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Francesco Coco : « Un jour, Berlusconi m’a lui-même coupé la frange »
Dans sa carrière, Francesco Coco a joué au Milan, au Barça, à l'Inter. Il a aussi disputé la Coupe du monde 2002, participé au Koh-Lanta italien, sans oublier toutes ses soirées en boîte de nuit. À 46 ans, celui qui s'occupe aujourd'hui d'une école de foot près de Naples nous a reçus dans un bel hôtel de Milan pour rembobiner le film de sa vie.
Tu te souviens de ton premier jour à Milanello (le centre d’entraînement et de formation de l’AC Milan) ?
Non, mais je me rappelle en revanche l’un de mes premiers entraînements avec les pros. Il pleuvait, j’avais 15 ans, et Capello me faisait venir m’entraîner avec eux. Il était jeune lui aussi, mais déjà dur, mamma mia… En fin de séance, on fait un petit match : les titulaires contre les remplaçants et les jeunes. Je joue à mon poste, latéral gauche. Soudain, il y a un long ballon. Je cours très vite vers son point de chute, et je rentre un tacle glissé qui fait un peu voler l’attaquant d’en face. Mais je prends le ballon ! Là, Capello siffle et commence à crier : « Coco, che cazzo fai ? » (Coco putain, qu’est-ce que tu fais ?) J’étais un gamin, il m’a renvoyé au vestiaire prendre ma douche. Direct. Au duel avec moi, c’était Jean-Pierre Papin. Dans ma tête, j’étais persuadé d’avoir fait un bon truc pourtant. À cette période, j’étais le garçon le plus propre au monde. Pourquoi ? Parce que je n’ai jamais réussi à terminer le moindre entraînement, Capello m’envoyait toujours à la douche avant tout le monde. (Rires.)
Comment ça se passait entre toi et Capello ?
Avec Capello, c’était un rapport « amour haine ». Un jour, il m’avait pris à part et m’avait dit droit dans les yeux : « Si toi, tu deviens pro, je me coupe une couille. » Pourtant, un an plus tard, c’est lui qui m’a lancé en équipe première et qui m’a fait devenir professionnel. C’était une façon de me pousser.
Et il s’est donc coupé une couille ?
Non, non ! (Rires.)
Tu es né en Sicile, mais tu as passé toute ton adolescence à Milan. Cela devait être un motif d’orgueil de faire tes débuts chez les Rossoneri ? Totalement, parce que j’ai toujours été et je serai à jamais milanista. Je suis arrivé à 11 ans, et avant d’aller à Milanello, on a fait deux ans dans un collège à Lodice, un bled pas loin. On était tous là, à arriver des quatre coins de l’Italie : moi de Sicile, Miccoli des Pouilles, Maresca de la Campanie… C’était difficile, car on était tous jeunes, et moi, en plus, j’étais à 2000 kilomètres de chez mes parents. Beaucoup d’ailleurs n’ont pas supporté cette distance et sont rentrés chez eux. Là-bas, comme ça arrive souvent au collège, beaucoup rêvaient à voix haute : « Qu’est-ce que ce serait bien de jouer un jour en Serie A… Même en Serie B à Venise, ça m’irait. » Je les ai regardés et je leur ai dit : « Moi, je jouerai pour le Milan. » Comme ça. « Quand j’aurai l’âge, je jouerai pour l’équipe première du Milan, la meilleure équipe du monde. » Cela peut paraître arrogant, mais c’est ce que je voulais : j’étais milanista, je voulais donc jouer pour mon équipe de cœur, et ce, pour toute ma vie. Mais bon, j’étais un peu fou et je n’étais pas d’accord sur tout avec Galliani.
Quelle relation as-tu avec Galliani aujourd’hui ?
