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- France-Maroc (4-0)
Kenza Dali, la vie d'artiste
À 32 ans et 56 sélections, Kenza Dali s’est affirmée comme l’une des pièces maîtresses de l’équipe de France d'Hervé Renard. Sa prestation majuscule en huitièmes de finale contre le Maroc vient confirmer ce nouveau statut.
Kenza Dali avait prévenu que les rencontres face au Panama et au Maroc ne seraient pas simples, mais elle a largement aidé l’équipe de France à se faciliter la vie dans ces deux matchs. Pour la deuxième Coupe du monde de sa carrière, la joueuse d’Aston Villa éblouit de son talent la compétition et fluidifie le jeu tricolore. La numéro 15 n’a rien changé ce mardi, à l’occasion du huitième de finale contre les Marocaines. Elle a même planté le but du break pour donner un peu plus d’épaisseur à une performance XXL, entre coups de génie et jolis caviars pour ses partenaires. Et pour ne rien gâcher, une réelle complicité avec Kadidiatou Diani.
En mode taulière
Pièce maîtresse du système de jeu d’Hervé Renard, Dali a été titulaire lors des huit matchs dirigés par le Savoyard. Elle a montré pourquoi ce mardi, face au Maroc, l’ancienne joueuse de l’Olympique lyonnais et du Paris Saint-Germain ayant multiplié les courses à haute intensité, les passes laser et les frappes. Efficace offensivement et aussi défensivement, Dali était présente pour mettre le pied et récupérer les ballons sur les rares incursions des Lionnes de l’Atlas. Une prestation cinq étoiles qui ne surprend plus les suiveurs des Bleues, tant les matchs s’enchaînent et se ressemblent pour la native de Sainte-Colombe. Avec une détermination affichée en conférence de presse après la victoire face au Brésil : « Sur le tacle, je sais que je suis en retard, je n’y vais pas pour gagner le ballon je vais être honnête, mais je ne voulais pas prendre de jaune. Je n’y vais pas pour lui faire mal non plus. À vitesse réelle, c’est un tacle appuyé mais quand on regarde le ralenti, je ne mets pas la semelle. C’est un match de Coupe du monde, c’est un France-Brésil, c’est une équipe qui aime bien mettre des petits ponts donc il fallait montrer notre détermination dès le premier ballon. »
💬 Kenza Dali : «J’avais pas prévu le carton jaune mais j’avais prévu le tacle » 🫡
Leader naturelle, la milieu de terrain d’Aston Villa avait à cœur de montrer au monde entier que la France n’est pas trop tendre. 😳🇫🇷 pic.twitter.com/7iWOFNgChz
— Footeuses (@foo_teuses) July 31, 2023
La joueuse qu’on n’attendait plus
Si elle est devenue indéboulonnable au milieu de terrain alors que plus grand monde ne l’attendait à ce niveau, c’est surtout parce que les blessures ne sont pas venues gâcher sa préparation. Depuis sa première convocation en équipe de France par Philippe Bergeroo en 2013, Kenza Dali a toujours été appelée par les différents sélectionneurs tricolores. Même Corinne Diacre, qui avait pourtant axé son mandat sur le renouvellement d’effectif, continuait de faire appel à ses services lorsqu’elle était disponible.
Si à 32 ans, Dali ne possède que 56 sélections, c’est surtout à cause de son corps et des pépins. Victime d’une rupture des ligaments croisés en 2016, elle ratera l’Euro 2017 et devra attendre plus d’un an et demi avant de pouvoir refouler les pelouses. Pour la Coupe du monde en France en 2019, c’est une fracture de l’orteil qui la privera de la sélection. Dans une interview accordée à Ouest France, elle est longuement revenue sur cette période difficile : « Ma carrière internationale, ma carrière tout court, est faite d’événements spéciaux qui arrivent une fois dans une vie. J’ai été gravement blessée pendant deux ans. Ça a été un dur challenge de revenir en sélection, mais j’y suis arrivée en vue de la Coupe du monde 2019. Sauf que je me casse l’orteil juste avant en faisant tomber mon fer à repasser […] Je sais ce que c’est d’être éloignée de l’équipe de France pendant deux ans, d’être frustrée, d’être au plus bas, d’avoir des problèmes physiques. »
Mais pas de pépins physiques pour 2023 et une préparation modèle, comme l’a souligné Hervé Renard, interrogé à son propos avant la Coupe du monde : « C’est celle qui parcourt le plus de kilomètres à chaque entraînement et en match. » Très en vue déjà lors des matchs de préparation, Dali a rappelé qu’on ne lui parlait pas d’âge : « Je me sens super bien, Hervé (Renard) est étonné parce qu’il me disait que j’avais passé la trentaine. Je joue dans un championnat très intense physiquement on me demande beaucoup à Aston Villa, cela m’a permis de passer un cap. J’arrive en pleine forme, je me suis conditionnée pour ça. » Un zénith tardif, mais qui arrive à point nommé pour emmener l’équipe de France vers les sommets.
Par Léna Bernard