- Amical
- France-Luxembourg (3-0)
Kanté : non, il n’a pas changé
Deux ans quasiment jour pour jour après sa dernière apparition en sélection, N’Golo Kanté a fêté son retour sous le maillot bleu en livrant une prestation très solide. Ce n’était que le Luxembourg, cela demande confirmation, mais le milieu de terrain de 33 ans a rappelé tout le bien qu’il pouvait faire à l’équipe de France.
Le public du stade Saint-Symphorien n’avait pas oublié les paroles du tube de l’été 2018. « Il est petit, il est gentil… », le fameux chant à la gloire de N’Golo Kanté, a retenti dans les tribunes messines plusieurs minutes après la sortie du milieu de terrain, ce mercredi soir, lors du succès de l’équipe de France contre le Luxembourg (3-0). Un tout petit peu plus de deux ans après sa dernière apparition sous la tunique tricolore (733 jours pour être précis), le 3 juin 2022 contre le Danemark, le joueur de 33 ans a fêté sa 54e sélection avec une place de titulaire pour le premier match de préparation à l’Euro. C’est comme s’il n’était jamais parti, comme s’il nous avait manqué, aussi, car on s’est surpris à sourire en ayant des flashs du Kanté de la belle époque, celle qu’on n’a jamais eu envie d’oublier.
N’Golo a fait du Kanté
Il n’est pas question de s’enflammer après une partie pour du beurre : ce n’était que le Luxembourg, 87e au classement FIFA, ce n’était qu’un match pour se mettre en jambes, ce n’était qu’une soixantaine de minutes, mais c’est déjà beaucoup pour un joueur que personne n’imaginait dans la liste de Didier Deschamps il y a encore un mois. Kanté a bouclé une première période remarquable, sans lever le pied après la pause. Dans ses standards. Les chiffres parlent pour lui : 63 ballons touchés, 96% de passes réussies, 100% de duels gagnés (4/4), quatre récupérations, trois pertes de balle seulement, et même deux passes clés. « Je ne sais pas s’il y en a qui sont surpris, a souri le sélectionneur au micro de TF1. Je peux vous assurer qu’à chaque entraînement depuis le début du stage, ils préfèrent l’avoir dans leur équipe plutôt que face à eux. Il est là, il est rayonnant. Il donne une impulsion. »
Le milieu d’Al-Ittihad, en Arabie saoudite, est devenu le deuxième joueur à porter le maillot bleu en évoluant dans un club qui n’est pas européen après André-Pierre Gignac. Personne n’en fera un problème : Kanté, 44 matchs dans les jambes cette saison dans des conditions climatiques particulières, en a toujours sous la semelle et dans le bide. Face au bloc bas luxembourgeois, il n’a pas triché, il a couru, il a gratté des ballons, comme devant Gerson Rodríguez à l’heure de jeu, il a ratissé, fait parler son sens de l’anticipation, bref il a fait du Kanté. « Il est capable de jouer à deux postes en même temps, s’émerveillait Jonathan Clauss le week-end dernier. Je pense qu’ils sont deux, un qui court, l’autre qui joue au foot. C’est très impressionnant. » Il s’est même projeté, parfois, tentant par exemple d’accélérer le jeu et de mettre du rythme en se retrouvant à l’origine d’un mouvement offensif sur le côté droit peu de temps après le retour des vestiaires.
Rendez-vous le 17 juin
Une soixantaine de minutes bien remplies, et une ovation méritée à sa sortie, à la 63e minute, quand il a laissé sa place au petit jeune Warren Zaïre-Emery, en ne cachant pas sa satisfaction d’avoir retrouvé la sensation de jouer pour son pays. Il est trop tôt pour dire que le pari de Deschamps est réussi, mais pouvoir compter sur Kanté en pleine possession de ses moyens offre des perspectives excitantes à cette équipe de France, que l’ancien compère de Paul Pogba avait peur de ne jamais revoir. Il a été rappelé pour sa fiabilité sur le terrain, peut-être aussi parce que DD avait besoin de leaders dans un groupe qui en manque depuis les départs de Hugo Lloris, de Raphaël Varane et d’autres. Son coach et ses coéquipiers le disent plus ouvert, moins silencieux, et donc épanoui dans cette « camaraderie française » qu’il a aimé retrouver.
Antoine Griezmann le connaît par cœur, il a pourtant été surpris de son retour, comme tout le monde. « On est très heureux de le revoir avec nous, disait-il récemment. Il va voler des ballons, courir un peu partout, ratisser et nous faire gagner. Il va nous être d’une grande aide. » L’ancien joueur de Chelsea est comme ça, il rassure ses partenaires sur le terrain, et c’est aussi ce qu’attend Deschamps dans un entrejeu où son équipe de France manque de repères et de certitudes. La présence de Kanté agit comme une ceinture de sécurité, une garantie de protection, même en cas de secousses. Elle doit également libérer les autres : permettre à Griezmann de s’éclater, à son autre copain du milieu (Aurélien Tchouaméni ? Adrien Rabiot ? Eduardo Camavinga ? Youssouf Fofana ?) de se projeter, et à la défense d’être plus sereine quand l’équipe n’a pas le ballon. Ce n’était qu’un premier test, il faudra voir la suite, dans les matchs qui comptent, dans les affrontements contre les « gros » qui proposeront une autre adversité. Ce sera peut-être dès le 17 juin, à Düsseldorf, contre l’Autriche.
Par Clément Gavard