On s’est réconciliés avec les années. C’était un peu particulier : quand Fatih Terim est arrivé (à l’été 2001, NDLR), j’étais très en colère, car j’ai eu rapidement de gros différends avec lui. J’avais 22-23 ans, mais déjà trois matchs comme capitaine au compteur. Quand Galliani a décidé de donner raison à Terim, fin août, j’ai dit : « Ok, je pars à Barcelone. » Le Barça me voulait depuis juin, mais j’étais logiquement intransférable aux yeux du Milan. J’ai menacé de foutre le bazar si je n’allais pas là-bas, et je suis parti avec mon père en jet privé à Barcelone pour négocier. Finalement, j’ai signé pour le Barça à Coverciano quand j’étais en sélection. J’étais là, à 11h du soir, à une heure de la fin du mercato, devant le fax de la réception, attendant le document. Et tu sais quoi ? Ce fut la plus grosse erreur de ma vie de lâcher le Milan.
Est-ce que l’histoire des photos de toi payées 36 millions de lires par Galliani à cette période, au cœur du scandale du Vallettopoli dont tu as été l’une des victimes, a pesé dans la décision ? Est-ce que ça l’a poussé à te faire partir ? Les photos n’ont jamais pesé dans cette décision.
Le Barça te recrute aussi car, en 2000, tu joues l’un de tes plus beaux matchs contre eux au Camp Nou (2-0) en Ligue des champions où tu marques. J’en ai fait d’autres beaux matchs, hein, mais c’est vrai que de marquer et de donner une passe décisive, étant donné où je jouais sur le terrain, au Camp Nou, en Ligue des champions, là où le Barça ne perdait jamais… Je crois d’ailleurs qu’on a été la première équipe italienne à gagner là-bas. Tout ça fait que ma partie est devenue « parfaite ». L’été qui a suivi, le Barça a commencé à me demander auprès du Milan. Pour un latéral qui n’est pas habitué à marquer, le faire juste avant la pause et faire une passe décisive à un quart d’heure de la fin pour tuer le match, c’est normal… Mais oui, c’est l’un de mes plus beaux matchs.
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Tu disais tout à l’heure que tu étais un peu fou. Dans quel sens ?
Je n’étais pas fou parce que je faisais des choses « particulières », mais parce que j’étais tout simplement sûr de mes « dons » footballistiques et physiques dans la vie de tous les jours. Je savais donc que j’avais le droit de ne pas être très professionnel en permanence. Il y a eu tellement de matchs que j’ai joués où je n’avais pas dormi la veille… On a parlé de Barcelone : deux jours avant cette rencontre, je suis sorti jusqu’à 7h du mat et je suis juste passé chez moi prendre mon sac, me laver les dents avant de rallier l’Espagne. J’étais encore bourré. Et pourtant, derrière, j’ai fait l’un des meilleurs matchs de ma carrière. Des moments comme ça, il y en a eu plein. Mais par contre, j’ai toujours respecté mes coéquipiers, mon poste, mes dirigeants. Je n’étais juste pas « fou » des matchs, je n’étais pas un grand professionnel, car je me disais souvent : « Allez, maintenant je m’amuse. »
En France, Souleymane Diawara expliquait qu’il jouait mieux quand il avait pu faire la fête la veille… (Il coupe.) Je suis d’accord avec lui. Il y a tellement de pression dans ces matchs-là, et chacun gère cela en fonction de qui il est. Pour les personnes les plus émotives, stressées, c’est mieux de ne pas penser au match, car sinon, la pression te dévore. Moi par exemple, quand j’étais chez moi dans mon lit avant un match, je n’arrivais pas à dormir de la nuit : j’y pensais trop, je me réveillais tout le temps… Finalement, j’arrivais fatigué le jour J. C’est pour ça que je suis en phase avec lui : la plupart de mes meilleurs matchs, je les ai joués alors que je n’avais pas dormi la veille, j’étais en soirée avec des amis, j’avais bu. Parce que j’arrivais le jour du match l’esprit léger, je n’y avais pas pensé jusque-là et parce que je me connaissais, en fait. J’étais libre dans ma tête, c’est le stress qui à la fin te coupe les jambes. Le stress, c’est l’une des pires maladies au monde.
Tu as gagné quelques titres avec Milan. Quel fut le plus beau ?
Le premier Scudetto en 1996 avec Capello. Parce que c’étaient mes débuts à 17 ans en équipe première. La semaine d’après, il y a eu mes débuts avec les moins de 21 ans de la Nazionale sous Cesare Maldini dans une équipe où il y avait notamment Cannavaro qui avait 21 ans, 4 ans de plus que moi.
