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François, le pape socio de San Lorenzo
Depuis hier, le pape est argentin. Alors forcément, il aime le foot. Et forcément, il a un club de cœur : San Lorenzo. D'ailleurs, il ne pouvait en être autrement. Faisant partie des Cinq Grands d’Argentine, le club des « Saints » a été fondé par un prêtre : le Père Lorenzo Massa. L'Église catholique vient d’offrir au club de Boedo l’un des plus beaux succès de son histoire.
Jusqu’à hier, les fans de San Lorenzo avaient Viggo Mortensen. Un père danois, une mère ricaine, une enfance en Argentine et un succès international dans le cinéma. Pour un club populaire au pays mais qui n’a presque jamais rien gagné hors de ses frontières (une petite Sudamericana en 2002), Aragorn était le supporter célèbre idéal pour faire parler du club un peu partout dans le monde. Rôle que Mortensen a rempli fièrement pendant des années, au point d’avoir été nommé ambassadeur du club de Boedo. Mais voilà, le nouveau pape est arrivé. Le cardinal Jorge Mario Bergoglio, fils d’immigrés italiens, né à Buenos Aires en 1936 et supporter du Ciclón depuis tout petit, est devenu François Ier. Et par la même occasion roi de Boedo. Dans ce quartier du sud de la capitale, complètement dévoué à San Lorenzo, on était un peu plus fier qu’ailleurs de l’élection de l’Argentin à la tête de l’Église catholique.
Un prêtre, des « Saints » et un titre de champion
Cette passion pour San Lorenzo, le 266e Pape la tient de son père. Celui-ci, employé des chemins de fer, évoluait dans l’équipe de basket du club et emmenait le petit Jorge voir jouer les Blaugranas au Viejo Gasómetro, l’ancien stade des « Saints » (autre surnom du club), situé au cœur du quartier. La suite de l’histoire est évidemment religieuse. Le club a été fondé en 1908 par un prêtre, le Père Lorenzo Massa. A l’origine, des gamins jouent dans la rue et le prêtre, bon cœur, leur offre l’oratoire de San Antonio comme terrain de jeu. Le club prend forme et se pose alors la question de son nom. Les jeunes proposent San (Saint) Lorenzo, en l’honneur du prêtre. Ce dernier refuse, avant de changer d’avis pour deux raisons : le club s’appellera ainsi en hommage à Saint Laurent de Rome, « le patron des pauvres » mort en martyr, et à la bataille de San Lorenzo, qui opposa en 1813 les forces indépendantistes aux colons espagnols. En 2008, Jorge Bergoglio dirige la messe du centenaire du club, au cours de laquelle il rappelle les exploits du San Lorenzo de 1946, champion d’Argentine. « De cette époque, je n’ai pas raté un match » , assure-t-il alors.
« Un honneur pour l’institution »
Un maillot et une carte d’abonné plus tard, le futur pape se charge d’une autre messe en l’honneur du club et fait cette fois référence à ses couleurs : « Nous les avons importées de nulle part : nous les avons demandées à la Vierge. » Le pire, c’est que c’est vrai. Le Père Lorenzo Massa avait fait le choix du bleu marine et du grenat en s’inspirant d’un supposé voile portée par la Vierge Marie. Le pape aussitôt élu, le club envoie la sauce sur son site internet : photo de la carte de socio de Jorge Bergoglio, photo en tenue religieuse avec l’écusson du club dans les mains. Et un titre : « La passion de François Ier pour San Lorenzo fait le tour du monde » . Le cinquième club le plus populaire d’Argentine se félicite d’avoir été contacté par des médias de « plusieurs parties du monde » et « envoie ses félicitations au nouveau Pape » . Pérez Castex, porte-parole du club, déclare même que cette élection est « l’un des évènements les plus importants de l’histoire de San Lorenzo » . « C’est un honneur pour l’institution » , ajoute-t-il. Pas brillant à l’international et en difficulté en championnat, San Lorenzo a quand même réussi à faire parler de lui à l’autre bout du monde. Hier soir, il est devenu le premier club à remporter l’Église.
Par Léo Ruiz, en Argentine