciterais sûrement Thibault Giresse quand je retrouverais un club. Quand l’on a travaillé ensemble, on s’est bien entendus. Lorsque je suis arrivé à Nîmes, je l’ai rappelé. Je crois qu’il n’a pas hésité un instant. Quand Stéph’ Dumont est arrivé à Guingamp, il est arrivé avec un adjoint (Pascal Braud), donc il n’avait plus le même rôle. Quand je le vois fonctionner au quotidien, je suis content, je sais que c’est un bon choix. Il y a aussi Tony Ayache, qui était mon analyste vidéo à l’EAG, qui nous a rejoints.
Vous venez d’obtenir le BEPF (Brevet d’entraîneur professionnel de football, NDLR) qui vous a un temps empêché d’exercer. Est-ce un soulagement ? Je me suis retrouvé à faire une validation des acquis d’expérience. J’ai trouvé ça moyen, mais j’ai dû le faire et je suis content de l’avoir eu, surtout vu la manière. C’est autre chose que de faire la formation classique, car là, j’étais seul chez moi et c’est du niveau master. Ce diplôme, j’aurais dû l’avoir il y a longtemps. Mais je ne l’avais pas passé, car j’estimais que je n’en aurais pas besoin vu que je travaillais avec Rudi Garcia, qui l’avait. On a longtemps été au très haut niveau, et nous jouions tous les trois jours, donc j’étais totalement pris par mon boulot. Je ne me préoccupais pas de ce BEPF. Je pensais aller au bout avec lui…
Que s’est-il passé ? Vous avez eu envie de devenir entraîneur principal ?Ce n’était pas une envie de devenir numéro un. C’est qu’à partir du moment où nous nous sommes séparés avec Rudi, j’avais besoin de travailler, et à Guingamp, Xavier Gravelaine recherchait un adjoint confirmé pour épauler Sylvain Didot. Je pense que j’ai toujours été numéro un à l’intérieur de moi-même. Mais comme je bossais avec Rudi, j’ai toujours joué mon rôle d’adjoint, j’ai toujours été loyal. Mais quand je n’ai plus été avec lui, je me suis dit : « Pourquoi pas moi ? » Cela s’est bien passé à l’EAG, pourquoi pas à Nîmes ?
En mai 2021, vous disiez à la presse que vous vous sentiez numéro un, mais que vous pourriez redevenir adjoint seulement pour Rudi Garcia. Vous a-t-il proposé de le suivre à Al-Nassr ? Seriez-vous toujours prêt à redevenir entraîneur adjoint ? Oui, il m’a appelé, mais je n’y suis pas allé. Il y a des choses qui ne me convenaient pas. Ce n’est pas plus mal que je n’y sois pas allé. Aujourd’hui, je ne me vois plus être l’adjoint de personne.
En Arabie saoudite, vous auriez pu entraîner Cristiano Ronaldo. Est-ce un regret ? C’est bien pour Rudi, mais je n’envie pas ce genre de choses. Des grands joueurs, j’en ai entraîné plein avec lui. Après, on est bien d’accord, Cristiano Ronaldo il est en fin de carrière. Ce n’est plus le Cristiano Ronaldo de Madrid ou de Manchester. Mais tant mieux pour Rudi !
Propos recueillis par Loïc Bessière