Tu as aussi joué 17 rencontres avec la sélection, dont ce fameux Corée du Sud-Italie en 2002 à la Coupe du monde… Tu penses encore à l’arbitrage de Byron Moreno ? C’est paradoxal. De ce match en Corée, je me souviens déjà d’une atmosphère chaude, mais très belle. Ensuite, c’était irréel avec cet arbitre. Tout le monde connaît son visage et ses yeux qui te regardent et te disent « je ne sais rien, je ne vois rien, je ne fais rien ». Avec Panucci sur le terrain, on était les deux qui pouvions parler espagnol sur le terrain, car lui avait joué à Madrid et moi à Barcelone. On essayait de parler avec lui, et il ne nous répondait pas. Rien. Et tu ne pouvais à peine rien faire qu’il sifflait. C’était ridicule. Face aux Coréens, les Espagnols aussi ont subi des injustices au tour suivant (par l’arbitre Gamal Al-Ghandour, NDLR) ! Après, c’est vrai qu’on a raté un grand nombre d’occasions devant le but, mais bon, tu as aussi le but de Tommasi qui était valable et qui a été refusé pour rien… Le plus grand regret, c’est avant tout de ne pas avoir eu l’occasion de poursuivre notre parcours, car je pense qu’on était la meilleure équipe avec le Brésil. On savait qu’on avait une équipe qui pouvait aller au bout, et paradoxalement, je crois même que cette Nazionale était plus forte qu’en 2006.
Après Milan et Barcelone, tu es allé à l’Inter, échangé contre Clarence Seedorf… Pas vraiment ton choix le plus heureux. Non, et je vais te raconter une belle anecdote. Je dois partir pour l’Inter. Ancelotti m’appelle et me dit de rester. Je lui dis : seulement si Galliani vient me le demander à genoux. Évidemment, il ne l’a pas fait. J’accepte l’Inter. Moratti et Oriali m’avaient appelé pendant un an pour me convaincre. Moi, je voulais revenir à Milan, car le championnat italien était encore le meilleur à cette époque, et ça me manquait. Je rejoignais l’Inter qui venait de prendre Cannavaro, Crespo, un mercato excellent. Dans ma tête, je pensais alors : « Je vais à l’Inter, je gagne et je la mets dans le cul à Galliani. » Le premier match de championnat arrive : Inter-Torino. Premier match à San Siro. Devant moi, Recoba fait un appel contre appel en faisant mine de partir en profondeur pour revenir vers moi. Je vois un joueur me presser et seulement la moitié du mouvement d’Alvaro. J’envoie donc un long ballon devant. Là, j’entends un énorme : « Milanista di merda » de la part de mes propres tifosi. Je l’ai entendu tellement fort, un peu comme quand tu entends le métro arriver. Aïe, Aïe, Aïe… Là, tu sais que t’as vraiment fait une connerie en signant ici. Dans l’histoire, beaucoup de joueurs ont joué pour Milan et l’Inter, mais ils n’avaient pas vraiment d’identité, ils n’étaient pas rattachés à l’un ou à l’autre. Moi, j’étais comme Costacurta, Maldini, un Milanista qui a grandi à Milanello. C’était donc compliqué, car ils ne m’ont jamais rien pardonné. Mais c’était compréhensible, et je préfère ça, d’ailleurs : c’est ça, supporter un club. C’est ce qui fait que le foot est différent. L’atmosphère qui règne dans un stade, la passion, la rivalité populaire. Un jour, je suis allé voir de la NBA… Eh bah, je peux te dire qu’il y a un vrai risque de s’endormir pendant le match.
Quelle relation as-tu avec la France ? Tu aurais pu signer à Saint-Étienne en 2006-2007. C’est vrai, mais j’étais mort. Je n’ai pas réussi la visite médicale. Je suis allé 3-4 jours là-bas, tout était réglé avec le président. Mais bon, quand j’ai passé les tests, on s’est regardé avec le médecin… (Il sourit.) On savait tous les deux. Ça aurait été une belle expérience de découvrir une nouvelle langue, une nouvelle culture.
