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France-Maroc : On a retrouvé le supporter mis KO par Kylian Mbappé
Sur le terrain, Kylian Mbappé a l'habitude de donner le tournis aux défenses adverses. Mais ce mercredi contre le Maroc, l'attaquant français a fait bien pire : il a quasiment assommé un supporter en tribune... On a retrouvé sa victime, finalement pas si malheureuse de sa mésaventure.
Salut Guillaume, comment ça va?Ça va. Mais depuis midi, je fais la tournée des médias. (Rires.) C’est ça le buzz interplanétaire.
Ça veut dire que tu vas mieux ?J’ai un peu mal au nez et un petit coquard, mais rien de bien méchant. Les gens ont bien rigolé parce que sur les photos qu’on voit, je ne suis pas à mon avantage, mais c’était un vrai KO, je suis tombé, quoi.
À l’échauffement, @KMbappe à mis une frappe directement dans le visage d’un supporter français en tribune (on attrape pas toujours la lucarne).Réaction pleine de classe #FRAMAR @IF_Supporters pic.twitter.com/M7j20aSFNp
— Guillaume Auprêtre (@GuillaumeApr) December 14, 2022
Tu en gardes quand même quelques souvenirs ? Depuis le deuxième match de la Coupe du monde, je suis en charge du tambour pour le kop français, avec les Irrésistibles. Mercredi soir, j’ai donc pris place au deuxième rang aux côtés d’Hervé, le président, qui s’occupe de lancer les chants. J’ai commencé à m’échauffer en même temps que les Bleus, alors que généralement, on reste à l’affût pour capter les ballons qui arrivent en tribune. Là, je ne regardais pas du tout. Et d’un coup, un boulet de canon est arrivé sur moi à une puissance phénoménale. Quand je vois depuis où il a tiré, je me dis que c’est dingue. Je l’ai pris en plein visage, puis j’ai basculé en avant. J’ai la chance que les copains supporters au premier rang m’aient rattrapé, je n’étais pas loin de tomber directement sur la pelouse, et avec le muret, ça n’aurait sûrement pas eu les mêmes conséquences… J’étais vraiment dans les vapes, j’ai entendu l’agitation tout autour, des « Kylian, Kylian ».
Et alors, tu as pu suivre le match normalement, ensuite ?J’ai bu de l’eau, arrêté mon saignement de nez… J’étais groggy, comme un boxeur. Le début de match était difficile, mais avec l’adrénaline, le but et le rôle qu’on essaye de tenir malgré le peu de supporters qu’on est, ça a fait que j’ai vite oublié la douleur. Des gens ont même cru que j’avais simulé, entre l’interview que je donne à TF1 à la mi-temps, où je vais bien, où je suis souriant, et la fin du match, où on me voit taper sur le tambour à la 87e. On se dit que c’était du chiqué, mais pas du tout. Le truc était passé, même si j’avais encore un peu mal ce matin.
Tu as pu récupérer le fameux ballon ? C’est la belle histoire. Je l’ai récupéré grâce à la solidarité entre supporters, à ces gens qui sont devenus mes amis lors de cette Coupe du monde, car j’y suis présent depuis un mois. Pour l’anecdote, on avait déjà chopé un ballon de cette manière contre la Pologne. On le range discrètement pour que les stadiers ne le voient pas. (Rires.) J’avais dit à tout le monde que le prochain serait pour moi. Mais de cette façon… Je ne m’y attendais pas. Il m’est revenu naturellement. Je l’ai avec moi, il est vraiment très beau, ce sont des ballons spéciaux. Mon petit rêve serait qu’il me le dédicace, avoir une petite signature, en plus de me dire que le dernier qui l’a touché, c’est Kylian Mbappé… Avec le nom du tireur dessus, ça deviendrait un objet de collection, dans quelques années il pourrait être dans le FIFA Museum ! Il pourrait rentrer dans la légende !
Tu as quand même pu le voir quand il a compris qu’il avait touché un supporter.Il est venu, mais je n’ai même pas pu savourer ce moment, j’étais complètement déglingué. Les images ne correspondent pas du tout au personnage que je suis habituellement ! Mais c’était l’image d’un homme à terre, sonné.
Quel est ton rôle au sein des Irrésistibles français ? À la base, je n’en ai pas du tout, je n’étais même pas adhérent ! Mais je suis quelqu’un qui aime organiser, mettre l’ambiance. Par exemple, en 2018, je n’étais pas en Russie, mais à Vancouver, et je me suis retrouvé à être l’ambianceur d’un bar de Français là-bas. Et quand on a gagné la Coupe du monde, on a fait un défilé avec 2500 personnes, et j’étais en tête. C’était très drôle, les gens me demandaient : « Mais ça fait longtemps que tu vis ici ? », comme je connaissais tout le monde, alors que non, je me cassais le lendemain. (Rires.) C’est ma nature. Je suis arrivé au premier match, j’ai vu Hervé, le président des IF, Olivier des Baroudeurs, je me suis proposé pour contribuer et lancer des chants, puis au deuxième match je me suis retrouvé au tambour. C’était super sympa. J’essaie d’être en tête, gérer le timing lors des cortèges. Pour dimanche, j’ai proposé un lieu de rencontre près du stade. C’est des trucs que j’aime bien, et ça fait vivre le groupe. J’ai payé ma cotisation, je vais devenir adhérent en 2023 ! J’étais présent au Brésil en 2014, mais j’y étais plus en indépendant. Là, c’est plus pour garder le contact, sachant que l’Euro 2024 et le Mondial 2026 sont pour moi des objectifs prioritaires dans mon planning.
C’était comment, la fête d’après-match ? On était dans le stade le plus éloigné de Doha, Al-Bayt est à cinquante kilomètres. On est donc resté à l’intérieur pendant un long moment, c’était génial, on a pu chanter pendant une vingtaine de minutes non-stop. Après avoir fait 1h45 de bus, on a continué à célébrer jusqu’à six heures du matin dans un petit resto. Mais comme on n’est pas beaucoup, et avec la distance, c’était compliqué de se réunir.
Vous en aviez fait beaucoup, des compétitions internationales ? En 2014, j’avais décidé dès le jour de la désignation du pays hôte, donc en 2007. Rien n’aurait pu m’empêcher d’y aller et de la faire en entier. Après, j’ai la chance de pouvoir m’organiser pour ça. Pour le Qatar, je partais avec une appréhension, je n’avais pas vraiment prévu d’y aller. Mais là, tout s’est vraiment bien passé, c’est formidable. J’en garderai un souvenir mémorable, entre le parcours des Bleus et l’organisation. Ils sont vraiment à la pointe. Par exemple, hier soir, on craignait vraiment la gestion de l’accès au stade, avec les soucis qu’il y avait eu pour Maroc-Portugal, où beaucoup de supporters étaient venus sans billet et essayaient de rentrer. Les autorités qataries ont systématiquement eu une réaction très forte, avec un double cordon de sécurité autour du stade, avec la police anti-émeute qu’on n’avait jamais vue avant. Mais tout s’est super bien passé, et s’est déroulé dans une superbe ambiance. Alors qu’on était une vingtaine de Français entouré par une cinquantaine de supporters marocains. C’était très sympa. Puis, il faut dire que les stades sont magnifiques.
Propos recueillis par Baptiste Brenot