- France
- RC Lens
Nice se met à l’Haise, Lens l’a mauvaise
Visage du renouveau lensois, Franck Haise va quitter Lens et le Pas-de-Calais pour traverser la France et rejoindre Nice. Passé par toutes les strates du club artésien, de la réserve à l’équipe première, il laisse un grand vide derrière lui, alors que de nombreux défis l’attendent sur la Côte d’Azur.
Il faudra un sacré bout de temps au peuple lensois pour se remettre d’une telle annonce. Dans les tuyaux depuis plusieurs jours, la nouvelle commençait à s’ébruiter et à effrayer ses plus fervents fans : Franck Haise allait quitter Lens. Le meilleur entraîneur de l’exercice 2022-2023, que l’on a un temps imaginé prendre une petite pause après deux dernières saisons épuisantes et très intenses à tous les niveaux, va d’après L’Équipe s’envoler vers Nice, pour prendre les rênes d’un projet incertain, mais aux moyens supérieurs. Preuve en est, le Gym va racheter son contrat qui courait jusqu’en 2027 pour un montant d’1,8 million d’euros. Sa légende, elle, devrait courir un bon bout de temps encore.
Depuis janvier, la fête est un peu moins folle
En 2020, après avoir tenu la réserve pendant trois ans, c’est lui qui est appelé pour relancer la saison lensoise, en deuxième division, et valider une montée que Bollaert n’attendait plus après cinq ans de purgatoire. Le moment de se reposer sur ses lauriers ? Certainement pas. Malgré un budget inférieur à 50 millions d’euros, le Normand classe par deux fois les siens à la septième place du championnat. Déjà, Haise prend tout le monde de court. Nommé manager général de Lens entre octobre 2022 et janvier 2024, Franck Haise explose tout en 2022-2023. Une saison terminée à la deuxième place, un statut de prétendant au titre qui a tenu jusqu’à trois journées de la fin, un championnat terminé à un tout petit point du PSG, Lens casse tout, et le football presque total proposé par le coach lensois détonne et fonctionne. Avec lui, certains joueurs ont cassé leur plafond de verre, progressé, et décroché de juteux contrats. Tous n’ont pas quitté le navire, mais l’exode à venir pourrait être cinglant. Car la septième place décrochée à l’arrache cette année n’empêchera sûrement pas des joueurs comme Danso ou Medina d’aller regarder si l’Haise n’est pas plus verte ailleurs.
Avec les départs de Seko Fofana et de Loïs Openda à l’été 2023, le Racing a perdu deux de ses meilleurs éléments. Pour Haise, le coup est rude, surtout après avoir vu son directeur sportif, Florent Ghisolfi, être débauché par une autre écurie du championnat un an plus tôt… l’OGC Nice. Le début de saison catastrophique est vite rattrapé, mais la pression médiatique autour de Lens est forcément décuplée, et vite exigeante. Haise est parfois nerveux, ronchon, râleur, moins juste dans ses choix, se pose des questions. Pour autant, il va quitter le bassin minier sur une nouvelle qualification européenne, en Ligue Europa Conférence, une compétition où Lens pourra légitimement nourrir de belles ambitions, sans Haise toutefois, sans Arnaud Pouille et certainement sans Raphaël Varane.
Holiday on Nice
Il s’apprête donc désormais à rejoindre un projet aux contours des plus flous. Débarqué l’an dernier et brillant en début de saison, Francesco Farioli a déjà cédé aux sirènes de l’Ajax, preuve peut-être que la situation n’est pas idyllique sur la Promenade des Anglais. Le remue-ménage y est constant, alors que le même Florent Ghisolfi a pris la direction de la Roma et que seul Dante semble avoir trouvé son paradis à Nice. Pour trouver une once d’espoir et d’optimisme tout de même, l’effectif niçois reste très talentueux, même s’il pourrait perdre certains éléments comme Khephren Thuram cet été, et Florian Maurice pourrait débarquer à la direction sportive, lui qui aurait déjà pensé à Haise pour remplacer Bruno Genesio à Rennes l’an dernier. Nice, cinquième, jouera aussi l’Europe l’an prochain, mais à l’étage du dessus. Difficile toutefois de comprendre avec exactitude les motivations de Haise, surtout lorsque le propriétaire du club, Jim Ratcliffe, a l’air d’avoir détourné le regard pour se concentrer sur son nouveau jouet, et véritable amour, Manchester United.
Un frein qui pourrait rendre problématique une qualification conjuguée en Ligue des champions des deux clubs, tout autant qu’il devrait réduire la marge de manœuvre financière de Nice à moyen terme. À moins que les cailloux dans la chaussure que sont les Red Devils et Ineos ne deviennent des chausse-pieds pour le technicien tricolore… Après tout, alors que les entraîneurs vont et viennent dans le nord de l’Angleterre (8 en 13 ans), le projet de Jim Ratcliffe pourrait être celui qui le mènera aux bancs de la Premier League, et pourquoi pas à celui d’Old Trafford ? L’histoire serait belle, la trajectoire improbable.
Le classement des effectifs de Ligue 1 les plus cotésPar Julien Faure