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Franck Honorat : « À Brest, j’ai retrouvé mon football »

Propos recueillis par Adrien Hémard
Franck Honorat : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>À Brest, j&rsquo;ai retrouvé mon football<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Avec 6 buts et 4 passes décisives, Franck Honorat s'est imposé à 25 ans comme un des hommes forts du Stade brestois. Transfiguré depuis sa rencontre avec Olivier Dall'Oglio, l'ancien passeur devenu buteur raconte son évolution et son épanouissement à Brest avant de défier le PSG au Parc des Princes. Sans oublier d'évoquer son amour pour son Sud natal, les frappes de loin et même les Yamakasi. Entretien avec un Brestois du tonnerre.

Salut Franck, tu es le Brestois le plus décisif avec ton pote Romain Faivre. Comment juges-tu ton début de saison ?C’est correct, j’ai fait une bonne première partie de saison. Dix buts et dix passes décisives en fin de saison ce serait un bon objectif, surtout à Brest où on joue le maintien, où l’on défend beaucoup sur certains matchs. On marque beaucoup aussi, sauf sur les deux derniers matchs. Mais il faut positiver et gagner dès maintenant parce que, l’année dernière, on se disait tranquilles et finalement, on s’est sauvés à la dernière journée. On n’a pas envie de revivre ça.

À 25 ans, on a l’impression que tu as enfin trouvé ton rythme de croisière chez les Pirates.Brest, c’était le bon choix, on m’avait dit que c’était un club familial avec des principes. J’ai pris un peu de temps pour m’adapter et gagner ma place. Les supporters et le club ne mettent pas trop de pression, tout est mis en œuvre pour être bien sur le terrain et en dehors. À Brest, on peut jouer libéré, j’ai retrouvé mon football, je me suis retrouvé, comme si je jouais avec les copains.

Quand je suis arrivé à Brest, c’est Olivier Dall’Oglio qui m’a dit que je n’étais pas qu’un passeur, que je pouvais aller marquer. Ça a été un déclic.

Ça sous-entend que tu t’étais perdu, notamment du côté de Saint-Étienne ?Je n’étais pas vraiment perdu, mais quand j’étais petit, je marquais beaucoup de buts. Ensuite, j’ai fait un blocage en me disant que j’étais plus un passeur qu’un buteur, donc je centrais énormément. J’ai fait pas mal de passes décisives en Ligue 2. Quand je suis arrivé à Brest, c’est Olivier Dall’Oglio qui m’a dit que je n’étais pas qu’un passeur, que je pouvais aller marquer. Ça a été un déclic.

C’est une chose de le dire, mais comment Olivier Dall’Oglio a fait évoluer ton jeu ?On a eu des discussions quand j’étais remplaçant. Il m’a dit dans quel domaine je devais progresser, notamment dans le jeu à l’intérieur, et la variété de mes choix. Quand je suis passé côté gauche, en faux pied, inconsciemment j’ai eu plus tendance à rentrer dans le jeu sur mon pied droit. Là, l’ouverture s’est faite pour tenter des frappes de loin. Ce repositionnement a changé pas mal de choses.

Un de tes buts, c’est le missile du 2-1 contre l’OM. Ça fait quoi d’inscrire un but vainqueur au Vélodrome quand on est toulonnais ?C’était magnifique, surtout dans ce stade et cette ambiance. On n’était que Brest, on a défendu tout le match. Et là, l’action qui amène le but, tout en une touche de balle, est magnifique. Une aile de pigeon, un une-deux talonnade et la frappe derrière : après, ce n’est pas parce que c’est Marseille que je suis plus content.

Il y a quand même une rivalité entre Toulon et Marseille…La guerre entre Marseillais et Toulonnais, les voitures cassées, c’était avant. C’était LE derby, mais je n’ai pas connu ça. Je suis sudiste plus que toulonnais, de Cannes à Marseille en passant par Toulon, Nice, Saint-Tropez, Montpellier : c’est mon Sud. J’ai quand même une petite préférence pour Nice où j’ai été formé, et où j’ai commencé à 16 ans en Ligue 1. J’aimerais bien un jour revenir jouer dans le Sud, ça n’a rien à voir : la plage, le soleil. Pour le moment, je n’ai fait que des villes froides dans ma carrière. (Rires.)

On trouve des belles plages dans le Finistère, non ?Ah oui, il y a des plages magnifiques et des super balades à faire, mais on n’a pas la météo qui va avec !

C’était comment de grandir à Toulon dans l’ombre du rugby ?Mes frères étaient rugbymen, ils m’emmenaient souvent aux matchs du RCT. Il y avait une ambiance de fou, la mentalité des joueurs n’étaient pas la même aussi : les rugbymen étaient beaucoup plus fêtards. On a un public très chaud, qui aime ses sportifs, c’est une ville de rugby, mais qui aime le foot aussi. J’ai eu une belle enfance dans le Sud. Dès que je me levais, j’étais dehors à taper dans le ballon, dans la piscine, à jouer au ping-pong, à faire le Yamakasi, à la plage, aux raquettes… Je mettais aussi les palmes et le tuba pour aller nager.

Celui qui m’impressionnait le plus à Nice, c’était Mathieu Bodmer. Il avait une telle vision du jeu, une telle technique que même s’il était lent, il pouvait jouer partout.

Toulonnais de naissance, tu as été formé à Nice et vite lancé à 16 ans. C’était comment la vie chez les Aiglons ?On s’entraînait avec du beau monde, David Ospina était super fort. J’aimais bien Dario Cvitanich aussi. Celui qui m’impressionnait le plus, c’était Mathieu Bodmer. Il avait une telle vision du jeu, une telle technique que même s’il était lent, il pouvait jouer partout. Alassane Pléa était très impressionnant. J’ai aussi joué avec Hatem Ben Arfa : aux entraînements c’était un coup oui, un coup non, mais en match, Hatem était trop fort, c’était du grand n’importe quoi. Il faisait tout à l’adversaire, c’était fou.