Il paraît aussi que tu as eu aussi un appartement à Paris, car tu as été en couple avec une danseuse et mannequin répondant au nom d’Élodie.
Pendant cinq ans ! J’avais un appartement dans le Marais, rue Saint-Paul. J’adorais, car c’était un peu une ville dans la ville. Il y avait une belle atmosphère, j’ai adoré Paris, car je pouvais énormément bouger en métro. Et à pied. Quand tu traverses une ville à pied, tu la connais mieux. Tu la découvres vraiment. On faisait parfois 10-15 kilomètres à pied, à Montmartre ou Saint-Germain-des-Prés. Personne ne m’emmerdait à Paris, c’était superbe. Je faisais ce que je voulais.
Tu avais 31 ans, le 1er juillet 2007. Tu te rappelles le premier jour qui a suivi la fin de ta carrière ?
J’avoue que je ne m’en souviens pas. Les premiers temps, c’était assez confus dans ma tête. C’était la première fois de ma vie que je ne faisais plus « le joueur de foot ». J’ai commencé le foot à 5 ans, c’était ma vie. J’ai toujours eu les idées claires, ce n’était pas tant ça le souci, c’était plus cette étrangeté de ne plus prendre la voiture pour aller à l’entraînement. Mais mon corps ne suivait plus. J’ai eu une opération du dos qui ne s’est pas bien déroulée un an et demi avant le Mondial 2006, et après ça, je n’ai plus jamais été celui que j’étais.
Est-ce que le foot de haut niveau te manque ?
Je vais être honnête : je pensais que cela me manquerait plus que ça. Évidemment, un peu quand même, car c’est ma passion, ce que j’ai toujours voulu faire, la part la plus importante de ma vie jusque-là. Mais je vis bien sans, aussi. J’ai beaucoup moins de pression, de sollicitation au quotidien. Ce qui me manque le plus, c’est l’adrénaline. J’ai eu la chance de jouer de grands matchs, et l’atmosphère que tu ressens dans ces moments-là, tu ne la retrouves jamais ailleurs. Pas dans la vie de tous les jours en tout cas.
Quelques mois plus tard, tu rebondissais en participant à L’Isola dei Famosi (l’équivalent italien de Koh-Lanta). Comment c’était ?
C’était extra, mais c’était dur : j’ai perdu 13 kilos en un mois ! On ne mangeait rien, putain ! J’y suis allé l’esprit libre, pour m’amuser. Je l’ai pris comme une aventure comme quand tu prépares tes valises pour partir en voyage. J’ai passé un mois en tout dans le jeu. Je connaissais la présentatrice (Simona Ventura, NDLR) qui était une très bonne amie à l’époque, et qui m’avait dit : « Promets-moi que lorsque tu arrêtes de jouer, tu feras l’émission ! » J’avais dit oui. Donc cet été-là, quand je mets un terme à ma carrière, je l’appelle et je lui dis : « C’est bon, j’ai arrêté. Je suis dispo : c’est maintenant ou jamais. » Le casting était complet, mais elle a tout fait pour me faire une place. C’est un retour aux origines, l’unique façon de vivre avec toutes les difficultés : si tu veux manger, tu dois pêcher. Tu n’as pas d’eau, tu n’as rien. C’était intéressant, fatigant, mais je l’ai très bien vécu.
Sur le camp, tu as senti que tu étais la tête de gondole de cette édition ?
Oui, même si tous les participants ou presque étaient des gens issus du monde de la télé. Il y avait quand même le fils de Jean-Paul Belmondo avec moi sur l’île ! Je voyais cette popularité comme un avantage. Après un mois, j’ai estimé avoir rempli ma part du job et j’ai quitté l’aventure, mais je ne suis pas allé faire de la télévision pour faire de la télévision, tu vois ?
