ACTU MERCATO
Fred, soixante millions et des questions
Acheté un peu moins de 60 millions d’euros par Manchester United, Fred quitte enfin le Shakhtar Donetsk pour tenter l’aventure anglaise. Avec des interrogations entourant cette arrivée. Car son prix peut paraître cher, très cher.
La confusion a forcément été faite. Que ce soit quand le transfert a été officialisé ou lorsque Tite a dévoilé sa liste des 23 Brésiliens pour la Coupe du monde en Russie. Pas suiveurs de la Seleção pour un sou, certains se sont donc questionnés. Comment ça, Fred fait toujours partie de la sélection ? Comment ça, Fred a signé en faveur de Manchester United ? L’erreur est facile, et les réponses tout autant : non, il ne s’agit pas de l’ancien attaquant de l’Olympique lyonnais de 34 ans présent au Mondial 2014 qui court toujours à Cruzeiro, mais de son homonyme né dix piges plus tard qui a fait le bonheur du Chakhtar Donetsk pendant les cinq dernières saisons.
#MUFC is delighted to announce it has reached an agreement with Shakhtar Donetsk for the transfer of Fred.More details: https://t.co/uQM1R6bmgH pic.twitter.com/52Kg4k2jT8
— Manchester United (@ManUtd) 5 juin 2018
Si le milieu de terrain fait davantage l’actualité que le buteur, c’est tout simplement parce qu’il vient d’être vendu environ soixante millions d’euros à des Red Devils ayant perdu Michael Carrick (retraite) et Marouane Fellaini (fin de contrat). Soit une somme bien plus élevée que celle dépensée il y a un an pour Nemanja Matić, 29 bougies, acheté 45 millions alors qu’il provenait d’un club concurrent – Chelsea – et qu’il était parfaitement rompu aux joutes anglaises.
Un coût largement supérieur, aussi, à celui de Fabinho, qui vient de s’engager à Liverpool à 24 piges en échange de 45 millions après avoir montré de bien belles choses en France pendant cinq années. Inutile de comparer les prix ? D’accord. Mais voir un joueur débarquer pour autant d’argent sans avoir jamais prouvé dans le top 5 peut légitimement interroger.
Battleentre PSG, City et United
Alors, comment l’expliquer, au-delà du niveau économique fou régissant l’univers du football dont le Chakhtar parvient à profiter aisément en se remplissant les poches grâce à ses talents brésiliens (Willian, Douglas Costa, Fernandinho…) ? D’abord, il faut savoir que Fred a fait l’objet d’une bataille concurrentielle – dont MU est sorti gagnant – assez énorme. Le rival Manchester City, qui s’est finalement recentré sur Jorginho, a en effet très longtemps représenté la destination favorite de l’international (sept sélections). Le Paris Saint-Germain, lui, serait passé à l’attaque il y a quelques semaines avec une enveloppe contenant un chèque de quarante millions d’euros. De quoi faire monter les enchères du côté ukrainien.
Trente millions dans chaque patte
Mais si le bonhomme a autant attiré les convoitises, c’est parce qu’il s’agit d’un élément qualitatif au potentiel énorme. Déjà auteur d’une quarantaine de rencontres européennes sous le maillot de Donetsk (trente en C1, neuf en C3) avec lequel il a atteint les huitièmes de finale de Ligue des champions à deux reprises, Fred a remporté six trophées (trois championnats, trois coupes) et reste sur une saison très convaincante (37 matchs toutes compétitions confondues pour quatre buts et sept passes décisives).
Sorte de numéro six d’1,70 m ultra complet pour son poste, Frederico Rodrigues de Paula Santos, de son nom complet, est capable de multiplier les missions dans l’entrejeu. Récupérer, perforer les lignes, dribbler, éliminer en puissance, délivrer des caviars… À l’aise des deux pieds, le Sud-Américain est aussi indispensable à ses coéquipiers d’attaque qu’à ses partenaires situés derrière lui. Et sa frappe de mule peut également lui donner un aspect spectaculaire et esthétique très apprécié par les fans. En témoigne ce pion inscrit il y a quelques mois.
Seule tache sur son curriculum vitae : ses deux périodes de suspension qui ont duré de longs mois entre le 4 février 2016 et fin juillet 2017. Appelé par son pays pour suppléer Luiz Gustavo lors de la Copa América 2015, le jeune homme est contrôlé positif à l’hydrochlorothiazide diurétique, substance interdite par la FIFA utilisée pour perdre du poids et, surtout, pour cacher la prise d’autres produits illicites lors des tests. Voilà sûrement pourquoi Fred n’a pas quitté sa terre adoptive avant ce début de juin 2018.
Désormais, lui-même l’assure : il est fin prêt pour le top niveau. « Ça fait cinq ans que je suis ici. J’ai été très clair avec le club en disant que je suis heureux, mais que j’ai envie de faire un bond dans ma carrière, déclarait-il ainsi à SporTV peu avant sa signature pour United. Je crois que je dois changer, je rêve de jouer dans les clubs majeurs d’Europe. Je pense que c’est le moment pour moi, je le dis clairement. » Avec l’espoir de faire mieux que son homonyme, triple champion de France et double quart-de-finaliste de LDC avec Lyon.
Par Florian Cadu