Ensuite, tu t’es aguerri en Ligue 2 à Sochaux, puis Clermont, avant de retrouver la L1 avec l’AS Saint-Étienne. Mais ça ne dure qu’une saison : qu’est-ce qui t’a manqué dans le Forez ?Quand je suis arrivé, tout n’était pas en œuvre pour que je sois le mieux possible. J’ai été recruté par Jean-Louis Gasset, mais c’est Ghislain Printant qui avait l’équipe finalement, et puis Claude Puel est arrivé. J’ai été blessé au début de saison, mais le coach m’a relancé en piston droit, et je ne suis plus sorti de l’équipe. Le souci, c’est que je me suis mis trop de pression par rapport au club, aux supporters. Je n’étais pas libéré, et en plus de cela, l’équipe ne tournait pas bien, il y avait des problèmes internes. J’étais un peu jeune, je manquais d’expérience. On le voit depuis 2-3 ans : Saint-Étienne, c’est compliqué, alors qu’il y a de très bons joueurs.

À 25 ans, tu as déjà vu pas mal de pays. La suite, ce sera à l’étranger ou tu n’as pas encore fait le tour de la Ligue 1 ?Le tour de la Ligue 1, c’est encore long : il reste beaucoup de très bons clubs. Je veux bien finir la saison à Brest, je dois confirmer sur la durée. Ensuite, on verra. C’est vrai qu’en Allemagne, il y a beaucoup d’espaces, de contre-attaques, ça me plaît de voir le latéral à la hauteur de l’attaquant. Ça fait rêver, ils ne calculent pas. Pour l’instant, je ne me prends pas la tête, je verrai au bon moment.

Pour revenir à Brest, il est comment, Michel Der Zakarian en vrai ?C’est vrai qu’il peut paraître froid quand on le voit à la télé. Quand il répond aux journalistes, il botte souvent en touche, voire toujours. (Rires.) En vérité, quand on apprend à le connaître, c’est quelqu’un de top. C’est le genre d’entraîneur qui paraît sévère, mais quand il crie, c’est parce qu’il est exigeant avec nous. Le coach est comme un père, comme une mère : il veut nous emmener le plus haut possible. Il sait adapter son discours : parler calmement en tête à tête ou nous engueuler devant tout le monde. On déconne aussi avec lui… Bon pas après une défaite évidemment, mais quand il vient dans le vestiaire ou en salle de soins, il taille quelques joueurs. Après, sur le terrain, il ne rigole pas.

À mi-saison, tu étais le joueur ayant effectué le plus de sprints en Ligue 1, ça te surprend ?C’est mon jeu qui veut ça. J’ai de la vitesse, quand je suis passé sur le côté, j’ai eu du mal à défendre, mais j’apprends à apprécier ça. Entre les efforts défensifs et offensifs, ça multiplie les courses. Et je ne me ménage jamais, à la fin je veux toujours être mort.

Tu es aussi le joueur le plus sollicité de l’effectif. Ah oui ? Je ne savais pas. On va travailler pour le rester alors !

On est une équipe gentille, tout le monde s’entend bien, on dialogue calmement entre nous et avec le staff. Les clowns, c’est Belkebla et Magnetti surtout.

Du coup, on peut dire que tu as changé de statut à Brest ?Non, pas spécialement. J’ai toujours été timide, je ne prends pas trop la parole. Je m’énerve de temps en temps, mais sans plus. J’essaye de plus en plus de parler pendant les entraînements, même si je reste dans mon coin, je ne suis pas capitaine dans l’âme comme Paul Lasne, Haris Belkebla ou Brendan Chardonnet. On est une équipe gentille, tout le monde s’entend bien, on dialogue calmement entre nous et avec le staff. Les clowns, c’est Belkebla et Magnetti surtout.

Sans votre série historique de six victoires de rang, vous auriez été loin des 25 points à la trêve. Tu as d’ailleurs parlé de « miracle » : vous avez été touchés par la grâce ? Le changement de coach et l’arrivée de nouveaux joueurs, ça nous a fait bizarre. Tout ça demande du temps pour s’adapter et recréer des automatismes. Le coach Der Zakarian est différent de Dall’Oglio qui était réservé, dans son coin. Il est arrivé avec l’envie d’installer son 3-5-2 qui marchait bien à Montpellier, mais ça n’a pas fonctionné avec nous. Et dans nos têtes, c’était compliqué parce qu’on n’avait pas gagné depuis longtemps. On restait sur une fin de saison délicate. Tout a été chamboulé. On a pris le temps de s’adapter au coach et inversement, et maintenant tout le monde a la même envie, les mêmes objectifs.

À l’image de ta volée contre Reims, tu mets souvent de très beaux buts : comment tu expliques ça ?C’est de l’instinct. Il faut frapper sans réfléchir. Contre Lens, j’ai eu un face-à-face contre le gardien, je l’ai loupé parce que je me suis posé trop de questions. Alors que quand je frappe de loin, spontanément, je ne me prends pas la tête. Je suis plus à l’aise pour frapper de loin qu’en face à face avec le gardien.

Après avoir brillé au Vélodrome, la prochaine étape, c’est de remettre ça ce samedi au Parc des Princes ?Ah ! Ça va être compliqué, on part sur un mois de janvier copieux, là, mais on y va pour gagner. Sinon autant déclarer forfait maintenant. On a vu Paris se faire accrocher par pas mal d’équipes, donc pourquoi pas…

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Jean-Louis Gasset : « On n’est pas une équipe de merde »
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Propos recueillis par Adrien Hémard

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