Bonjour M. Courteaux, présentez-nous un peu les équipes de football d’Air France.
On a une association sportive, l’ASAF (Association sportive d’Air France), qui gère toutes les équipes de la compagnie, pour tous les sports. Au total, ça fait plus de 8000 personnes. Au football, on a deux équipes. Une pour Orly, une pour Roissy, avec des divisions d’âge à l’intérieur.
Une équipe Orly, une équipe Roissy. C’est donc ça, le Classico d’Air France ?
On s’affronte parfois oui, en coupe. Ou on organise des matchs amicaux l’été, en fonction des calendriers de nos championnats.
Dans quel type de championnats vous jouez ?
Nous, les vétérans, on joue dans un championnat normal, géré par la FFF, en Division d’honneur régionale dans l’Oise. Les jeunes, ils jouent dans un championnat d’entreprises. Ce sont des championnats traditionnels, qui se déroulent sur une saison, avec un système de points. Ceux qui jouent contre les entreprises, ils jouent contre des équipes du genre Orange, EDF ou Banque de France qui sont très fortes.
Banque de France, ils sont bons parce qu’ils ont de l’argent pour acheter des joueurs ?
Pas forcément, mais déjà nous, à Air France, on a un handicap, car on n’a pas le droit aux joueurs extérieurs. C’est une règle qui est votée au niveau de l’ASAF, et qui nous pénalise au football. Ça nous permet tout de même de garder un état d’esprit familial, alors que l’entreprise se casse la gueule. Mais par exemple, à la Banque de France, ça leur arrive d’aligner des équipes avec 11 joueurs qui ne travaillent pas dans l’entreprise.
Et à Air France sur le terrain, ça donne quoi ? Vous avez des gars qui ont fait du foot en club ?
Bien sûr, et il y a une vraie concurrence pour jouer en équipe première. On a tous fait de la compétition, moi-même j’ai joué en DH. On a même d’anciens professionnels. Après, au niveau de l’état d’esprit, je dirais que c’est l’équivalent de la mentalité du dimanche matin. On arrive à faire deux entraînements par semaine, mais on a toujours des gens qui sont en vol, ou d’autres qui travaillent la nuit, donc on a moins de stabilité qu’un club normal. Il nous faut au moins 30 joueurs pour pouvoir gérer l’équipe.
Au sein de l’équipe, il y a des gens qui exercent tout type de métiers ?
Oui, ça va du pilote, au PNC, au mécano. Même les stagiaires ou les chargés de mission peuvent jouer, le temps qu’ils restent dans l’entreprise.
Et vous-même ?
Je suis contrôleur de gestion, et attaquant de l’équipe de Roissy.
Vous pensez que vous créez de la cohésion dans l’entreprise ? On entend souvent parler de crises à Air France, ça vous permet de rester soudés ?
Au boulot, ça aide. Parfois, on croise quelqu’un avec qui on joue et on se dit : « Tiens, lui, il est cadre, ou lui, il est secrétaire. »
Dans le vestiaire, vous parlez de ce qu’il se passe actuellement à Air France ?
Quand ça bouge comme hier, oui, on en parle !
Du coup la question que tout le monde se pose, est-ce qu’à Air France vous êtes des pros du tirage de maillot ?
Non, je ne pense pas ! Ce n’est pas notre style, nous on aime bien recevoir les autres équipes et ça se passe bien. Notre entraîneur aime quand on joue technique. Il n’y a pas de tirage de maillot, ici !
Et celui qui a arraché la chemise du DRH, vous avez pensé à le recruter pour en faire un défenseur rugueux ?
Je peux pas répondre, je ne sais pas qui c’est. Si ça se trouve, il est déjà au club ! Mais il ferait mieux de jouer au rugby !
Vous avez déjà perdu des joueurs clés à cause des suppressions de personnel ?
Oui, bien sûr. L’effectif diminue, il y a de moins en moins de gens, c’est lié, et on ne le sent pas seulement au football. Certains de nos joueurs sont partis chez la concurrence, à Britair par exemple. Avant, on avait aussi des équipes pour les employés en province, à Toulouse, à Nice, à Bastia… Aujourd’hui, elles ont disparu à cause du manque d’effectif.
Vous craignez la disparition définitive des équipes de football d’Air France ?
Si ça continue comme ça, j’ai un peu peur.
Et si vous tentez de faire entendre votre voix en tant qu’équipe de football d’Air France à vos dirigeants, ils vous écoutent ?
Non, on n’a pas plus de poids, ça ne sert à rien. Sauf si le cadre dirigeant joue avec nous ! Mais les sportifs ne cherchent pas à peser sur les décisions de l’entreprise, sinon on ne s’en sort pas. Sauf pour ceux qui sont aussi syndicalistes.
On sent tout de même qu’il y a une vraie ferveur pour le football chez Air France.
Oui, parfois on réunit même les équipes de Roissy et d’Orly, quand on affronte le Variétés Club de France par exemple. Air France était l’un de leurs sponsors, donc ils nous accordaient un match par an, et on se cotisait pour récolter des fonds pour l’association qu’ils défendaient. La dernière fois que j’ai joué contre eux, il y avait Kombouaré, Boubacar, Larqué… On a perdu 4-2, on a bien tenu la route au début avant de faire tourner l’effectif ! On a aussi fait des matchs contre des anciens du RC Lens par exemple, et on tente de faire un déplacement par an. L’année dernière, on était au Brésil, cette année, on va partir en Argentine.
Vous arrivez à organiser ça comment ?
Air France nous aide un peu, mais sinon, c’est sur nos économies personnelles. On prend des contacts dans ces pays, on se présente comme l’équipe de football d’Air France, et on tente de trouver des matchs contre des équipes d’entreprises de préférence.
Et les retraités dans tout ça ?
L’ASAF existe depuis plus de 60 ans, et on a pas mal d’anciens qui gardent contact avec nous. Il y a 3 ou 4 ans, on a même organisé un barbecue avec les anciens du club, au cours duquel on a joué un match.
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