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Francis Laurent : « Klopp prenait sa douche avec les joueurs »

Propos recueillis par Gad Messika et Nicolas Taiana
Francis Laurent : « Klopp prenait sa douche avec les joueurs »

La précocité n'est pas qu'un vilain défaut. Elle est même souvent gage de qualité. Formé à Beauvais, Francis Laurent a slalomé dans les défenses anglaises, à Southend notamment, belges, à Tirlemont, et allemandes, où il a croisé un certain Jürgen Klopp en 2007. Aujourd'hui agent de joueurs à seulement 29 ans, il se souvient de la chaleur d'un Kloppo pas forcément bon balle au pied, mais exerçant un gegenpressing constant. Jusque dans les douches.

Après des passages en Allemagne, en Angleterre, en Belgique et en PH l’année dernière, à 29 ans, le foot sur le terrain, c’est fini pour toi ?

J’ai fait une année à Pont-Sainte-Maxence parce que je suis originaire de là-bas à la base. Mais j’ai plus le temps, maintenant, ça va faire deux ans que je suis agent de joueurs. Je travaille pour l’une des plus grosses compagnies d’agence de joueurs au monde (Sport Entertainment Group, nldr). C’est une compagnie internationale, mais qui est basée à Amsterdam.

Avec, dans ton portefeuille, Van Persie, Strootman, Vermaelen…

Memphis Depay aussi. On a aussi des joueurs sur le championnat de France. On a Jordan Siebatcheu qui est au Stade de Reims, on a des jeunes qui vont signer pro bientôt. Ça fait à peu près un an et demi qu’on est sur le marché français. Je pense que d’ici deux, trois ans, nous deviendrons l’une des plus grosses compagnies en France.

Tu préfères être sur le terrain ou être agent de joueur ?

Aujourd’hui, agent. Hier, je t’aurais dit joueur. Aujourd’hui, j’ai 29 ans, j’ai décidé d’arrêter ma carrière plus tôt. La reconversion, pour le sportif, c’est le moment le plus difficile. Beaucoup de joueurs ont du mal à passer le pas, moi j’ai eu la bonne opportunité, donc je l’ai saisie. J’ai arrêté sur la montée en National de Chambly. Le patron de SEG International, qui était aussi mon agent, voulait faire le maximum pour que ce soit moi qui sois sur le marché français. Ça me donne aussi la possibilité de travailler jusqu’à 60-70 ans.

En 2007, tu te retrouves à Mayence avec Klopp…

C’était super. C’est vraiment un manager qui est jeune, qui est intelligent, qui est proche de ses joueurs. C’était vraiment une expérience superbe.

Le joueur en lui-même, il était comment ?

J’ai vu récemment une vidéo de lui quand il jouait en D2 en Allemagne, j’ai été très surpris de voir qu’il avait évolué jusqu’en D2. Quand j’ai vu comment il contrôlait un ballon… À l’entraînement, il touchait rarement le ballon, et quand il le faisait, on pouvait voir qu’il n’était pas très à l’aise avec (rires).

Il ne faisait jamais opposition avec vous ?

Justement, il évitait de toucher les ballons. Quand les ballons venaient à lui et qu’il nous les rendait, on rigolait. Pourtant, c’est un tacticien hors norme, mais en matière de jeu…

Il avait justement dit qu’il avait le niveau pour la D5, mais le cerveau pour la Bundesliga.

Franchement, j’aurais dit pareil. Je n’aurais pas imaginé qu’il avait joué en D2. En plus, j’ai regardé, il marquait des buts… J’ai bien regardé son visage et je me suis dit : « Mais c’est pas lui ! » Mais, en tant que coach, c’est vraiment l’un des meilleurs entraîneurs au monde. Il est vraiment très, très fort.

Qu’est-ce qu’il a de particulier par rapport aux autres que tu as déjà croisés ?

Un bon entraîneur, c’est celui qui arrive à sensibiliser tout un groupe, toute une année. C’est-à-dire faire en sorte que les joueurs qui sont remplaçants, quand ils jouent, aient envie de se donner pour l’entraîneur et aient envie de partir à la guerre avec lui. Alors qu’il y a beaucoup de coachs qui s’occupent des joueurs qui jouent et qui ne font pas attention aux remplaçants. Mais comment tu veux, quand il y a des blessures, qu’ils soient à 100%, qu’ils soient en confiance et même qu’ils aient envie de jouer pour toi ? Alors que lui, c’était sacré. Toute l’année, même celui qui ne jouait pas, il allait lui parler. Il prenait sa douche avec les joueurs… Personne ne fait ça ! Lui, ça veut dire qu’il était au cœur du vestiaire. Dans un vestiaire, t’entends quand y en a un qui n’est pas content de l’entraîneur, quand y en a un qui n’est pas content de la séance… T’entends tout. Et bah lui, il était au cœur de tout. Et on croyait qu’il était là, avec nous, pour rigoler, nous, joueurs un peu naïfs, mais au final, j’ai compris avec le temps qu’il contrôlait tout.

On parle souvent de son gegenpressing. C’était déjà sa force ?

C’est le football total. Lui, il joue pour gagner. Le football allemand, ce qui est très intéressant, c’est que c’est un football porté vers l’avant. Lui, il ne joue pas pour ne pas perdre, il joue pour gagner. Le football allemand en général, c’est pour gagner, de la première à la dernière minute. Donc effectivement, tu sors avec des scores, 5-3, 4-3, 4-4… C’est beaucoup plus intéressant et beaucoup plus attrayant pour les fans.

En tant qu’attaquant, ça devait être jouissif d’avoir un coach comme ça.

C’était génial. J’ai eu une carrière où les blessures ne m’ont pas aidé, sinon, je pense que j’aurais fait une carrière tout autre. Ça fait partie de la vie. Mais d’ailleurs, je suis encore en contact avec lui, vu ma reconversion et vu les joueurs que nous représentons.

Donc t’es en train de nous dire que Strootman va signer à Liverpool…

(Il sourit) Je dis juste que c’est un joueur énorme et je souhaite juste qu’il revienne en forme. En matière de milieu relayeur, aujourd’hui, avec Pogba, c’est ce qui se fait de plus intéressant. J’espère qu’il va bien revenir de sa blessure, c’est un joueur hors norme.

Comment t’arrives à Mayence ? C’est Klopp qui t’a repéré ?

J’ai fait la rencontre d’Alex Kroes (le patron de SEG, ndlr) qui a dit à Klopp de venir me voir jouer, parce qu’il trouve que j’ai un profil très intéressant. Puis, ça s’accélère, et Klopp me fait signer.

Alex Kroes, qui t’a proposé de devenir agent et son relais en France.

Il m’a représenté pendant des années et des années. Si tu veux, c’est l’un des agents les plus puissants au monde et quand c’est comme ça, tu es aussi très méfiant et tu ne peux pas travailler avec n’importe qui, n’importe comment. Et du fait qu’on ait travaillé pendant des années ensemble, il voulait que ce soit impérativement moi. Bon, il avait aussi compris que je comprenais pas mal ce qui se passait autour de moi, sinon il n’aurait pas fait le forcing pour que ce soit moi sur le marché français.
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