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François Hollande est-il un footballeur décent ?
Alors que 2017 et l’heure du bilan approchent pour François Hollande, le temps est venu pour les Français de se poser les questions qui comptent. Ce président tient-il la route balle au pied ? Des terrains d’entraînement du FC Rouen au stade Charléty, So Foot lève le voile sur le réel niveau footballistique du chef de l’État.
« Numéro 22, François Hollande, député de la Corrèze ! » Au milieu de la pelouse du stade Charléty, Thierry Roland, micro en main, annonce la composition des équipes avant le coup de sifflet. Dans les vestiaires, François Hollande finit de lacer ses Nike Tiempo blanches. Ce 20 mai 2008, le président de la République, alors premier secrétaire du Parti Socialiste, est le milieu offensif de l’équipe des politiques à l’occasion d’un match caritatif organisé au profit de l’association France Alzheimer. Fer de lance de l’attaque, il occupe le couloir droit aux côtés d’Eric Besson dans une sélection composée, entre autres, de Xavier Bertrand, Eric Woerth et Bernard Laporte. Face à eux, une équipe de people du Variétés Club de France – à l’initiative de l’événement – emmenée par Patrick Bruel, Richard Gasquet et Pierre Sarkozy. « On va essayer de le battre celui-là. Le père, on n’a pas réussi. On va essayer avec le fils… » , lance à l’échauffement un François Hollande malicieux à la caméra de VSD. La suite, c’est un match qui tourne vite à l’avantage de l’équipe des people. Mais, surtout, ces images de François Hollande balle au pied qui rencontrent un certain succès dans les médias à l’époque.
On y voit s’étaler la palette de jeu du président au double 2 dans le dos : contrôle du genou, passe enchaînée, pressing de chien fou sur le fils Sarkozy, coup d’épaule sur un défenseur adverse. Pas vraiment aidée par la paire de lunettes, la dégaine n’est pas celle d’un grand sportif, mais l’intention et le sourire sont là, même quand François finit une course sur les rotules après avoir poussé trop loin sa balle et, au bout de l’effort, trébuche. Sur le banc pour coacher les politiques ce jour-là, Gerard Houllier garde un bon souvenir de son milieu offensif droit : « C’est un joueur élégant, disponible pour les autres et très généreux. Il jouait dans le couloir droit, mais aimait bien rentrer sur son pied gauche » .
Hollande, ce passionné mal taillé
De beaux souvenirs, François le footeux n’en a pas laissés partout où il est passé. À dire vrai, au FC Rouen, où il a joué chez les jeunes pendant deux saisons quand il avait 13-14 ans, il n’en a laissé aucun, ou presque. Dirigeant du club à la fin des années 60, Guy Labrosse raconte : « François Hollande a effectivement joué chez nous en minimes, mais il était dans l’équipe 2 ou 3. On ne l’a jamais vu en équipe première. Il n’était pas au niveau, et puis il est resté très peu de temps » . Les rares qui se rappellent avoir joué avec lui parlent d’un garçon pas vraiment doué et qui n’avait pas la morphologie pour être un bon footballeur, mais qui adorait jouer. En 1968, Claude Le Roy, milieu de terrain du FC Rouen – qui joue en D1 – file un coup de main aux éducateurs du club quand il a le temps : « On m’a souvent demandé si je me souvenais de comment jouait François Hollande quand il était chez les jeunes du club. Mais à l’époque, c’était un anonyme parmi les 400 ou 500 gamins de l’école de foot… » C’est bien plus tard que ces deux amoureux du FC Rouen se sont rapprochés : « Quand il s’est lancé dans les primaires socialistes pour 2012, il était à 2 ou 3% d’intentions de votes. Un matin, je lui ai envoyé un SMS pour lui dire que je faisais partie des 2%. Forcément, ça créé des liens… Depuis, on a sympathisé. On a beaucoup parlé du FC Rouen, il m’a dit qu’il était en tribunes pour notre fameux match face à Arsenal en Coupe d’Europe, en 1969-70 » .
« Avec Michel Sapin, ils jouaient n’importe où, dès qu’ils pouvaient »
Après Rouen, François Hollande part à Neuilly-sur-Seine pour poursuivre de brillantes études. Il emmène son amour du foot dans sa valise : « Il n’a jamais arrêté de jouer. À l’ENA, il a rencontré Michel Sapin, qui était aussi un joueur de foot devant l’éternel, sourit Claude Le Roy. Ils jouaient n’importe où, dès qu’ils pouvaient. Il me racontait, la dernière fois, qu’entre potes – entre énarques – ça leur arrivait très souvent de faire des matchs de foot sur un bout de pelouse entre deux cours ou pendant les quelques week-end qu’ils avaient de libre » . De l’ardeur, pas de prédispositions, peu de talent : voilà l’impression que laisse François Hollande sur les terrains de foot où il pose ses Tiempo blanches. Aujourd’hui, emploi du temps serré oblige, le président de la République est devenu observateur davantage que pratiquant. Il a toujours Michel Sapin, mais n’a plus de cours à l’ENA ni vraiment le temps pour taper dans des ballons. Difficile de rester au niveau dans ces conditions. Regret d’une carrière sportive impossible, il confiait sur les ondes de Radio France au journaliste Jacques Vendroux il y a quelques années : « Dans une vie rêvée, j’aurais aimé être l’avant-centre des Diables rouges du FC Rouen » . Un rêve fou qui ne s’est pas réalisé chez les minimes mais, qui sait ? S’il se retrouve libéré de quelques obligations républicaines en mai 2017, il n’est pas trop tard pour aller tenter sa chance chez les seniors.
Par Albert Marie