As-tu appris quelque chose sur toi-même pendant ce jeu ? Je ne sais pas… Je suis parti sur l’île en septembre, deux mois après la fin de ma carrière, et je dirais surtout que cette expérience m’a offert beaucoup de moments « libres ». Là-bas, la nuit dure onze heures, c’est interminable. Tu ne dors pas, car tu es à même le sol, et tu as donc tout qui est réuni pour penser. C’est là que j’ai compris d’une certaine manière ce qui allait pouvoir s’offrir à moi, ce dont j’avais envie pour ma nouvelle vie. Je n’étais pas sûr de rester dans le foot, et cela a débouché sur le fait que les années suivantes, je m’en suis éloigné pour me purifier l’esprit. J’ai cherché à avoir une vie normale. Pendant neuf ans, je dois dire que j’ai vécu de beaux moments, mais aussi des beaucoup moins beaux. Quand tu es dans l’engrenage, tu prends tout sans filtre ou presque : les éloges, les critiques, tout passe à 100 à l’heure. J’étais fatigué de vivre une vie parallèle. Jongler entre la vie publique et privée quand tu es footballeur, c’est très difficile. Tout le monde pense qu’on vit une vie de rêve car on gagne de l’argent, mais c’est faux. Et ça, ça m’a pesé.
Tu as notamment pris le temps de repenser à toutes ces années où tu étais au centre de l’attention, notamment des magazines people ? Oui, et pas seulement dans cette émission : après avoir arrêté de jouer, on peut dire que j’ai pris quatre années sabbatiques ! D’ailleurs, j’ai toujours fait des trucs à côté du foot tout au long de ma carrière. Le monde est fait de milliards d’autres choses et je suis un gars curieux : je ne me suis pas dit : « Putain ça y est, je suis fini, je suis mort » lorsque ça s’est arrêté. Durant ma carrière, j’ai ouvert des restaurants que j’ai encore, quatorze magasins de fringues car j’adore la mode, une discothèque fermée depuis quelques années maintenant… Tout ça m’a donné la possibilité de me détacher totalement du foot au moment d’arrêter.
Le foot a énormément changé depuis la fin de ta carrière. Est-ce que tu aurais pu faire le même parcours à l’époque que nous vivons ? Je ne saurais pas te le dire, car il faut le vivre. Mais je pense que si j’avais eu 22 ans aujourd’hui, je n’aurais pas loin de 10 millions de followers sans problème. Moi, je ne suis pas trop de ce monde-là. En ce qui concerne le mode de vie, peut-être que j’aurais mieux vécu. Durant ma carrière, j’ai toujours été excentrique et j’aimais dire les choses sans filtre. Mais il y avait une mentalité différente. Je te donne un exemple : j’ai toujours eu les cheveux longs et on m’a toujours cassé les couilles là-dessus. Un jour, Berlusconi m’a lui-même coupé la frange ! Aujourd’hui, tu vois les joueurs arriver avec la sacoche à l’entraînement. Avant, ça n’existait pas. Enfin si, tu pouvais le faire, mais tu étais un rebelle, un alien.
Pour finir, tu étais connu comme un clubbeur et tu disais tout à l’heure que tu avais ouvert une discothèque. Comment s’appelait-elle ? Elle s’appelait Blue et ressemblait à un vaisseau spatial. J’avais 19 ans quand je l’ai ouverte. Après avoir signé mon premier contrat deux ans plus tôt, sur cinq ans, j’ai acheté un terrain à Lodi où j’ai fait construire la discothèque, mis de l’argent pour la gestion de celle-ci et en garantie. Résultat ? Bah évidemment, tout l’argent du contrat est parti, et j’avais déjà des dettes. (Rires.) Si ça ne marchait pas pour moi, j’étais dans la merde. Ma mère voulait me tuer quand elle l’a su. Elle m’a dit : « Une personne normale achète une maison, pas une discothèque, imbécile ! » J’allais très peu dedans car j’étais footballeur, et aller dans sa propre discothèque, c’est un peu bizarre… Mais je me rappelle qu’un jour, on avait fait une soirée grandiose qui avait commencé à trois heures de l’après-midi pour finir à six heures du matin. Après, si je devais donner un conseil à quelqu’un qui voudrait ouvrir une discothèque, je lui dirais avant tout de ne pas le faire.
Propos recueillis par Andrea Chazy, à Milan