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Franck Kessié : « Jouer à Cesena m’a fait beaucoup de bien »
Il y a encore quelques mois, pas grand-monde ne s’intéressait à Franck Kessié quand il évoluait à Cesena, où l’Atalanta Bergame l’avait prêté. Cette saison, il est un joueur qu’on remarque beaucoup plus et que Chelsea aimerait bien faire venir à Londres.
Chelsea s’intéresse à vous, comme d’autres clubs (AS Roma, Juventus Turin, Liverpool, manchester City) avant les Blues l’avaient fait… J’ai lu des choses dans la presse. Je suis très flatté que des clubs de ce niveau s’intéressent à moi. Cela prouve que je fais une bonne saison (16 matchs, 6 buts, ndlr), que je continue à progresser. Je ne veux pas aller trop vite. Je ne sais pas si mon club a reçu des propositions. Je suis sous contrat. On verra s’il faut discuter. J’aime bien Bergame, la ville est sympa, tranquille, et j’apprécie la vie en Italie, où j’ai été bien accueilli.
Pourtant, vos premiers pas en Europe, à l’hiver 2015, n’ont pas été simples. Pendant plusieurs mois, vous ne saviez pas vraiment de quoi votre avenir serait fait…C’est vrai. J’arrivais de mon club – Stalle Adjamé – en Côte d’Ivoire. C’était la première fois que je venais en Europe. Je ne parlais pas italien et quand je suis arrivé, je me suis entraîné avec l’effectif professionnel. Mais l’Italie, pour les jeunes, c’est compliqué. Je ne jouais pas, et on m’a dit d’aller jouer en réserve. J’y ai fait quelques matchs, et quand je suis revenu de mes vacances d’été, je n’étais ni dans le groupe pro, ni dans celui de la B. Là, c’était chaud. On m’a parlé d’un prêt, et je suis parti m’entraîner avec ceux qui, comme moi, devaient être prêtés et d’autres qui revenaient de prêt, mais sur qui le coach ne comptait pas. Au début, nous étions entre dix et quinze. Puis on s’est retrouvés à cinq, puis à trois.
Même pas de quoi faire une belote… Et c’est là que Cesena (Serie B) s’est manifesté ?Oui. Ce club voulait un défenseur central. Je me retrouve donc à Cesena, où je ne voulais pas trop aller, en tant que sixième défenseur central. Je ne joue pas les quatre premiers matchs. Au cinquième, alors que plusieurs joueurs sont blessés, l’entraîneur (Massimo Drago, ndlr) me demande de jouer au milieu. Comme j’avais déjà joué à ce poste de milieu défensif avec mon club en Côte d’Ivoire et dans les sélections nationales de jeunes, ça ne m’a pas posé de problème. Et j’ai fait mes matchs en tant que titulaire. J’ai même marqué quatre buts et donné trois passes décisives…
L’Atalanta devait suivre cela de très près…Ouais. Après quinze matchs avec Cesena, ils ont voulu que je revienne de mon prêt plus tôt que prévu. Mais je n’ai pas voulu, je ne voulais pas laisser tomber Cesena, où je voulais terminer la saison. J’ai beaucoup appris dans ce club qui m’a fait confiance. Tactiquement, j’ai énormément progressé. Quand je suis revenu à Bergame pour la saison 2016-2017, j’étais bien. J’avais eu du temps de jeu à Cesena, je connaissais mieux le foot italien, j’avais du rythme. J’étais prêt… Ce passage à Cesena m’a fait beaucoup de bien.
Est-il exact que vous auriez pu débuter votre carrière européenne ailleurs qu’en Italie ?C’est vrai. En 2013, j’ai participé à la Coupe du monde des moins de dix-sept ans aux Émirats arabes unis et on atteint les quarts de finale contre l’Angleterre (1-2). En revenant à Abidjan, j’apprends que Nantes et Tours s’intéressent à moi. Je suis allé quelques jours à Nantes, je me suis entraîné, mais il faisait froid. À Tours, je suis resté peut-être dix jours, mais ils hésitaient. Je suis finalement rentré en Côte d’Ivoire et mon agent me parle de l’Atalanta. Entre-temps, il y a le Standard de Liège qui se manifeste. Je rencontre l’entraîneur, je fais deux ou trois séances avec le groupe, et finalement, je ne signe pas. Et je m’engage avec Bergame…
En septembre 2014, Hervé Renard vous a appelé en équipe nationale alors que vous n’aviez que dix-sept ans…Oui. Contre la Sierra Leone à Abidjan, en qualifications pour la CAN 2015. Et je suis titulaire ! Je me rappelle ce match difficile. Je me retrouve au milieu de Yaya Touré, de Kalou, d’Aurier… C’est là, paraît-il, que l’Atalanta m’aurait repéré. Ensuite, Hervé Renard m’a fait jouer contre la RD Congo (2-1 à Kinshasa, 3-4 à Abidjan). J’avais d’ailleurs été expulsé lors de ce match retour. Le coach ne m’avait pas retenu pour faire la CAN 2015 en Guinée équatoriale, mais grâce à lui, je suis devenu international…
Propos recueillis par Alexis Billebault